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- Serie A
- 31è journée
Juve au balcon, Milan au tison
Week-end de Pâques oblige, la 31ème journée de Serie A se joue intégralement samedi. Le Milan AC, qui rumine encore après son élimination en Ligue des Champions, reçoit une Fiorentina au bord du gouffre, tandis que la Juve se déplace à Palerme.
Le Camp Nou est derrière. Milan doit oublier. Oublier ce quart de finale retour, oublier ce pénalty provoqué par Alessandro Nesta, oublier monsieur Kuipers. Evidemment, l’élimination brûle encore. Les Milanais sont bien conscients que les Blaugrana ont été plus forts et ont mérité leur qualification. Mais ils auraient aimé que cela se passe d’une autre manière. D’ailleurs, c’est un peu le sentiment général du côté de Milanello, depuis le retour de Catalogne. Un sentiment assez bien résumé par Massimiliano Allegri, le coach des rossoneri. « Le premier penalty est de notre faute, le second est une erreur de l’arbitre. C’était presque une aide au Barça. Nous nous sommes compliqués la vie à l’aller et nous avons été nerveux au retour. Au final, le meilleur l’a remporté. L’équipe a évolué et a fait un grand pas en avant. Je suis certain que nous serons plus compétitifs l’année prochaine » a-t-il affirmé. Fin de la parenthèse. Retour au championnat. Milan repart du match nul concédé la semaine dernière à Catane (1-1). Un nul qui a permis à la Juve, vainqueur du Napoli (3-0), de se rapprocher du leader milanais. Deux points séparent désormais les deux équipes, à huit journées de la fin. Autant dire que tout est jouable. Et cette journée sous le signe des Colombes de Pâques réserve de drôles de matches aux deux leaders. Le Milan reçoit la Fiorentina, la Juve va à Palerme. Enjeux.
Alexandre Pataud
La réception de la Fiorentina, demain, à 15h, ne doit pas être sous-estimée. L’équipe florentine est littéralement au bord du précipice, un précipice dans lequel elle pourrait chuter à tout moment si Lecce, premier rélégable, venait à gagner. La situation de la formation viola est effectivement désespérée et désespérante : elle n’a pris que deux points lors des cinq dernières journées, et se retrouve désormais aux portes de la zone de relégation. Cinq points, seulement, séparent les Florentins de cette zone rouge, et les tifosi n’en peuvent plus. Cette semaine, ils ont même déserté une confrontation prévue avec le coach, Delo Rossi, laissant juste un message éloquent : « La Curva Fiesole ne juge pas utile d’ajouter d’autres paroles à toutes celles déjà exprimées. Vous aurez l’occasion de prouver votre implication non pas avec des mots, mais avec des faits lors des huit dernières finales » ont-ils écrit. Voilà un peu l’ambiance. Preuves tangibles que la Fiorentina n’a plus vraiment le choix.
Après la rouste reçue à domicile contre la Juventus (0-5) et la défaite surprise, toujours au stadio Artemio Franchi, contre le Chievo (1-2), il faut des points. Même un point. Mais ne plus repartir avec ce zéro pointé qui mine le moral des joueurs. Or, repartir avec un point de San Siro, ce n’est pas donné à tout le monde. Le dernier à en avoir grappillé sur la pelouse du Milan AC, c’est la Juventus, le 25 février. Et les circonstances (nul à Catane et élimination face au Barça) font que les champions d’Italie, eux non plus, n’ont plus vraiment le droit de ralentir. Pourtant, les organismes sont fatigués, et les forces en présences sont comptées. La 238ème blessure de Pato fait jazzer, mais est rendue moins amère par le retour d’Antonio Cassano. Le joueur, qui avait fait un AVC en octobre dernier, pourrait même faire son retour dès demain, contre la Fiorentina. Allegri a besoin de lui, et de tous ses hommes : de ceux de toujours (Nesta, Ambrosini, Abbiati) à ses derniers renforts (El Shaarawy, Maxi Lopez). En passant par Zlatan, évidemment.
La Juve Poulidor
Les rossoneri sont dans un viseur. Celui de la Juve. Le moment de doute des bianconeri est oublié, et les joueurs d’Antonio Conte carburent désormais à plein régime. D’ailleurs, le technicien l’affirme : « Le Milan AC devra se saigner pour décrocher le Scudetto » . 5-0 contre la Fiorentina, 2-0 face à l’Inter, 3-0 contre le Napoli : voilà la carte de visite de la Juve avant d’aller défier Palerme. Un match piège, toutefois. A domicile, Palerme est un sacré client, et les deux dernières visites de la Vieille Dame de ce côté là de la Sicile le confirment : 2-1 l’an dernier (Miccoli, Migliaccio), 2-0 la saison précédente (Cavani, Simplicio). Au match aller, toutefois, la Juve avait mis tout le monde d’accord : un succès 3-0 au Juventus Stadium, qui n‘avait laissé aucun doute quant à la différence de niveau entre les deux équipes. Coïncidence (ou pas) du calendrier : la rencontre entre Palerme et la Juventus se disputera à 18h30, soit une heure et demie après la fin du match du Milan AC.
Les Turinois connaîtront donc le résultat de leurs adversaires. D’où une double motivation : si Milan s’est imposé, la Juve aura les crocs pour gagner et rester à deux longueurs. Si Milan a été tenu en échec ou battu, la Juve aura les mêmes crocs pour gagner et revenir à hauteur de la capolista. Ou même passer devant. De fait, en étant derrière, la Vieille Dame redevenue jeune n’a pas grand chose à perdre. Elle joue le rôle de « l’inseguitrice » , la poursuivante, celle qui attend toujours que l’autre, devant, se casse la gueule. Milan a trébuché la semaine dernière, hop, la Juve en a profité. Et elle ne se gênera pas pour en faire de même lors des prochaines sorties, même si son calendrier lui réserve encore quelques confrontations périlleuses. Après le déplacement à Palerme, la Juve recevra la Lazio et la Roma, pendant que Milan jouera face au Chievo et à Bologne. Pas vraiment le même danger. En revanche, demain, le danger existe. Pour l’un, et pour l’autre. D’où l’intérêt. D’où les risques. D’où les gains potentiels. En somme, tous les artifices d’une Pâques réussie. Même sans bouffer la Colombe.
Eric Maggiori