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Just be Kos

Par Maxime Brigand
Just be Kos

En Angleterre, pour beaucoup, il est simplement le meilleur à son poste. Et il y a la France, son pays, qui ne l'a pas vu progresser et qui continue de s'amuser à le critiquer. Cet été, Laurent Koscielny est donc venu à l'Euro pour prouver définitivement sa valeur. Prouver, comme toujours, depuis le départ.

Aujourd’hui, il ne bouge pas. Tous les week-ends, le même rituel. L’homme est enfoncé dans son canapé, les lèvres trempées au bord de son café noir. Depuis le temps, rien n’a changé. Il est resté dans sa zone pavillonnaire, à Brive, et a gardé ses yeux de fin observateur. « Vous pouvez demander à ma femme, quand je le vois à la télévision, j’ai des frissons. Je ne peux pas accepter les critiques contre lui, c’est comme ça. Laurent, on le gère à l’affectif, on ne le gère pas comme les autres. » Dans sa tête, il se repasse les images. Celles du 2 février dernier notamment, où devant les 60 000 personnes de l’Emirates Stadium de Londres, ce « lui » était sorti en tête de cortège. Au départ, ce n’est qu’un bout de tissu, mais lui en parle comme « d’un honneur » . Il évoque les légendes qui l’ont précédé dans ce rôle : Tony Adams, Patrick Vieira, Thierry Henry. C’est l’odeur de l’histoire de l’Arsenal Football Club. Sur le terrain, le spectacle ne sera pas au rendez-vous, un nul sans couleur face à Souhampton (0-0), mais finalement, peu importe. Car ce jour-là, Laurent Koscielny est pour la première fois de sa carrière capitaine des Gunners. Sur les écrans du Royaume, les louanges pleuvent, et Rio Ferdinand évoque le « meilleur défenseur du championnat, de ceux contre qui vous ne voulez pas jouer » . Koscielny : « Ils savent tout le travail fourni pour en arriver là, la difficulté du poste et de ce championnat. Mais je ne veux pas m’arrêter là. Je veux être encore meilleur. » Alors à 900 kilomètres de là, Jacky Rantian se lève de son canapé et balance l’histoire : « Allez venez, je vais vous montrer. »

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La rapiette et la trace

Qu’on se le dise, Laurent Koscielny est une fracture dans le paysage du football français. Il fait partie d’une classe à part, celle que la France n’a pas vu grandir et surtout progresser depuis son départ en Angleterre en juillet 2010. Six longues années au cours desquelles Koscielny, le gamin de Tulle, le fils de Bernard, le petit-fils d’un mineur de fond du Nord de la France, est passé du statut de fautif récurrent à maître incontesté de son poste. Comprendre le destin de l’ancien Lorientais, c’est accepter de prendre la route. Du côté de Tulle donc, d’abord, où le gamin a sorti sa tête il y a maintenant trente ans. Sa trace est partout : autour du stade de Pounot où son visage entoure la pelouse, dans le club-house et même dans la bouche des gamins du club. Le président du Tulle FC, Robert Novais, se souvient notamment d’un tournoi U15 organisé à la plaine des jeux de la Cible où les gosses regardaient Laurent et demandaient si c’était le vrai. Ce jour-là, il avait même fait une séance de tirs au but contre François Hollande. « Oui, le président avait gagné » , se marre Novais. Gamin, pourtant, Laurent Koscielny n’était que « la rapiette » , un surnom donné par ses potes de l’époque, dont Mathieu Fanthou qui raconte : « Il avait un an de moins, mais son truc à lui, c’étaient les vannes. Il avait déjà un bon niveau, mais c’était avant tout un gros compétiteur. Il voulait gagner tous les jeux. Le foot était sa motivation parce qu’à l’école, ce n’était pas un crack. Un jour, lors d’un déplacement au Palais-sur-Vienne, il avait baissé la vitre de la voiture en arrivant dans la ville pour hurler « Allez Tulle ». Il avait commencé sur le banc.(rires) »

Le cocktail et le Scrabble

Le jeu, la gagne, Koscielny est toujours resté le même. Aujourd’hui, chez les Bleus, cela se traduit par une obsession pour le Scrabble, comme l’explique Bernard Koscielny : « Il est toujours dessus, sur son portable, en famille, c’est un dingue des jeux de réflexion. » Au point de pousser sa haine de la défaite à l’excès par moments, comme sur cette gifle donnée lors de l’historique barrage aller à la Coupe du monde 2014 contre l’Ukraine à Oleksandr Kucher. En chiffres, il y a aussi sa trentaine de jaunes ramassés, ses quatre rouges et ses penaltys concédés. La faucheuse qui tranche avec son image lisse cultivée dans la vie de tous les jours. Koscielny : « Certains parlent et essaient de me coller cette étiquette de joueur agressif, mais c’est une fausse réputation. Ils préfèrent avoir cette image de moi. Ça doit aussi les arranger. Je fais abstraction de tout ça, d’autant que je n’ai jamais blessé gravement un joueur. » Le temps a fait son boulot, et Koscielny n’a pas tort. Car le défenseur central a surtout fait évoluer son jeu. « Son langage à lui, c’est les interventions. Puis, il a su y ajouter une qualité de relance hors pair. Déjà à l’époque, il avait une qualité tactique affirmée. Il trace sa voie avec son comportement et sa joie de vivre. En vitesse de pointe, sur les premiers mètres, ce n’était pas le plus rapide, mais sur les longues distances… C’est un gros cocktail : concentration, détermination, intelligence et sérénité. Avec la recherche du geste juste, toujours » , décrypte Sylvain Ripoll, aujourd’hui entraîneur à Lorient et adjoint lors de l’époque Gourcuff.

« Je n’ai pas vu beaucoup de joueurs avec lesquels j’ai eu l’impression que rien ne pouvait m’arriver »

Au début était justement Jacky Rantian, l’homme du canapé à Brive. Après Tulle, le passage logique est Brive. Jeune, Koscielny est alors « une petite bombe » et un surclassé. Rantian est un ami intime de Bernard Koscielny. « Je ne l’ai pas forcé, mais face à moi, j’ai trouvé un gamin exceptionnel. C’était l’un des seuls première année de l’équipe, mais il n’a jamais raté un entraînement. On jouait en 3­-5-­2 et lui était soit latéral droit, soit milieu défensif. C’était ce qu’on appelle un joueur de devoir. Sur le terrain, c’était une machine » , pose son ancien coach qui se rappelle notamment d’un 11 novembre 2011 où Brive s’était incliné contre les Girondins de Bordeaux (1-2) d’un certain Mathieu Valbuena. Jacky Rantian parle de Koscielny comme d’un « homme de devoir, un chien » . Un clébard sportif qui explosera ensuite à Limoges, lors d’un match de Gambardella contre l’OL, avant l’échec à Guingamp, soldé par un chèque avec Noël Le Graët et l’explosion à Tours avec Daniel Sanchez. L’homme qui replaça le Kos dans l’axe pour la suite que l’on connaît. Sánchez : « C’était un leader naturel. L’axe, c’était logique. Je n’ai pas vu beaucoup de joueurs avec lesquels j’ai eu l’impression que rien ne pouvait m’arriver quand ils étaient sur le terrain. Il en faisait partie. » C’est aujourd’hui l’impression qui domine, celle d’une force tranquille, d’un homme simple, sans écart, qui a explosé à l’ombre pour coller à la lumière. Cet Euro 2016 est définitivement le sien. Au bout de la route.

« Il faut tuer d’entrée l’engouement irlandais »
Dans cet article :
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Par Maxime Brigand

Tous propos recueillis par MB sauf ceux de Laurent Koscielny tirés de France Football.

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