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Jürgen Klopp est-il toujours l’homme de la situation à Liverpool ?
Avec treize points de retard sur la quatrième place, le risque d'une non-qualification pour la Ligue des champions se fait de plus en plus grand pour Liverpool. Si l'avenir de Jürgen Klopp sur le banc des Reds n'est pas remis en cause, des interrogations émergent sur sa capacité à relancer un vaisseau qu'il pilote depuis plus de sept ans.
« I’m still standing, yeah, yeah, yeah. » Le vent souffle fort dans le Merseyside, mais Jürgen Klopp tient bon dans son jogging et sa longue parka noire frappée du Liverbird. Malgré un tableau loin des attentes, où la triste huitième place occupée en Premier League ne parvient guère à relever les désillusions subies très tôt en Ligue des champions et dans les coupes nationales. Les supporters de City l’ont allègrement chambré, en chantant pour lui « Tu seras viré demain matin ! » le week-end dernier après le quatrième but mancunien à l’Etihad. Pourtant, en conférence de presse, le Normal One souriait encore d’être « le dernier homme debout » dans un championnat qui a déjà essoré douze managers cette saison. Là où le commun des mortels n’est jamais à l’abri, Klopp garde, lui, un immense crédit.
Je suis une légende
En poste depuis plus de sept ans, l’Allemand est le manager à la plus grande longévité en Premier League aujourd’hui. Il pèse même 423 rencontres sur le banc des Reds, ce qui en fait le quatrième coach de l’histoire du club au nombre de matchs dirigés derrière Bill Shankly (783), Tom Watson (742) et Bob Paisley (535). Tout ça avec une moyenne de 59,8% de matchs gagnés, un souffle derrière les 60,9% de succès de Sir Kenny Dalglish. Klopp est l’homme qui a hérité d’une équipe où Nathaniel Clyne, Kolo Touré et Adam Lallana étaient titulaires, et qui a mené le club à une Premier League, quatre finales européennes et un sacre en Ligue des champions, une Supercoupe de l’UEFA, un Mondial des clubs, une FA Cup, une League Cup ainsi qu’un Community Shield. L’homme pour qui Steven Gerrard réclamait une statue, en 2020.
Jürgen Klopp joined Liverpool seven years ago today ❤️
🏆 1 x European Cup 🏆 1 x Premier League 🏆 1 x FA Cup 🏆 1 x League Cup 🏆 1 x World Club Cup 🏆 1 x Super Cup 🏆 1 x Community Shield
We conquered Europe. We conquered the world. We won the league. We completed the set. pic.twitter.com/Le1AQmgDoU
— The Anfield Wrap (@TheAnfieldWrap) October 8, 2022
« Il faut rendre à César ce qui appartient à César, confie Grégory Vignal, qui a disputé une vingtaine de matchs avec les Reds entre 2001 et 2003. Il a tout gagné, ils étaient injouables sur les dernières saisons. On en parlait entre anciens lors du match caritatif à Anfield, fin mars. Tout le monde croit en lui, il n’y a aucun souci. Avec tout ce qu’il a fait pour le club, il a largement la crédibilité pour passer outre une saison faite de hauts et de bas. » Klopp lui-même s’est montré lucide, face à la presse : « Je suis conscient que si je suis assis ici, c’est en raison du passé et pas de ce que nous avons fait cette saison. Je sais que je suis là pour ce qu’il s’est passé ces dernières années. » Et même une non-qualification en Ligue des champions, après six participations consécutives, ne devrait pas pousser FSG à appuyer sur le bouton rouge. C’est dire l’aura du Normal One, devenu demi-dieu sur les rives de la Mersey.
« Une Ferrari qui a un grain de sable dans le moteur »
Passé tout proche d’un quadruplé au printemps dernier, Liverpool s’est montré dramatiquement irrégulier depuis. Les performances réalisées contre Manchester City (1-0), Naples (2-0) ou Manchester United (7-0) sont loin d’avoir compensé les claques distribuées par Naples (4-1), City (4-1), Brighton (3-0), Brentford (3-1) ou Wolverhampton (3-0). Les blessures n’ont pas aidé, puisque Naby Keita, Ibrahima Konaté, Thiago Alcantara, Luis Díaz, Diogo Jota et Roberto Firmino ont tous manqué au minimum deux mois de compétition. Voué à un rôle prépondérant avec le départ de Sadio Mané, le Colombien n’a plus joué depuis le 9 octobre à cause de son genou. Des circonstances atténuantes, qui ne sauraient toutefois effacer les erreurs tactiques de Klopp, dont le discours passe peut-être aussi moins bien. « C’est un grand manager, bien sûr. Mais ce soir encore, Liverpool essaie de jouer comme le Liverpool d’il y a trois ans et ils ont obtenu un 0-0, pointait Jamie Carragher sur Sky Sports, après le nul contre Chelsea. Le plus embêtant, c’est la facilité avec laquelle l’adversaire se procure des occasions. Tout au long de la saison, Liverpool a été vulnérable parce qu’ils essaient toujours de jouer de la même manière avec des joueurs qui ne peuvent pas le faire en ce moment parce qu’ils le font depuis quatre ou cinq ans. » Dans la tempête, le principal intéressé garde le cap et fait le dos rond, comme en 2020-2021.
📺 Jurgen Klopp on re-building the squad:
"Whatever we do this summer won't be enough for some people. With smart recruitment, we will improve, definitely. I am not a worse manager from last year, the players are not worse, we just have to make smart changes next year." 🔴 pic.twitter.com/n8NyTjwzqN
— Anfield Watch (@AnfieldWatch) April 7, 2023
Une saison mouvementée, déjà, après laquelle il avait réussi à rebondir de manière spectaculaire. « Si les gens croient en moi, alors nous pouvons traverser cette épreuve ensemble, argumentait-il devant les médias en février. Je suis là, engagé à 100% et j’ai suffisamment d’expérience pour savoir que nous pouvons surmonter cette épreuve. » Sa responsabilité est d’ailleurs moins souvent engagée que celle de ses propriétaires, en témoigne encore la banderole « FSG out, Klopp in » qui a survolé Anfield le 5 mars. Critiqués pour avoir des oursins dans les poches, les propriétaires du club devraient justement se montrer plus souples pour permettre au boss de redresser la barre. Selon The Athletic, ils « ont l’intention de soutenir Klopp avec des fonds importants cet été ». Il le faudra pour se renforcer au milieu de terrain, où les noms de Jude Bellingham ou Mason Mount reviennent avec insistance, et en défense. « Tu changes une pièce du moteur, tu changes un peu l’habillage de la bagnole et voilà, image Grégory Vignal. C’est comme une Ferrari qui a un grain de sable dans le moteur : parfois, il suffit de modifier un petit truc pour que ça reparte. Je pense que Klopp se pose beaucoup de questions. Tu es obligé de te remettre en cause, de réfléchir sur ta vision, ton style de jeu, tes pièces maîtresses… Ça peut être un axe de réflexion hyper intéressant pour le club, tout en conservant Klopp comme manager. » Tant que l’Allemand garde la flamme, personne ne devrait en tout cas venir éteindre son flambeau.
Par Quentin Ballue
Propos de GV recueillis par QB.