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Les play-off, une histoire belge en quatre questions
En Belgique, les play-off de la Jupiler Pro League débutent ce week-end. La formule a offert plus d’un scénario épique ces dernières années, mais absolument personne n'y comprend rien en dehors du Plat Pays. Petit guide pour comprendre le fonctionnement et les enjeux de ce minichampionnat.
→ Comment fonctionnent exactement les play-off en Belgique ?
Au terme des 30 journées disputées sous un format classique de matchs allers-retours, les seize équipes de Pro League sont réparties en trois groupes bien distincts. Les six premiers du classement s’affrontent en Champions’ Play-offs, un minichampionnat en dix journées pour se disputer le titre et les places européennes. Les clubs classés de la septième à la treizième place se retrouvent quant à eux dans les Europe Play-offs, la meilleure équipe de ce sub-top pouvant encore arracher un ticket pour les barrages de la Ligue Europa Conférence lors d’un duel contre le quatrième des Champions’ Play-offs. Précision importante : les points de la phase classique sont divisés par deux au début de ces play-off, pour favoriser le suspense et les matchs à enjeux. Cela n’est toutefois pas le cas pour les Relegation Play-offs entre les quatre moins bonnes équipes, qui se battront pour éviter les deux places de relégation et celle de barragiste.
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→ Un tel format a-t-il une réelle logique sportive ?
Sur le papier, cette formule à l’américaine a de quoi interroger, et a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs modifications au cours des années. Il peut en effet sembler contre-intuitif qu’une équipe ayant terminé dans le ventre mou de la phase classique puisse jouer l’Europe à la place du cinquième des Champions’ Play-offs. De plus, les matchs de la saison régulière semblent tout d’un coup perdre en importance avec la division des points. Mais au fil du temps, la formule a fini par convaincre une bonne partie du public, comme des clubs.
« Aujourd’hui, la lutte pour accrocher la sixième place n’a jamais été aussi intéressante, motivant plusieurs équipes du milieu de tableau à investir pour viser cette position, explique Guillaume Gautier, journaliste sportif pour Le Vif en Belgique. On a rarement eu des matchs aussi stressants que depuis l’instauration des play-off. Le dénouement de la saison passée, avec trois équipes virtuellement championnes dans les dix dernières minutes (l’Union saint-gilloise, Genk, puis finalement l’Antwerp sur le gong, NDLR), c’est presque du jamais-vu. »
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→ Pourquoi l’avoir instauré en 2009 ?
À la fin des années 2000, les clubs belges sont à la ramasse totale sur la scène européenne, atteignant au mieux les huitièmes de finale de Coupe UEFA. S’il est évident que la Pro League ne pourra plus jamais rivaliser avec les meilleures ligues d’Europe, il s’agit tout de même de se replacer dans la hiérarchie du Vieux Continent. « La Belgique se rend compte en 2009 qu’elle est en train de perdre pied en matière de compétitivité européenne, détaille Guillaume Gautier. Ils ont donc réagi en créant ce système de play-off, qui était une petite révolution à ce moment-là. D’un point de vue sportif, les meilleures équipes s’affrontent plus souvent en fin de saison, habituant les joueurs à multiplier les matchs avec davantage d’enjeux et de pression, comme en Europe. Certains clubs, comme l’Union saint-gilloise cette année, ont grandi à force de se casser les dents en play-off. »
D’un point de vue économique, un format favorisant autant les grosses affiches et le spectacle rend aussi le championnat plus alléchant auprès des diffuseurs. Les revenus annuels des droits TV de la Pro League ont d’ailleurs connu une des meilleures progressions européennes ces dernières années, s’élevant aujourd’hui à 100 millions d’euros par an, contre 45 millions entre 2008 et 2011.
→ Constate-t-on de réels progrès chez les clubs ?
Quatorzième championnat européen en 2009, la Pro League est aujourd’hui huitième au coefficient UEFA, s’affirmant de plus en plus comme une plateforme intermédiaire pour lancer les jeunes pousses vers le Big Five. Au cours de la décennie précédente, l’Union saint-gilloise, Anderlecht ou Genk ont atteint les quarts de finale de la Ligue Europa, tandis que La Gantoise et le Club Bruges ont même réussi à passer le premier tour de la Ligue des champions. Des performances modestes, mais encourageantes pour le Plat Pays.
« Dans l’évolution globale du football belge, les play-off ont été un critère important parmi d’autres, conclut Guillaume Gautier. Il y a eu une amélioration indéniable du niveau des équipes. » Ne suscitant de toute façon aucun intérêt à l’étranger, le championnat belge n’avait finalement pas besoin d’opter pour une formule compréhensible à l’étranger pour se développer, sortir quelques pépites et offrir des scénarios de folie.
Par François Linden