- France
- Montpellier
Junior Sambia : « Je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver de plus grave que le Covid »
Atteint par le Covid-19, admis aux urgences et plongé dans le coma, Junior Sambia s'en est sorti. Désormais rétabli, le milieu montpelliérain de 23 ans est de retour à l'entraînement.
À la suite de ta maladie, tu as reçu beaucoup de témoignages de soutien. Je connais les gens qui m’entourent, mais c’est vrai que ça m’a touché. Il y a eu énormément de monde, dont des personnes que je ne connaissais pas. On voit qu’on est apprécié et ça fait toujours plaisir. Cette épreuve m’a fait réaliser des choses. On se rend compte que la santé, c’est vraiment le plus important. On profite de la vie tout en restant humble, car du jour au lendemain, les choses peuvent changer. Tu prends conscience de beaucoup de choses en ce qui concerne tes choix de vie. Parfois, tu te prends la tête pour rien, alors qu’il y a bien pire.
On risque de souvent te reparler de cette histoire, désormais… C’est derrière moi, mais ça ne me dérange pas d’en parler, sans en abuser bien sûr. Comme je suis un des rares joueurs qui l’a eu, je pense qu’on va toujours m’associer à ça, mais le but est d’être connu grâce au football. Bon, après, je ne vois pas trop ce qui pourrait m’arriver de plus grave. Maintenant que c’est derrière moi, je vais tout donner pour faire la meilleure carrière possible.
Beaucoup de jeunes se sentent invulnérables face au Covid. Qu’aurais-tu à leur dire ? Quand tu es jeune, tu n’es pas conscient de la gravité de la chose. Ce n’est que lorsque ça tombe sur quelqu’un que tu connais que tu te dis : « Ah ouais quand même, c’est chaud ! »
Quand tu es sorti de l’hôpital, les retrouvailles avec ta famille ont dû être émouvantes ?Oui, tout le monde était content que je sorte de l’hôpital, moi le premier. Ça faisait longtemps que j’y étais et je n’aimais pas dormir là-bas. Après que je suis sorti, ma famille a bien pris soin de moi pour que je me sente le mieux possible. On sentait que c’était un moment particulier. Il y a eu beaucoup de passages, que ce soit de cousins, d’oncles…
Pour évoquer une autre actualité importante de 2020 : que penses-tu du mouvement Black Lives Matter ? Le racisme ne devrait plus exister. Être noir, c’est être comme tout le monde, mais avec une couleur de peau différente. Ce qui s’est passé aux États-Unis est grave. Je suis entièrement d’accord avec ce mouvement : toutes les couleurs doivent se réunir. Tout le monde doit être uni, soudé et défendre la même cause. Pour que le racisme diminue, il faut continuer à manifester.
Quelle place le football doit-il avoir dans ce combat ? Je pense qu’il peut être porteur de messages importants. Ça a commencé déjà avec Black Lives Matter derrière les maillots en Premier League, les minutes de silence avant les matchs. Je pense que c’est ça qui va faire changer les choses, surtout quand on voit tous les gens soudés, que ce soit des noirs, des arabes, des blancs, et que tu vois qu’ils défendent tous la même chose. Entre joueurs, il y avait déjà beaucoup de solidarité avant, et peut-être qu’il y en aura encore plus.
Toi, tu as personnellement déjà été victime du racisme sur le terrain ? Non, franchement jamais. J’ai peut-être déjà entendu des insultes comme « négro » , mais je n’ai pas calculé. Je ne sais pas comment je réagirais si c’était le cas aujourd’hui, mais ça ne m’est jamais arrivé.
Propos recueillis par Flavien Bories