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Juninho, une deuxième histoire d’amour ?
Sauf retournement de situation, Juninho sera sous peu intronisé directeur sportif ou manager général de l'Olympique lyonnais. Un retour de la légende dix ans après son dernier match avec le maillot de l'OL. Pour une nouvelle idylle ?
Il y a dix ans, Gerland était debout pour l’ovationner à sa sortie, à un quart d’heure de la fin d’un match de Ligue 1 contre Caen. Une dernière apparition sous le maillot lyonnais, suivie d’un tour d’honneur à la mesure de son passage dans l’histoire du club : huit saisons, sept titres de champion, 344 matchs, 100 buts dont 44 sur coups francs, et un record rhodanien de 18 pions en Ligue des champions. Une autre époque, celle du Grand Lyon, de l’hégémonie sur la scène française et des réelles ambitions continentales, dont Juninho était non seulement un taulier, mais aussi le joueur le plus emblématique. Un peu comme le serpent de mer Didier Drogba à Marseille, le meneur de jeu brésilien était catalogué depuis dix ans comme celui dont on attendait le retour. Quelques années après une première approche de Jean-Michel Aulas, « Juni » va donc enfin rentrer au bercail, avec, qui plus est, une fonction clé de directeur sportif ou manager général. Sur un plan politique, c’est finement joué par le président de l’OL.
« Juninho, c’est une respiration pour l’OL » Steve Marlet
« Après la longue période de tensions autour de Bruno Genesio, la nomination de Juninho, c’est une respiration pour l’OL » , conçoit Steve Marlet, qui a croisé le Brésilien à l’intersaison 2001 et connaît les postes à responsabilité au Red Star. « Il incarne une période positive, les supporters sont totalement derrière lui, sa venue offre un répit dans la gestion du club. » Et qui dit répit peut vouloir dire également nouveau départ pour l’Olympique lyonnais. Même si, en profondeur, l’arrivée de Juninho ne devrait pas bouleverser une organisation que Paul Le Guen présentait ce jeudi dans L’Équipe comme « collégiale » .
Par son manque d’expérience dans le management, le meilleur tireur de coups de pied arrêtés de l’histoire de la Ligue 1 est une prise de risque conséquente. Mais « l’histoire personnelle qu’il a avec le club joue en sa faveur » , souligne Marlet. Et les histoires humaines avec certains de ses dirigeants également, comme Bernard Lacombe, en larmes, maillot de « Juni » à la main, le soir du fameux Lyon-Caen de 2009. Dans l’organigramme de l’OL, Juninho sera entouré de Jean-Michel Aulas et de ses deux conseillers Gérard Houllier et donc Lacombe. Qui pourraient, à leur manière, être plus mentors que N+1 ou N+2. Ce qui laisse à penser que l’arrivée/retour du Brésilien est bien moins une rupture qu’une passation de relais en douceur.
Juninho, la continuité
Au soir de la victoire à Marseille, JMA annonçait d’ailleurs sa feuille de route dans les grandes largeurs : « On va faire appel à des anciens joueurs et à des coachs qui ont, sur le plan international, vu d’autres choses que ce que l’on propose à Lyon. » En clair, continuer à injecter dans les différentes strates du club des anciens joueurs comme Florian Maurice (recrutement), Grégory Coupet (gardien) ou encore Christian Bassila et Jérémy Berthod (formation), mais en ouvrant désormais la porte à des garçons qui sont allés voir du pays. Comme Juninho donc, et peut-être Tiago, son ancien compère du milieu à trois lyonnais aujourd’hui dans le staff technique de Diego Simeone à l’Atlético de Madrid.
Préserver les valeurs profondes de l’institution, et y injecter des visions nouvelles de ce qui se fait de mieux ailleurs… Il ne faudra néanmoins pas attendre tout de suite des miracles de Juninho, qui plancherait depuis les États-Unis sur les contours de l’effectif 2019-2020. « Il faudra déjà qu’il fasse preuve de diplomatie, car être directeur sportif, c’est avant tout gérer une multitude d’ego » , avertit Marlet. Pour l’ancien attaquant lyonnais, Juninho aura forcément un peu de temps pour prouver, mais ses résultats ne devront pas porter que sur l’équipe première : « Vu l’ADN du club, il faut qu’il relance la machine à sortir des jeunes. L’avance lyonnaise a un peu fondu ces dernières années, notamment sur un concurrent comme Saint-Étienne. » Le temps dira si l’histoire d’amour vécue comme joueur pourra se réécrire avec le costume de dirigeant…
Par Nicolas Jucha
Propos de Steve Marlet recueillis par Nicolas Jucha