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Juninho : « Lyon peut éliminer le Barça »
Il y a dix ans, Juninho expédiait une merveille de coup franc dans la lucarne de Víctor Valdés et faisait chavirer Gerland dans une dimension parallèle. Dix ans plus tard, l'OL retrouve le Barça au Groupama Stadium cette fois, et le meilleur tireur de coup franc de l'histoire, assailli de demandes d'interviews, prend le temps de reparler furtivement de son coup de génie et d'évoquer les chances de l'OL face à la bande à Messi.
Il y a dix ans, en huitièmes de finale, tu ouvrais le score à Gerland d’un sublime coup franc presque contre la ligne de touche. Dans le mini-mur face à toi, il y avait Messi et Eto’o. Tu peux nous décrire un peu ce moment ? Cris disait à propos de ce coup franc qu’à l’entraînement, il était établi que tu devais viser le premier poteau. Pourquoi avoir changé ?Tout au long de ma carrière, je me suis toujours beaucoup entraîné et j’ai répété, peut-être des milliers de fois, des tirs de différentes manières. Donc, quand ça ne rentrait pas, je réfléchissais toujours à une amélioration à apporter, soit en tirant au but directement, soit en déposant le ballon entre la ligne de défense et le gardien de but. Avant ce match contre Barcelone, je n’avais pas marqué dans cette position à Lyon, mais je l’avais déjà fait avec Vasco en demi-finale du championnat brésilien contre Cruzeiro et aussi dans la coupe Mercosur contre Peñarol en Uruguay. C’est vrai que j’avais l’habitude de donner beaucoup de force et de vitesse à mon ballon, dans une zone entre le point de penalty et le premier poteau. On s’entraînait énormément à cela avec mes partenaires qui attaquaient cet espace.
À quel moment prends-tu la décision de tirer directement ? Que se passe-t-il dans ta tête ?
Je savais que je pouvais surprendre Víctor Valdés avec un tir plus risqué, au second poteau, comme je l’avais déjà fait par le passé. Heureusement, j’ai été très précis sur ce coup et j’ai réussi à faire retomber le ballon rapidement comme je l’avais imaginé… Valdés avait fait un pas en avant pour justement se préparer à un ballon au premier poteau, mais il a été surpris par une trajectoire qu’il n’avait pas imaginée. Ce qui n’enlève rien d’ailleurs au fait que cette équipe du Barça était l’une des meilleures de l’histoire du football.
Après toi, Lyon a pu compter sur Pjanić, et désormais, Depay et Fekir marquent régulièrement sur coup franc. Où situes-tu ces trois joueurs dans la hiérarchie des meilleurs tireurs de coup franc du monde actuels ?Que ce soit Pjanić, Depay ou Fekir, tous sont de très bons tireurs de coups francs. La seule petite différence, c’est que certains marquent plus que d’autres. Mais ce sont tous d’excellents spécialistes.
Malgré l’invincibilité en poules et les 4 points sur 6 pris contre Manchester City, Lyon n’est pas vraiment favori face au Barça. Pour tout dire, rares sont ceux qui voient l’OL se qualifier. Comment l’expliques-tu ?
Depuis notre époque victorieuse, Lyon n’avait jamais connu un groupe aussi talentueux et riche qu’aujourd’hui. Il y a réellement de grands joueurs dans cette équipe à l’image de Fekir, Depay, Aouar, Ndombele, Marcelo et encore beaucoup d’autres. Mais je trouve quand même que ces joueurs-là n’ont pas encore le leadership que peuvent avoir Piqué, Busquets, Alba, Rakitić, Messi et Suárez qui l’ont au quotidien. En Ligue des champions, Lyon a montré par le passé qu’il était capable d’augmenter sa capacité de concentration et de se mettre au niveau. Ils l’ont fait aussi bien contre City et contre le PSG cette saison par exemple.
Sauf que là, c’est le Barça qui se présente face à l’OL.C’est vrai, le Barça, c’est un niveau au-dessus. C’est une équipe de grand talent qui a du vécu dans cette compétition. Elle continue à être favorite même si, oui, Lyon peut éliminer le Barça cette fois-ci. Je vois plus de possibilités qu’il y a dix ans, en tout cas. Après, quand on a sur le terrain quelqu’un qui voit tout avant les autres, quelqu’un qui réussit à transformer le football en art, qui colle le ballon à ses pieds d’une manière unique, vous aurez toujours l’avantage. Oui, avoir Messi dans son équipe, c’est avoir de la magie dans le jeu.
Propos recueillis par Andrea Chazy