Vous supportez qui, les gars ?
Tom : Josh est un supporter de Chelsea et moi de QPR. Josh : Mais il n’y a pas vraiment de problème dans le groupe concernant cette rivalité parce que QPR est nul ! (rires) Enfin, il risque d’y en avoir l’année prochaine puisqu’ils remontent en Premier League.
Pourquoi ces équipes en particulier ?
Tom : Parce que j’habite dans un quartier situé juste à côté du stade de QPR. Mon père était un gros fan de Chelsea mais bon, quand on a déménagé, il s’est mis à supporter l’équipe locale : QPR. J’ai dû voir mon premier match quand j’avais trois ans et depuis, je suis tombé amoureux du jeu. Le stade, le maillot, l’idée d’un club populaire, proche des supporters, etc.Josh : Des fois, tu pars de rien et bon, tu dois quand même avoir une équipe à l’école. C’est comme ça que ça marche ! Pour moi, ça s’est passé autrement : toute ma famille est pour Chelsea donc je suis né là-dedans. Quand ton père est fan de Chelsea, tu vas pas te mettre à supporter une autre équipe, pas vrai ? À partir de là, t’as plus vraiment le choix. Surtout que très vite, tu partages de vrais moments avec ton équipe. Donc tu peux pas changer d’équipe. Tu te sens mal si tu fais ça.
Votre premier souvenir de foot ?
Tom : Tu veux que je te dise ? Ça n’a pas grand-chose à voir avec le foot ! Mon premier souvenir de foot, c’est quand j’ai mangé mon premier Mars. Quand t’es gosse, tu sais très bien qu’en allant voir le match, à la mi-temps, t’auras ta barre chocolatée. Ensuite, je me rappelle du moment où je m’asseyais dans les tribunes et de ce bruit incroyable. De cette excitation, de toutes les insultes que t’entends, des cris après les buts ou lorsque tu perds à la toute dernière minute du match. De vrais ascenseurs émotifs ! Tu partages un truc avec vingt mille personnes en même temps, ce même sentiment… Et t’as l’impression que t’as ce même but, ce même dessein pendant 90 minutes. C’est très puissant.Josh : Moi, je crois que c’est le moment où j’ai fait une visite du club de Chelsea. Tu vois les vestiaires, les terrains, John Terry jeune et là, tu te cognes à un joueur… Je crois que c’était Jon Harley.Tom : Oh mec, John Harley… (rires)
Josh : Ouais, je sais pas trop ce qu’il est devenu depuis.Tom : Sûrement en taule ! (rires)
Josh : Après, si je dois me rappeler d’un événement sportif, je dirais la victoire en finale de Coca-Cola Cup en 1997 avec Roberto Di Matteo.
Juste avant la belle période des Frenchies de Chelsea…
Tom : C’est marrant que tu parles de ça parce qu’avec mon père, on avait été voir la Coupe du monde de rugby en 1999 à Twickenham. C’était le match France-Nouvelle-Zélande en demi-finale. On est arrivés un peu à la bourre et en s’asseyant rapidement, je me rends compte que dans le rang juste devant, tous les Français de Chelsea sont en train de regarder le match ! Deschamps, Desailly… Il y avait même Petit, qui jouait à l’époque pour Arsenal. Tous les joueurs français de Londres ! Normalement, les footballeurs aiment pas trop le rugby, mais bon, quand il s’agit de supporter ton pays, tu fais ce que t’as à faire, pas vrai ?Josh : Pour revenir à Chelsea, la meilleure période, ça reste bien évidemment l’année de la victoire en Ligue des champions. Ça faisait plusieurs années qu’on galérait, on n’arrêtait pas de changer d’entraîneur et personne s’attendait à ce qu’on la gagne. Mais comme le disait Gary Neville : « C’était écrit dans les étoiles ! » Dans les étoiles, mec ! C’est qu’une question de foi. Terry, Lampard, Čech : ils la voulaient tellement… Et puis ce match contre Barcelone ? Messi rate un penalty. T’avais déjà vu Messi rater un penalty à l’époque ? Comment c’est possible ? C’était irréel. C’est pour ça que c’était aussi beau.
Tom : Si on parle du plus beau souvenir, moi, c’est moins sexy. C’est Trevor Sinclair qui met une bicyclette à l’entrée de la surface contre Barnsley. Ou Charlton, je sais plus. Mais c’est le plus beau but que j’ai jamais vu de toute ma vie. Tout le stade s’est dit : « Putain, qu’est-ce qu’il vient de faire, là ? »
Pendant qu’on parle de QPR, qu’est-ce qu’il s’est passé récemment ?
Tom : Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? On est descendus au milieu des années 2000 et on n’avait pas le niveau pour remonter. D’ailleurs, ça fait bien chier : la première année où ils sont descendus, c’était celle où j’avais décidé de prendre mon premier abonnement à l’année. Après, il y a eu cette période complètement folle avec Gianni Paladini à la présidence et Bernie Ecclestone puis Flavio Briatore. En tant que fan, tu te dis : « Whoa, ça veut dire quoi cette histoire ? » Les mecs avaient même changé l’écusson du club. D’ailleurs, Tony Fernandes a fait quelque chose de bien en décidant de revenir à l’ancien écusson. C’est un super proprio, il a les idées claires. Mais bon, pendant cette période de dingue, on était remontés en Premier League. C’était terrible, de voir tous ces gros matchs couperets. Mark Hughes avait pas forcément pris les bonnes décisions en matière de recrutement et il s’en était sorti de peu parce que le club s’était sauvé au dernier moment la première année. Après, il s’est barré et a laissé Harry Redknapp sans rien. Une équipe sans passion, sans envie. Heureusement, Joey Barton est revenu de Marseille et ça faisait du bien de le voir remettre l’équipe dans le sens de la marche. Charlie Austin est un super attaquant, aussi. On est sur de bons rails à nouveau, je crois.
Josh : (chambreur) Par contre, je me permets de couper, mais il me semble que Chelsea a battu le PSG cette année, non ?
Tout à fait.
Josh : Rha, j’aurais tellement aimé être présent ce soir-là sur Paris. On a fait un concert à Paris, mais c’était bien après le soir du match. Si on avait eu ce concert le soir du match, j’aurais demandé au public de gueuler : « Paris est magique ! » Et j’aurais répondu : « Chelsea est meilleur ! » T’imagines ? (rires)
Tom : Ouais et on se serait fait lyncher dans la rue ensuite ! (rires) J’ai quand même trouvé l’équipe du PSG intéressante cette année. Bon, je sais pas si des mecs comme Zlatan vont rester longtemps du côté de Paris parce qu’il faut quand même payer les salaires. Et il n’y a que Manchester City qui est capable de payer des montants aussi exorbitants, non ? Mais mon gros coup de cœur de l’année, ça reste Liverpool.
Les beautiful losers de Liverpool…
Tom : Ouais, mais c’est comme Arsenal ! On se demandait s’ils allaient finir par gagner cette FA Cup. Et s’ils ne la gagnaient pas, ça confortait cette image poétique du football qu’on retrouve avec Liverpool, aussi. Les mecs qui se prennent un ultime coup de latte dans les dents, juste à la fin. Mais bon, pour Arsenal, je crois surtout que la patience des supporters avait des limites et qu’il fallait mettre un terme à cette lose. C’est ce qu’ils ont fait d’ailleurs en recrutant Mesut Özil.
Vous avez pensé quoi du parcours de l’Angleterre en Coupe du monde ?
Tom : Je crois que Roy Hodgson a été très courageux d’emmener une équipe très jeune au Brésil, avec un gros potentiel offensif : Sturridge, Sterling, Barkley. Et surtout de se passer d’Ashley Cole. Même si Josh ne sera pas du même avis, forcément. (rires) Mais il ne faut jamais rien espérer de l’équipe d’Angleterre, tu sais. Surtout maintenant, alors qu’ils sont en train de reconstruire. C’était juste bien de permettre aux jeunes de se frotter à cette expérience. Barkley, ce sera le nouveau match winner, c’est sûr ! Il joue sans peur.
Votre meilleure anecdote de football ?
Tous les deux : L’histoire de Fabrice Muamba.Tom : C’est une magnifique histoire de vie.Josh : Ce genre de trucs, ça arrive souvent, c’est vrai. Mais quand ça arrive dans le football, ça réunit tout le monde. Normalement, tu joues ou tu regardes du football parce que ça te permet de t’évader, mais quand un tel événement se produit sur un terrain, tout le monde a les yeux rivés dessus. C’est comme un live event. C’est aussi en ça que la musique et le football se rapprochent. Ils unissent les gens. Et cette histoire de Fabrice Muamba a uni le monde du football.
Tom : C’était beau et puissant, ouais. Et maintenant, il peut toujours respirer, parler, avoir une vie normale. C’est magnifique.
Venant de la part de supporters de Chelsea et de QPR, mentionner un ancien joueur de Tottenham tout de go, c’est pas rien.
Josh : On aurait pu te raconter nos anecdotes personnelles de clubs, ce genre de trucs, mais ça aurait été trop égoïste. Muamba, c’est le truc qui nous est venu naturellement. Tu nous as demandé le truc le plus génial qu’on ait vu, lu ou entendu ? Ben c’est ça. Bien entendu, j’aurais pu te mentionner le but de Michael Owen à la Coupe du monde 1998. C’était un très grand moment. Le but de Ramires contre Barcelone aussi. Mais c’est moins important que Fabrice Muamba, pas vrai ?
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