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Julio Bascuñán, arbitre de la discorde
Il officiera durant le primordial Brésil-Argentine de ce jeudi soir et sa présence sur le terrain est déjà contestée. Parce que ses décisions passées penchent globalement plus en faveur de la Seleção que de l'Albiceleste.
On joue la 66e minute, et l’Équatorien Miler Bolaños est envoyé à la mort par Jefferson Montero. Un ballon un poil trop long que le gaucher arrive tout juste (ou pas, et c’est justement ça le problème) à centrer. Le gardien brésilien, Allison Becker, est gêné par son poteau, se troue et finit par pousser le ballon dans ses propres cages. La goal-line technology le confirme, l’expression sur le visage du gardien brésilien aussi : il y a bien but. Sauf qu’entre-temps, l’arbitre de touche a levé son drapeau, que l’œil de faucon ne peut déterminer si le ballon est sorti ou pas avant de pénétrer la cage brésilienne et que Julio Bascuñán a décidé de faire confiance à son compagnon excentré à l’autre bout du terrain. Le score en reste là, 0-0, et le Brésil évite une défaite pour son entrée en matière dans la Copa América Centenario.
Antécédents
Même si par la suite, l’Équateur se qualifiera pour les quarts de finale et pas la Seleção, cette décision arbitrale a beaucoup fait parler sur Internet et en dehors. Et fait encore beaucoup parler aujourd’hui. Déjà parce que, selon la rumeur, Julio Bascuñán est l’un des chouchous de Wilson Luiz Seneme, un ancien collègue (brésilien) devenu en août dernier le président de la commission d’arbitrage de la CONMEBOL. Et puis, la nationalité même de Julio Bascuñán fait également grincer des dents : nommer un Chilien alors que l’Argentine et la Roja sont au coude-à-coude au classement, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus judicieux. « La CONMEBOL en rajoute une couche, ils nous mettent un arbitre chilien contre le Brésil. Et ça, c’est la conséquence de la direction actuelle » , lâche Daniel Ferreiro, membre de la Fédération argentine.
En CONMEBOL nos cargan, nos ponen hasta un árbitro Chileno en el partido con. Brasil. Eso es la consecuencia de la actual conducción.
— Daniel Ferreiro (@dhferreiro22) 2 novembre 2016
Car il faut également le rappeler, il y a quelques semaines, le Chili a récupéré deux points et est repassé devant l’Argentine au classement, puisque lors de son match nul contre la Bolivie, cette dernière a fait jouer Nelson Cabrera, déclaré inéligible par la CONMEBOL. Et puis, c’est également Julio Bascuñán qui avait expulsé Paulo Dybala contre l’Uruguay lors des éliminatoires pour la Russie, pour un double jaune un peu sévère si l’on considère sa discrétion jusque-là et qu’il n’a pas vraiment cherché à faire mal.
C’est également Julio Bascuñán qui avait arbitré le match de poule de la Copa América 2015 contre la Jamaïque, une vraie boucherie, et qui n’avait sorti que trois jaunes pour les Reggae Boyz. Et enfin, c’est encore lui qui n’a pas sifflé un penalty pour Tévez, bien fauché contre l’Équateur lors de ces éliminatoires. Bref, si la justice footballistique est le fait d’hommes et par définition forcément subjective, ça fait beaucoup à avaler pour les Argentins. Et ça gênerait presque les Brésiliens qui ne se sont pas exprimés sur le sujet.
Un vrai guerrier
Pourtant, le sergent, comme on l’appelle dans le milieu pour sa coupe de cheveux au carré et son engagement dans l’armée chilienne, lui, ne paraît pas vraiment inquiet. Et son entourage non plus. On le dit peut-être un peu jeune pour un arbitre international, assez insouciant, pas gêné par les polémiques, conciliant malgré sa formation militaire, mais surtout fin connaisseur de toutes les subtilités du métier d’arbitre et donc tout à fait capable de surmonter ce genre d’épreuve. C’est en tout cas ce que la petite biographie de son profil WhatsApp laisse entendre : « Le vrai guerrier n’est pas celui qui triomphe à chaque fois, mais celui qui revient sans peur sur le champ de bataille. »
Le match Brésil-Argentine sera à suivre en direct sur SoFoot.com, cette nuit, à 00h45
Par Ugo Bocchi