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Júlio Baptista, la bête n’est pas morte
Indisponible pendant plus d'un an, Júlio Baptista vient tout juste de retrouver le chemin des pelouses avec Málaga. Déjà titulaire indiscutable, il sera à la pointe de l'attaque andalouse face à Dortmund. Avec son style bestial qui le caractérise si bien.
Manuel Pellegrini avait décidé de faire tourner. Entre deux confrontations historiques face aux Allemands de Dortmund, le technicien chilien a donc aligné une équipe bis lors du déplacement des siens à Anoeta ce samedi. Bilan, une défaite 4-2 qui fait tâche dans la course à une hypothétique qualification pour la prochaine Ligue des champions – Málaga est encore en attente de son jugement en appel au TAS espagnol. Toulalan, Isco et Caballero, dépositaires du jeu et de l’identité Boquerones, sont restés sous la guérite basque. D’autres comme Joaquín ou Júlio Baptista n’ont pas même fait le déplacement jusqu’à la frontière française. En somme, tous les potentiels titulaires de ce mardi à la Signal Iduna Park. Comme une évidence, le Brésilien aux cinquante sélections devrait faire partie du onze malagueño. Il y a encore de ça quelques semaines, Júlio Baptista enchaînait pourtant, seul, les séances de kiné et les heures au gymnase. Pour cause, il se remet tout juste d’une série de blessures, dont une rupture du tendon d’Achille, qui l’a éloigné des prés pendant plus d’un an. Arrivé sur la côte méditerranéenne durant l’hiver 2011, l’ancien Merengue n’a ainsi enchaîné que 21 matchs en trois saisons sous le maillot andalou. Sans jamais se résigner.
Collose aux pieds d’argile
À vrai dire, l’attaquant aux mensurations de mammouth – 1m87 pour 81 kilos – n’a jamais vraiment déçu : faudrait-il encore qu’il ait joué. Depuis son arrivée dans la cité andalouse, Júlio Baptista n’a pour ainsi dire jamais enchaîné les matchs. Ses premiers mois laissaient pourtant présager de belles choses. Pour ses dix premières sorties, il enfile la bagatelle de neuf buts. Puis, le néant. Des blessures à répétition qui le contraignent à un exil forcé des terrains. Comme un air de déjà vu pour Francisco Pavón, ancien partenaire du Brésilien lors de son passage merengue : « Ce n’est pas tant que Júlio n’ait pas réussi au Real Madrid. C’est tout simplement qu’aucun joueur durant ces années n’a rien gagné avec le Real. Et deuxièmement, je pense que le football que nous pratiquions ne s’adaptait pas à ses qualités personnelles. » Surtout, « il a toujours joué de malchance avec les blessures. Il a souvent été éloigné des terrains à cause de pépins physiques » , poursuit son ex-coéquipier. Fragile, Júlio Baptista laissera à quai tout le potentiel colossal entraperçu lors de son époque au FC Séville : de 2003 à 2005, la Bestia enfile les buts comme des perles (47 en 79 apparitions).
Que ce soit lors de ses passages au Real Madrid, à Arsenal ou encore à l’AS Roma, la Bestia laissera un sentiment d’inachevé. « C’est une personne vraiment bonne sous tout rapport, il a fait beaucoup de bien à l’intérieur du vestiaire, nous confie Francisco Pavón. Il s’entendait bien avec tout le monde. C’était vraiment un partenaire parfait. » Jamais vraiment indispensable, toujours utilisé, son rare moment de gloire sous la tunique madrilène interviendra un soir de Clásico. C’était en décembre 2007 : revenu d’un prêt de douze mois dans le Nord londonien, il claque la seule banderille lors du match aller au Camp Nou après un une-deux génial avec Ruud van Nistelrooy. Quelques années plus tard, quelques kilomètres plus au sud, les deux comparses se retrouvent sous la même tunique : celle de Málaga. Le projet y est alléchant, le salaire également. Les débuts sont idylliques pour la Bête : alors relégable, il permet au nouveau riche espagnol de s’extirper de la zone rouge. Mieux, il retrouve le sourire. « Quand un joueur a ses chances et se sent bien, il peut les saisir et finir par marquer des buts. Je suis très heureux sur le terrain, mais également en dehors. C’est une passe très heureuse » , expliquait-il dans As.
Pavón : « Un joueur imprévisible »
La passe s’arrêtera net : la faute à un physique en porcelaine. Cousin d’Abou, il ne participe qu’à quatre petites rencontres l’an dernier. Le bout du tunnel arrive en 2013. Son tendon d’Achille remis, il retrouve illico le onze de Málaga. Un choix contraint par l’exode de nombreux titulaires, mais pas que. Loin des profils à la Saviola ou à la Santa Cruz, Júlio Baptista amène toute sa puissance et sa vélocité à l’attaque andalouse. Un profil qui plaît à Manuel Pellegrini. « Júlio est un joueur très dangereux à partir du milieu de terrain lorsqu’il va vers le but, explique Francisco Pavón. Avec son impact physique et sa technique, c’est un joueur très imprévisible. » Il y a de ça une semaine, il claquait enfin son premier but depuis une éternité sur la pelouse du Rayo Vallecano : « Un but très spécial pour moi. Par dessus tout, c’est très important de marquer avant un match aussi important que celui de mercredi face à Dortmund. » Lors de ce match aller, Júlio n’a que peu pesé. « Mais il a toujours réussi à rebondir : c’est un grand professionnel, très méthodique. Lorsqu’il est à 100 % de ses capacités, il fait très mal » , prévient l’ex d’Arles-Avignon. Car à 100 %, une Bête, ça mord.
Par Robin Delorme, à Madrid