- Coupe de France
- 3e tour
- Le Lorey-Agon-Coutainville (2-2, 3-4 t.a.b.)
Julien Fondraz, gardien serial buteur en Coupe de France : « J’avais déjà marqué un but en U11… »
Julien Fondraz vient de réaliser un exploit peu commun dans une carrière de gardien de but. À 37 ans, le gardien du FC Agon-Coutainville (R2) a marqué lors des deux derniers tours de Coupe de France, contre Ducey-Isigny puis Le Lorey, et permis à son équipe de se qualifier au bout des séances de tirs au but. Un destin hors du commun, pour un joueur qui baigne dans le football depuis tout petit. Entretien avec celui qui arrête les pénos, mais qui marque aussi les buts.
Buts en fin de match, plus séances de tirs au but heureuses, lors de deux tours de Coupe de France consécutifs : quelle période faste pour vous !
C’est assez dingue. J’ai moi-même un peu de mal à réaliser. On s’est posé la question de savoir si c’était déjà arrivé dans l’histoire de la Coupe de France, et a priori non. En plus derrière, je sors les pénos… Marquer en tant que gardien, on se l’imagine, mais on ne se dit pas que ça arrivera. Mais alors deux fois ! C’est un enchaînement. Contre Le Lorey, je monte une première fois sur un coup de pied arrêté, ça me passe au-dessus et donc je retourne un peu vers mes buts. Ensuite, il y a de nouveau corner, donc je remonte, et là elle me revient dessus et je mets volée. C’est assez fou.
Une dinguerie ou tout simplement les charmes de la @coupedefrance, appelez ça comme vous voulez. Pour la 2e fois en deux tours, Julien Fondraz, gardien d’Agon-Coutainville, a égalisé dans les arrêts de jeu avant de qualifier son équipe aux tirs au but. @sports_ouest pic.twitter.com/zMvlEnatu5
— Clément Hébert (@ClemHbert) September 17, 2023
Est-ce que vous aviez déjà marqué dans votre carrière de gardien avant ces deux matchs de coupe ?
J’en ai marqué un en U11, pareil, en montant sur un corner. Une frappe pourrie du gauche qui est rentrée ras du poteau. Mais en U11 quoi, en seniors c’était la première fois.
Ce sont tes plus grands souvenirs en tant que joueur ?
Ah oui, très clairement ! Il y a ça et le premier match de National 3 de ma carrière, qui reste un super souvenir pour moi. Sinon oui, c’est clairement le plus beau souvenir. Ça restera gravé. Devant mes enfants en plus, c’est génial ! Il y avait ma mère, ma sœur, mon beau-frère, mon frère, j’avais des amis, mon fils aîné, qui a bientôt 13 ans, et le petit de 4 ans et demi. Le grand était tout fier de son père, en plus du but, de la qualif aussi.
Tes coéquipiers t’ont prévu un petit truc quand même ?
On n’a pas fait les fanfarons, parce que Le Lorey a fait un gros match et a vendu chèrement sa peau. Ils méritaient mieux. Bravo à eux. On a fait un petit match, donc on n’a pas trop célébré pour respecter aussi l’adversaire. Mais oui, derrière, forcément je me fais chambrer, je reçois plein de messages, c’est génial, depuis dimanche soir ça n’arrête pas. C’est carrément cool.
Avez-vous toujours été gardien ? Parce que le plat du pied pour finir, c’est un vrai geste de buteur, ça…
Les gardiens, pendant l’entraînement, ce qu’on aime bien, c’est faire des frappes, des volées. À force de le faire, il nous en reste ! J’ai commencé le foot à 6 ans, et je suis gardien depuis que j’ai l’âge de 9 ans. Après, je n’ai jamais arrêté d’être dans les buts. Je n’étais pas assez bon sur le terrain, ils m’ont dit d’aller dans les buts. J’ai commencé à 16 ou 17 ans en séniors à Agon-Coutainville, puis je suis allé à Saint-Lô pendant deux ans. J’ai eu un peu envie d’arrêter, j’ai eu quelques désillusions. À cet âge-là, on peut baisser les bras vite fait. Du coup, je n’ai pas arrêté, j’ai continué des petits clubs comme Croix-Carol avec des potes, retour à Coutainville avec de belles épopées en DSR, un 6e tour de Coupe de France ou des demi-finales de Coupe de Normandie, et des expériences à Hérouville, Ducey, encore Saint-Lô, avant de revenir, puis à Coutainville l’an dernier. J’ai fait tous les niveaux de la D4 à la N3.
Quels sont les objectifs pour vous cette saison ?
Objectif maintien. On vient de monter en R2, on ne va pas s‘inventer une vie, c’est très costaud comme niveau. La coupe, on cherche à aller le plus loin possible, parce que c’est là qu’on peut vivre les émotions les plus incroyables. L’année civile a été folle, parce que l’an dernier en décembre, on était derniers de R3 et en mai, on est champions. C’est complètement dingue, et on continue d’enchaîner les scénarios fous avec la coupe.
Si vous obtenez un penalty au prochain tour et que le score est fait, vous croyez que vos coéquipiers vous le laisseront pour la beauté du geste ?
Non non non, sûr que non. Je n’oserais même pas demander. Ce n’est pas mon boulot, je préserve mes cages, moi. S’il y a besoin de donner un coup de main à la 95e, oui je répondrai présent encore, ça c’est sûr. Jamais deux sans trois, en plus ! Mais j’espère qu’on se qualifiera avant cette fois. Même si l’ascenseur émotionnel est incroyable.
Qui est votre modèle en tant que gardien ?
J’adorais Bernard Lama, j’ai toujours aimé le PSG en plus, parce que c’était l’équipe la plus proche de chez moi et que Caen était en Ligue 2. Sinon, j’aimais beaucoup Grégory Coupet. Après, aujourd’hui, Ter Stegen, Courtois et Neuer font des choses incroyables. Ils ont un peu réinventé le poste, avec des arrêts de handballeur, avec des améliorations techniques, qui nous servent même à notre niveau.
Et d’où vient ce surnom « Pétoche » ?
Ça date d’il y a environ 10 ou 12 ans, déjà au club de Coutainville, quand je faisais des longs dégagements, parfois très haut, avant que je ne parte à Ducey et Saint Lô, où j’ai pu affiner mon jeu au pied.
Propos recueillis par Julien Faure