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Julien Barbagallo : « Avec le Tef’, il y a des bas, très bas, et des hauts, très hauts »
Originaire de Toulouse, Julien Barbagallo est le batteur du groupe australien Tame Impala. Entretien avec un homme qui aime le football vrai, et qui est rentré en France pour sortir un album solo.
Salut Julien, comment va ?Ouais, tout va bien. Surtout quand on est quatrième du championnat, hein !
Tu es originaire du sud-ouest, c’est bien ça ?Alors, j’ai passé mon enfance à Albi, puis je suis arrivé à Toulouse à mes vingt ans. Et après quelques années passées en Australie, j’ai décidé de revenir m’installer à Toulouse. Je reprends mes vieilles habitudes comme de passer mes soirées dans les vieux bars. J’y ai mes petites plans, plus les nouveaux qui se sont ajoutés. Et puis ça fait toujours plaisir de traîner avec les potes !
Ton premier souvenir de foot, c’est quoi ?C’était la première fois que j’ai essayé d’entrer dans un club. Je devais avoir six ans et je voulais m’inscrire à l’ASPTT d’Albi, si je me souviens bien. J’étais assez petit et ma mère m’avait acheté tout l’attirail du bon petit joueur. Les protège-tibias, les chaussettes, j’étais impeccable ! Elle me laisse à l’entraînement et moi, bah… Je commence à chialer. Je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs. J’ai flippé et j’ai même pas fini l’entraînement. Donc premier souvenir de foot, court et pas vraiment terrible. Ensuite, je me suis mis au handball, j’étais gardien et ça a mieux marché ! Mais un peu plus tard, je me suis remis au foot. Je me passionnais pour toutes les compétitions internationales. Les Coupes du monde, les Euros. Ensuite, j’ai commencé à vraiment suivre le Téfécé à l’époque de Gignac, Capoue, Battles avant qu’il parte pour Saint-Étienne. Tout a commencé avec cette immense équipe !
Quel est ton souvenir de foot le plus marquant ? Figure-toi que j’ai disputé un match international avec l’équipe de Tanzanie à Melbourne. Les types s’entraînaient à côté de chez moi tous les dimanches. Parfois, je venais m’incruster à leurs sessions. On s’entendait bien, et à un moment, un mec vient me voir et me dit : « Dans deux semaines, on joue un match contre l’Ouganda. Tu veux venir jouer ? » Et j’y suis allé ! J’étais milieu de terrain, numéro 6, et notre équipe était vachement plus vieille par rapport à celle de l’adversaire. On a dû se faire démolir 5-2 et, derrière, on a fait un gros barbecue avec les deux équipes. Les Tanzaniens sont fous de foot, ils sont ouverts aux autres, ce sont de bons gars ! C’était vraiment une belle expérience. Ça doit être le seul vrai match de foot à onze que j’ai disputé dans ma vie. En dehors des five que je fais avec mes potes.
Et ton pire souvenir ? C’est quand un pote m’a vendangé et qu’il m’a niqué des doigts de pieds. En plus, derrière, il me dit d’aller tremper mon pied dans la rivière, pas loin. Je me souviens de cette histoire, parce que le lendemain, on devait aller voir un match au Stadium à pieds contre Montpellier et je boitais comme une merde ! Je suis arrivé en retard, j’ai raté l’hymne, bref, une catastrophe.
Ton premier souvenir au Stadium, c’était quoi ? Ça devait être en 93, pour un TFC-Marseille. L’OM venait de remporter la Ligue des champions. Je m’en souviens, car les joueurs avaient fait un tour de stade pour présenter le trophée. C’était la belle équipe, hein ! Pelé, Boli, etc, et ils se sont régalés à faire le tour du Stadium. C’était C1 pour tout le monde ce jour-là ! J’étais allé avec une copine et son père. J’étais minot, je devais avoir treize ans. On était juste copains, hein ! J’avais gardé l’écharpe de ce match, sauf qu’avec le temps, il n’y a plus rien inscrit dessus…
T’es le genre de supporter à acheter le maillot de ton équipe ?Je commence à en avoir une petite collection, quand même. Le dernier que j’ai acheté, c’était durant la remontada de l’année dernière avec Pascal Dupraz. On met 4-0 à Bastia à la maison et derrière, j’étais comme un fou ! Je suis passé à la boutique et je me suis claqué un maillot de Ben Yedder. Un truc sympa au Téf’, quand un joueur marque un but et que tu achètes son maillot juste après, le flocage est gratuit.
Parlant de cette dernière saison, tu as dû frissonner, non ?Premièrement, j’ai été déçu. Déçu pour Dominique Arribagé. C’est vraiment un homme du club qui a été catapulté entraîneur un peu comme ça. Il s’est fait un peu maltraiter, mais bon, si les résultats ne sont pas là, ils ne sont pas là. En fin de saison, j’étais comme un dingue. Je me rongeais les ongles, comme tout le monde. D’ailleurs, la dernière fois que j’ai porté le maillot du TFC en concert, c’était pour le dernier match de la saison contre Angers. Je laisse les loges et on est à 1-1 avec un penalty raté de Braithwaite. Là, je me dis qu’on est vraiment maudits ! Malheureusement, je devais préparer le matos sur scène. Le match continue, je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait. Et là, il y a un mec dans la foule qui attire mon attention et qui me dit qu’il y a 2-3. J’ai joué avec le maillot, j’étais super content et, le soir même, on s’est mis une grande minasse pour fêter ça. C’était à Lyon. l’OL jouait contre Reims qui, eux aussi, jouait la 17e place. On espérait une performance de Lyon, pour être un peu tranquille, mais rien du tout ! Ils se sont fait déchirer 4-1 ! On était condamnés à l’exploit. Et on l’a fait !
Tu en as pensé quoi du fameux discours de Pascal Dupraz ? J’ai trouvé ça magnifique, à en chialer ! Le reportage de Canal + était super. C’est limite si ce n’était pas fait exprès ! C’est un scénario de film. C’est ça qui est bien avec le Tef’ : il y a des bas, très bas, et des hauts, très hauts.
Et cette saison, comment tu la sens ? Je la sens plutôt bien, même si c’est toujours pareil, on va finir 17e, quoi. Je n’ai pas eu le temps de regarder un match entier du TFC. En revanche, j’ai suivi un match de préparation contre Béziers parce que, sur Facebook, un type filmait en direct le match. Un vrai truc de tocard ! Maintenant que je suis revenu en France, je vais essayer d’aller au Stadium plus souvent.
D’ailleurs, tu pratiques souvent avec les potes ?Bah depuis mon retour, un peu plus. J’ai toujours un ballon et des cages dans le coffre de la GTI. On se fait des matchs, des piques-niques, ça permet de garder la tête froide. Mon plus beau but, ça devait être au Temple du foot à Toulouse. Je suis dos au but, contrôle poitrine, sombrero et reprise de volée qui file dans la lucarne. Boom ! Comme par hasard, il n’y avait pas les vidéos à l’époque… Comme tout le monde, je marque peu, je mets des buts de merde et, parfois, ça m’arrive d’avoir des éclairs de génie.
Comment les gens voient-ils le foot en Australie ?Avant, ils s’en foutaient totalement. Et là, petit à petit, Ça commence à changer ! Avec les vieux joueurs qui viennent finir leurs carrières là-bas, ça aide aussi. D’ailleurs, j’ai pu voir Del Piero jouer à Sydney, par exemple. C’était peu probable que je le vois jouer dans ma vie. Encore moins au Tef’ ! En revanche, il jouait encore très bien. Mais sinon, le foot commence à devenir bien populaire en Australie. Ils ne sont pas encore très bons, mais l’engouement est fort. Les stades sont pleins tout le temps. Les supporters chantent à fond. Tout est bien, sauf le niveau qui n’est pas terrible. C’est comme tous ces championnats émergents. De toute façon, là-bas, ils ont le footsie.
Qu’est-ce que c’est ?Alors, j’espère que t’es prêt… Une sorte de rugby avec des règles australiennes qui ne se joue qu’en Australie. C’est un mélange de foot, de hand et de rugby. Tu y joues avec un ballon ovale que tu dois faire rebondir comme un ballon de basket. Bon courage, hein ! Tu peux le taper au poing ou au pied et tu as quatre poteaux. Si ça rentre entre les poteaux extérieurs, c’est un point, si je dis pas de connerie. Et si ça rentre entre ceux intérieurs, c’est six points. Ça se joue sur un terrain de cricket, c’est énorme ! Il doit y avoir vingt joueurs par équipe. C’est hyper ludique et c’est le sport star.
D’ailleurs, toi qui as pas mal voyagé, tu as pu visiter des stades un peu mythiques ?Pas vraiment, non. D’ailleurs, ça me rappelle une histoire. On jouait le même soir que Noel Gallagher et dans sa loge, le type avait un drapeau de Manchester City qui faisait bien 10m2 ! Un truc immense ! Là, je me suis dis que ce gars était un malade. Mais, en revanche, je vais te dire un truc, moi aussi j’ai une passion de fou : je prends des cages de football en photo. Il y en a dans le monde entier ! Quand tu regardes un peu, tu te rends compte qu’il y en a vraiment partout. Des défoncées, des pas défoncées, avec des filets, sans les filets. C’est là où tu sens le côté fédérateur du foot. C’est vraiment partout ! Par exemple, je me rappelle qu’à Buenos Aires, des types avaient fait des cages avec des câbles d’autoroute. Enfin, un truc improbable. Le terrain était défoncé, les bagnoles passaient, mais il y a toujours moyen de faire une cage. C’est dingue, ça.
Tu as pu rencontrer des joueurs lors de tes déplacements ?La dernière fois, j’étais à Monterrey au Mexique et j’ai contacté Dédé Gignac. Vu que je jouais là-bas, je voulais l’inviter en souvenir du bon temps du Téf. Malheureusement, il avait match avec les Tigres. Dédé, il était génial. Fodé Mansaré aussi, il était exceptionnel, avec sa coupe de cheveux incroyable.
D’ailleurs, tu étais où durant la finale de l’Euro 2016 ? Bah écoute, j’étais à Tel Aviv, je regardais le match dans ma chambre. J’étais tout seul, comme une merde. Quand Eder a marqué, j’ai directement éteint la télé. Je savais très bien comment ça allait se finir ces conneries. Surtout quand il reste huit minutes à jouer. Alors j’ai plié le bar et je suis allé dormir. Les gens se sont excusés, en mode : « Désolé champion, une prochaine fois ! » J’ai suivi comme j’ai pu l’Euro. Je me souviens qu’on jouait aux Eurockéennes le soir de France-Islande. À chaque but, on entendait les gens rugir ! On a commencé à jouer en deuxième mi-temps et je demandais le score au public, mais je ne comprenais rien.
Propos recueillis par Gad Messika
Sortie de l'album GRAND CHIEN le 28 octobre