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Jules Meyer : « La Coupe de France, c’est une compétition de malade ! »

Propos recueillis par Jean-Baptiste Chanet

Pour la première fois de son histoire, Le Puy Foot 43 (National 2) s'est qualifié pour les quarts de finale de la Coupe de France après avoir sorti Laval (2-1). Le milieu offensif Jules Meyer, auteur d’un doublé contre les Mayennais, a été le grand bonhomme de cette rencontre. Le joueur formé à Saint-Étienne raconte ce moment spécial.

Jules Meyer : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>La Coupe de France, c’est une compétition de malade !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Félicitations pour cette qualification historique, Jules ! Cette victoire permet au Puy Foot 43 d’atteindre pour la première fois de son histoire les quarts de finale de la Coupe de France. Comment célèbre-t-on un tel accomplissement ?

Ça a été la grande fête hier lors du retour au Puy (le match était délocalisé au stade Charles-Massot, NDLR). On s’est retrouvés comme à nos habitudes dans notre bar pour partager quelques canons, mélangeant coéquipiers, amis et familles. C’était sympa, mais assez tardif, il faut l’avouer ! Au Puy, on aime faire la fête et c’était une sacrée occasion pour en profiter.

Tu as pourtant confié être cramé après la rencontre…

J’y ai laissé mon âme, j’ai tout donné ! Quand tu disputes un match de Coupe de France, si tu n’y laisses pas ton âme, ça ne sert à rien de le jouer. J’étais vraiment à 2000%. Le staff nous a annoncé après la victoire qu’on aurait jusqu’à lundi pour se remettre de nos émotions. C’est repos pour 4 jours, même s’il y a un petit programme à respecter pour ne pas perdre le rythme.

Pourtant, c’est ton équipe qui a eu la possession du ballon lors de la majorité du match, non ?

C’est vrai qu’on a dominé en réussissant à mettre notre jeu en place et à se procurer un grand nombre d’occasions. Mais Laval, c’est tout de même une équipe du top 5 de la Ligue 2, qui manie très bien le ballon et qui fait beaucoup courir, en essayant d’installer sa possession. Le National 2 est un championnat un peu plus brut. Personnellement, je suis sorti très fatigué de cette rencontre, et les conditions étaient loin d’être faciles, j’ai trouvé le terrain particulièrement gras, alors que j’ai l’habitude.

Quand tu disputes un match de Coupe de France, si tu n’y laisses pas ton âme, ça ne sert à rien de le jouer. J’étais vraiment à 2000%.

Comment réagit-on quand le quatrième de Ligue 2 parvient à égaliser à 5 minutes du terme, après avoir mené pratiquement durant toute la rencontre ?

Ça donne un gros coup au moral ! Certains de mes coéquipiers se voyaient même passer par l’épreuve fatidique des tirs au but, mais nous, les joueurs offensifs, on n’a pas laissé cette option traverser notre esprit. On a su rester calmes, avec l’idée de se projeter rapidement vers l’avant pour créer le danger sur le but adverse et marquer. Ça a directement payé, en arrachant la qualification avec ce penalty, marqué dans les dernières secondes (90e+5). Je trouve que notre victoire est amplement méritée.

Un penalty que tu as toi-même transformé, après avoir ouvert le score dès la 25e minute !

C’était une soirée exceptionnelle à tout point de vue : autant pour moi que pour le club. Marquer un doublé en huitièmes de finale de la Coupe de France, face à une Ligue 2, ce n’est pas rien ! Ça va être un match référence, tout au long de ma carrière.

Tu es un spécialiste des penaltys ?

J’étais le joueur désigné sans être le grand spécialiste. Je travaille beaucoup cet exercice à l’entraînement en m’obligeant à tirer de tous les côtés possibles, avec différents gardiens. C’est un exercice qui demande beaucoup de travail, et le coach me fait confiance là-dessus. À partir du moment où l’arbitre a sifflé, c’était à moi de prendre mes responsabilités en le mettant au fond, et ça a payé.

 

Ta gestuelle au moment de le tirer laissait transparaître une sensation de sérénité. Au moment de poser le ballon aux 11 mètres, savais-tu déjà à quel endroit tu allais le tirer ?

Tout à fait ! Je savais où j’allais tirer, même si le défenseur de Laval m’a un peu chambré au moment de prendre le ballon. Sur le moment, cela m’a fait rigoler, et puis le public m’a poussé. Personnellement, j’aime quand il y a du bruit autour de moi dans ce genre de moment, ça détend. Derrière, je le mets comme il faut !

L’ASSE ne m’a pas gardé pour des raisons extrasportives.

Quelques secondes plus tard, l’arbitre siffle la fin du match. À quoi on pense à ce moment-là ?

À mon grand-père en premier, car c’est un grand fan du club. Il suit tous les matchs et il me suit depuis mes débuts dans le football (dès l’âge de 5 ans, NDLR). Mais il n’y a pas que lui ! Toute ma famille en général et mes potes, qui étaient eux aussi, présents dans les tribunes. J’avais ce devoir de ne pas décevoir sans m’être mis trop de pression non plus. Je m’en rends compte seulement maintenant, mais j’avais un sacré destin entre les mains et j’ai prouvé que je pouvais le faire.

En parlant de destin, tu es formé à Saint-Étienne sans être passé pro chez les Verts. À quoi ressemble ton parcours ?

L’ASSE ne m’a pas gardé pour des raisons extrasportives (Jules évoque un manque de maturité de sa part et un palier trop difficile pour lui, au moment du passage U14 à U15, NDLR). Après, j’ai su rebondir en rejoignant des clubs avec un bon niveau, dans les catégories jeunes. J’avais juste du mal à me stabiliser dans un club sur plusieurs saisons, car je voulais toujours rejoindre la meilleure équipe. Au bout de quatre années passées à naviguer entre Le Puy et Andrézieux, j’ai été repéré par le Clermont Foot (rejoint en 2019, NDLR), mais je n’ai malheureusement pas eu de chance, car c’était pendant la période Covid. J’y suis resté deux ans, jouant en National 3, et derrière, je suis retourné au Puy, qui est un très bon club.

C’est ta troisième saison consécutive au Puy, où tu as retrouvé une place de titulaire seulement cette année. Comment l‘expliques-tu ?

Ma première année en N2, le coach avait vu mes aptitudes et comptait sur moi. L’année d’après, en National, c’était difficile, il y avait un palier à passer, et j’ai beaucoup appris, mais j’ai peu joué. Je suis encore jeune (23 ans) et cette année, j’ai prouvé que j’étais capable de viser haut et de démontrer que j’avais le niveau pour être le meneur offensif de cette équipe. Cette année, on est partis sur un nouveau projet, après le départ de Roland Vieira, coach resté 10 ans au club. On a une équipe très jeune, et le groupe vit bien. Je crois que ça se voit en Coupe de France…

 

Le Puy Foot 43 est d‘ailleurs un habitué des belles aventures en Coupe de France (32es de finale de 2019 à 2021, 16es en 2023, avec des victoires contre Lorient ou Nice). C’est devenu une marque de fabrique ?

Carrément ! Au Puy, on adore cette compétition ! Les dirigeants n’ont pas de pression et nous expliquent en début de saison que c’est à nous de donner ce qu’on a sous le pied. On la joue à fond et derrière, on arrive à réaliser quelque chose d’exceptionnel, on peut dire qu’on mérite chacun nos parcours ! Le vrai objectif du club était de se maintenir en National 2, car on repartait avec une nouvelle équipe. Pour se motiver, on prend une photo après chaque victoire qu’on accroche au mur du vestiaire. On en est déjà à huit ! L’idée était de viser les 10 victoires, l’objectif de maintien est déjà atteint, maintenant, on veut continuer à remplir ce mur de photos, enchaîner les belles victoires en championnat et si on peut poursuivre l’épopée… Être en quarts, c’est quelque chose d’exceptionnel ! Pour des joueurs de notre niveau, ça arrive une à deux fois dans une vie. On va continuer de tout donner ! Ici, notre groupe met l’ambiance. On est au Puy, on se fait kiffer avec le football et on adore la fête !

Tu aurais imaginé vivre ça il y a dix ans ? 

Le petit Jules, il kiffait le ski, même s’il jouait au foot ! (Sport qu’il pratique toujours, même s’il concède y aller beaucoup moins depuis que le football est devenu son métier, après son passage au Clermont Foot, NDLR.) La Coupe de France, c’est une compétition de malade ! On ne réalise pas, mais toutes les équipes de France se réunissent autour d’une compétition, avec la possibilité de jouer contre des stars du football, et nous, on est en quarts de finale. Il reste huit équipes, dont six de Ligue 1, à nous de tirer le PSG, qui est une équipe exceptionnelle !

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Propos recueillis par Jean-Baptiste Chanet

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