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Julen Lopetegui, le mauvais timing
Alors que l'Espagne ouvre sa Coupe du monde ce vendredi avec un choc face au Portugal, le Real Madrid est venu mettre son grain de sable dans la préparation de la Roja, en annonçant la nomination de Julen Lopetegui pour succéder à Zinédine Zidane. Ou comment foutre le bordel dans une sélection qui semblait parée pour décrocher un second titre mondial.
Depuis le 31 mai et l’annonce du départ de Zinédine Zidane, les rumeurs s’enchaînaient sur l’identité du successeur du double Z à la tête du Real Madrid. Guti ? Fernando Hierro ? Míchel ? Mauricio Pochettino ? Bruno Génésio ? Et si la volonté du club semblait pencher vers l’entraîneur argentin de Tottenham, le triple champion d’Europe en titre a pris tout le monde de court en annonçant dans un bref communiqué, publié à 16h51, que Julen Lopetegui sera le coach des Merengues pour les trois prochaines saisons. Une décision surprenante par son timing, à trois jours du premier match de l’Espagne – actuellement dirigée par Lopetegui – face au Portugal, pour le premier grand match de la Coupe du monde russe.
Les antécédents Antonio Conte et Jacques Santini
Que l’Espagne se rassure, elle ne sera pas la première sélection à disputer une compétition internationale en sachant que son sélectionneur quittera ses fonctions à la suite du tournoi. En avril 2016, deux mois avant le début de l’Euro en France, Antonio Conte avait annoncé son départ à Chelsea dans la foulée du Championnat d’Europe, et cela n’avait pas empêché l’Italie de briller (en battant la Belgique, notamment, et en sortant avec les honneurs en quarts de finale au bout d’une séance de tirs au but folle face à l’Allemagne). Mais, si cela s’est plutôt bien passé pour la Squadra Azzurra, venue dans l’Hexagone sans grandes ambitions, l’équipe de France ne peut pas en dire autant.
Retour en 2004. Sélectionneur des Bleus depuis l’échec du Mondial 2002, Jacques Santini annonce le 4 juin – soit huit jours avant le début de l’Euro portugais – qu’il rejoindra les rangs de Tottenham à la suite de la compétition. Résultat : l’équipe de France, armée pour aller au bout, s’incline dès les quarts face à la Grèce (1-0), la grande surprise de l’été lusitanien. Reste qu’une grosse différence sépare le précédent de 2004 et la situation actuelle de la Roja : le contrat du sélectionneur. Alors que Jacques Santini était en fin de contrat en juillet 2004, Julen Lopetegui, lui, vient tout juste de prolonger son bail à la tête de la Roja jusqu’en 2020. De quoi susciter des questions dans les têtes des internationaux espagnols, qui ne s’attendaient absolument pas à voir leur sélectionneur s’engager au Real Madrid.
Et le Real dans tout ça ?
Et, si la signature de Julen Lopetegui a surpris les fans de la Roja, elle a aussi interloqué ceux du Real Madrid, qui espéraient voir un nom plus prestigieux (Pochettino) ou un homme du cru (Guti, Hierro, Michel) s’asseoir sur le banc des Merengues. Ancien gardien de but, Lopetegui n’entre dans aucune des deux cases, bien qu’il ait disputé 61 matchs avec la Castilla entre 1985 et 1988, avant d’y revenir comme coach le temps d’une saison en 2008. Parti ensuite se faire les dents avec les U19 et les U21 de l’Espagne – où il a notamment côtoyé plusieurs de ses futurs joueurs comme Nacho, Carvajal ou encore Isco –, Lopetegui quitte ses fonctions en 2014 pour entraîner le seul club de première division qui figurait jusqu’à ce mardi après-midi sur son CV de coach : le FC Porto. Surtout, les dix-huit mois passés au Portugal n’ont pas vraiment fait grimper la cote du technicien espagnol. Avec le plus gros budget de l’histoire du club, il n’a pas remporté le moindre trophée et s’est fait limoger en janvier 2016. C’est donc dans un climat de défiance que Julen Lopetegui va débarquer à Madrid après la Coupe du monde – où il aura la lourde tâche de succéder à Zidane et ses trois sacres en Ligue des champions. À moins qu’un titre planétaire avec la Roja ne mette tout le monde d’accord…
par Steven Oliveira