Tu n’as pas vraiment le profil du grand connaisseur de foot…
Je suis un vrai philistin du football. En fait, pour être honnête, je ne m’intéresse au foot qu’une fois tous les deux ou quatre ans quand se déroule un championnat d’Europe ou une Coupe du Monde. C’est dur à raconter mais plus jeune, j’ai compris vraiment tardivement que les équipes comme Paris ou Toulouse n’étaient pas constituées exclusivement de joueurs originaires du coin ! En gros, que cela ne fonctionnait pas vraiment comme l’équipe de France ! Je te rassure, j’ai fini par capter.
Donc pas de grosses émotions autour du foot dans ta jeunesse ?
J’en ai des vagues souvenirs. Quand Marseille a gagné la coupe d’Europe, notamment. Je me souviens aussi d’un voyage scolaire en Espagne, un long trajet retour en bus, tous les garçons étaient à donf’ à écouter le match à la radio. C’est à ce moment que j’ai découvert que le foot ne se regardait pas seulement à la télé, mais pouvait aussi se suivre sur un poste FM.
Cette addiction de tes congénères te semblait un peu étrange ?
Je ne sais pas. Je me suis passionné très petit pour la musique. Mais pour moi, c’était évident. Je pensais vraiment que tout le monde partageait mon obsession, qu’il s’agissait de la chose la plus excitante au monde. Je n’imaginais pas que c’était spécifique à ma personnalité et que d’autres gens pouvaient avoir d’autres domaines de prédilection. J’ai fini par réaliser que la zik ne représentait pas le truc ultime pour l’ensemble de la population. Que le foot, finalement, occupait bien plus l’esprit des gens. Finalement, pour un groupe, aujourd’hui, le summum, c’est d’arriver à jouer dans un stade. Tu sais que tu es un putain de groupe quand tu te produis enfin dans un stade.
A Malmö, tous les gamins portent des maillots du PSG avec le nom de Zlatan
Si tu n’es pas trop foot, qu’est-ce qui peut bien te brancher dans une Coupe du Monde ?
Déjà, la rareté. Cela n’arrive que tous les quatre ans. J’ai l’impression que cela possède plus de valeur qu’un championnat de clubs qui se déroule toute l’année. Tu ressens que c’est un événement démesuré. Quand la France joue un match, tout le monde est bloqué devant et regarde. Ça, je kiffe. Je suis assez premier degré. J’aime que tout le monde partage un truc cool au même moment. C’est assez paradoxal. Si je suis heureux que les Bleus gagnent, c’est d’abord parce que cela implique un match supplémentaire. Par exemple en 2006, je n’étais pas du tout triste de la défaite contre l’Italie, car je savais que de toute façon, il n’y aurait pas d’autre rencontre (rires)…
Et tu connais malgré tout le nom d’un ou deux joueurs ?
J’ai toujours trouvé Cantona extrêmement drôle. Le gars qui prend la pose pour se la raconter « gros philosophe » , style « attention, je viens de dire quelque chose de très intelligent » . Et puis, bien sûr, Zlatan. Ma femme est suédoise, elle vient de Malmö. C’était déjà une énorme vedette, là-bas. La dernière fois que j’y suis retourné, tous les gamins portaient des maillots du PSG à son nom. Mes parents sont argentins, pas la peine de préciser que là-bas, Maradona est un dieu vivant. Ça dépasse le foot, c’est au-delà. Après tout, y compris le type qui ignore tout du rock mais sait malgré tout qui est Mick Jagger.
Vu tes influences musicales, le lien entre le rock anglais et le foot ne te touche donc pas plus que cela ?
C’est très différent de la France. Par exemple, en Angleterre, chaque ville possède sa scène particulière. En France, d’où qu’on vienne, nous demeurons surtout des groupes français. De ce fait, les groupes anglais sont beaucoup plus attachés à l’identité de leur ville, et donc de leur club. Parfois, cela m’étonne. Quand je lis les déclarations des gars d’Oasis sur Manchester City, par exemple !
Tu n’as jamais été confronté à ce genre d’obsession chez les Français ?
Si, une fois, en studio avec Dj Mehdi. C’était pendant l’Euro 2004. On avait loué un studio très cher, où tu payes à l’heure. Mais il était comme un fou devant la télé. Impossible de commencer l’enregistrement avant la fin du match. Plus tard, en 2006, nous avions été programmés avec Turzi le soir de la demi-finale contre le Portugal. C’était à la Main d’œuvre, à Saint-Ouen. Personne n’avait anticipé le coup. Ils ont réussi à installer un écran dans un coin. Résultat, Zombie Zombie a joué quasiment sans public. Nous avons eu de la chance : notre set a commencé juste après le coup de sifflet final. Tout le monde était dans une telle euphorie, ce fut un super concert… pour nous. Une ambiance de folie.
On ne te demande pas si tu aimes aller au stade…
Une fois, il y a très longtemps, mon prof de sport, en seconde, nous avait eu des invitations pour le Parc des Princes à l’occasion d’un match contre l’OM. C’était très tendu. Cela gueulait fort, au point de faire mal aux oreilles et pourtant à l’époque, j’allais voir plein de groupes noisy. Ce qui m’a frappé, c’est qu’il n’y avait pas de ralenti après le but. J’étais déçu. Je suis rentré en me disant que c’était mieux à la télé. Je crois savoir que cela a un peu changé.
Ton prochain disque s’appelle « Bruxelles » , tu crois en la génération des Hazard, Courtois, Kompany pour le Mondial 2014 ?
Quand nous avons tourné le clip de « Bruxelles » , deux jours avant, les Diables Rouges venaient de se qualifier. Tu ressentais encore cette atmosphère festive. Comme ça, si la France se fait éliminer trop tôt au Brésil, j’aurai une équipe de remplacement !
Judah Warsky – « Bruxelles » – Sorti le 17 février.
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