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Juanmi Callejón : « Mon frère jumeau, je l’aime de tout mon cœur »
De retour en Espagne, Juan Miguel Callejón (33 ans) a quitté le continent sud-américain par la grande porte. Trois fois meilleur buteur pour autant de titres de champion de Bolivie avec le Club Bolívar, Juanmi s’est même payé le luxe de disputer une demi-finale de coupe continentale avant José, son frère jumeau du Napoli. Arrivé en janvier à Marbella pour aider le club à monter en Segunda División, l’Espagnol nous parle de sa carrière, de ses liens avec José et de ses chances de jouer pour la sélection bolivienne. Entretien avec un homme qui est parvenu à se faire un prénom, à 10 000 kilomètres de son Andalousie natale.
Juanmi, tu viens de quitter le championnat bolivien avec des statistiques et un palmarès impressionnants. Pourquoi avoir choisi de revenir en Espagne ?C’était une décision très difficile à prendre, toutes ces années passées en Bolivie ont été formidables, mais il y a des chapitres qui se ferment et d’autres qui s’ouvrent. Je voulais revenir en Espagne, être avec ma famille, être plus proche des miens.
D’ailleurs, comment as-tu atterri en Bolivie ?À l’époque, l’Espagnol Miguel Ángel Portugal était l’entraîneur de Bolívar et il avait emmené dans ses bagages mon représentant. Ça a été le premier lien, et c’est à partir de là qu’il y a eu un rapprochement. J’ai parlé avec l’entraîneur et j’ai fait le choix d’y aller, je ne regrette absolument pas d’avoir fait le grand saut.
Il y a peu de joueurs espagnols en Bolivie…Si je ne me trompe pas, les premiers à arriver en Bolivie ont été Edu Moyá, José Luis Capdevila et moi. Après nous, pas mal d’Espagnols ont pris le risque de venir et ils s’y sentent bien aujourd’hui, mais je n’ai pas vraiment d’explication. Je suis content de voir qu’il y ait des joueurs espagnols qui osent de plus en plus faire le grand saut pour montrer de quoi ils sont capables.
Tu as tellement réussi là-bas que beaucoup voulaient te voir jouer avec la sélection.À mes yeux jouer pour la Bolivie aurait été l’opportunité de rendre au pays et à tous ses habitants l’affection qu’ils m’ont donnée pendant toutes ces années. C’était une possibilité qui existait, mais pour ça il fallait que je joue cinq années consécutives dans le pays. Je suis resté plus de cinq ans en Bolivie, mais en deux étapes différentes (arrivé en 2013 à Bolívar, Juanmi a passé l’année 2016 en Arabie saoudite avant de revenir en Bolivie, N.D.L.R.).
Tu trouves que le football bolivien a progressé ? Par exemple tu as vu une différence au niveau des entraînements ?Depuis mon arrivée en 2013, le football s’est énormément amélioré. Le type d’entraînement dépend du staff que tu as, mais dans mon cas et pendant toutes ces années, les entraînements ont été très bons, sans aucune différence [avec l’Espagne].
Il y a quelques semaines, on t’a vu sur une vidéo qui a fait le tour du monde. On y voyait un enfant qui te suppliait de ne pas partir. Tu le connaissais ?
Je le connaissais parce qu’il venait souvent voir nos matchs, mais ce jour-là et pendant toute cette semaine, il y avait eu une accumulation d’émotions très fortes, et cette vidéo montre aussi ma personnalité, comment je suis… J’ai fondu en larmes et j’ai laissé cet enfant emporter le maillot de mon dernier match avec Bolívar. D’ailleurs, ensuite, le club a pris l’initiative de lui offrir un abonnement pour l’année 2020.
Tu as placé le bien-être de ta famille en priorité, c’est quelque chose que tes parents t’ont transmis ?Avoir des enfants et fonder une magnifique famille est pour moi le plus important. Mes trois enfants sont nés en Espagne, mais nous vivions toujours en Bolivie. La famille te manque énormément quand tu es si loin. En 2019, pendant ma dernière année, ma femme était enceinte de mon troisième enfant et je suis resté seul en Bolivie pratiquement toute l’année. Ça pèse énormément. J’avais envie d’être avec eux, de profiter de mes enfants et de ma femme. Cela vient sûrement de ma famille. Mes parents m’ont transmis des valeurs que je veux continuer à inculquer.
Comment toi et ton frère êtes devenus passionnés par le football ?Avec mon frère, nous avons toujours aimé le football et je me souviens que déjà tout petit, nous allions jouer avec notre père. C’est grâce à eux que nous sommes arrivés là où nous en sommes aujourd’hui.
Tu es souvent en contact avec José ?Je lui parle au moins quatre ou cinq fois par jour. C’est un pilier fondamental de ma vie et je l’aime de tout mon cœur. C’est une fierté d’avoir un frère jumeau et qu’on puisse tous les deux se consacrer à ce qui nous plaît. Lo quiero mucho.
J’imagine qu’on doit souvent te confondre avec lui… Tu es déjà allé le voir jouer à San Paolo ?C’est arrivé qu’on me confonde, on se ressemble beaucoup donc ce n’est pas surprenant. Je suis allé plusieurs fois à Naples et évidemment je connais le San Paolo. C’est une ville avec des personnes passionnées, le stade est superbe, et j’apprécie énormément à chaque fois que j’y vais.
Ton frère va affronter le Barça, c’est une motivation supplémentaire d’affronter un club espagnol, surtout quand on a été formé au Real ? C’est une motivation pour le type de rencontre que ça représente et bien sûr pour l’équipe qu’il y a en face. Je ne pense pas qu’il y ait de rapport avec le fait qu’il ait joué au Real Madrid. J’irai voir le match retour si c’est possible.
Tu as joué en Grèce, en Arabie saoudite, en Bolivie… Qu’est-ce que ça t’a apporté d’avoir vécu dans autant de pays différents ?Ça permet d’apprendre beaucoup, et on n’arrête jamais d’apprendre. On apprend à apprécier d’autres types de choses et je retiens le meilleur de chaque pays et de chaque culture à partir des expériences que j’ai pu vivre.
Tu viens de quitter la bruyante La Paz pour t’installer dans la paisible Marbella. Tu te vois finir ta carrière en Espagne ? Le rêve ultime serait de rejouer avec ton frère ?Je ne sais pas… Pour le moment, je veux continuer à profiter tant que mon corps et ma tête me le permettent, mais on ne sait jamais jusqu’à quand. La carrière du footballeur est courte, il faut essayer de la rendre productive et surtout qu’elle te permette de continuer à prendre du plaisir. Mais c’est sûr, j’espère un jour recroiser José pour pouvoir rejouer avec lui.
Propos recueillis par Thomas Allain