- Copa Libertadores
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- River-Boca (3-1 ap)
Juan Quintero, la reine de River
Remplaçant au coup d'envoi de cette finale de Copa Libertadores entre River Plate et Boca, Juan Quintero (25 ans) a retiré sa chasuble pour claquer un but exceptionnel afin d'offrir le trophée à River. Et rappeler, le temps d'une soirée, l'immensité de son talent à la planète terre.
Au bar, devant leur écran de télévision ou sur leur téléphone, la majeure partie des Français qui se sont calés devant cette finale de Copa Libertadores ont eu cette même réaction peu avant l’heure de jeu lorsque Juan Quintero s’apprêtait à entrer sur la pelouse : comment un homme qui n’a pas réussi au Stade rennais – un club qui en connaît un rayon en finales perdues – peut-il sauver River Plate ?
Un River alors mené 1-0 qui plus est, et dont la réputation de club maudit semblait alors se prouver de nouveau. C’était oublier le talent de ce petit bonhomme de 1,69 mètre qui a certes quelques kilos en trop, mais dont le pied gauche est l’une des plus belles raisons de regarder un match de football.
Le supersub
Juan Fernando Quintero n’a pas seulement apporté sa pierre à l’édifice : il a tout simplement changé la physionomie de cette finale de Copa Libertadores à lui tout seul. C’est lui qui décale délicieusement Ignacio Fernández sur l’égalisation de Lucas Pratto. Mais c’est surtout lui qui envoie une praline sous la barre de l’atypique Esteban Andrada pour donner l’avantage à River Plate en prolongation. Avant d’offrir à Gonzalo Martínez le but du KO et du sacre pour les Millonarios. De quoi se mettre définitivement les supporters de River Plate dans la poche et pousser les dirigeants à payer les 3,5 millions d’euros pour l’arracher au FC Porto, qui a une nouvelle fois cédé son génie colombien en janvier dernier.
Le prix à payer pour un joueur le plus souvent utilisé en sortie de banc par Marcelo Gallardo – dix titularisations en vingt journées de championnat et cinq titularisations seulement en douze rencontres de Copa Libertadores –, qui s’en était expliqué en conférence de presse en avril dernier : « Il a besoin de s’adapter au football argentin. Nous avons besoin de ce talent naturel pour avoir cette clarté dans les derniers mètres. Jouer à River signifie jouer dans des espaces restreints. Quand il se sera adapté, il sera un joueur fondamental. » Huit mois d’adaptation plus tard, Quintero reste un supersub, mais ne semble pas en vouloir à Marcelo Gallardo. Bien au contraire, selon ses propres propos relayés par Olé : « C’est un entraîneur qui demande beaucoup, qui tire le meilleur parti de vous. Je suis très reconnaissant à la vie d’avoir rencontré un technicien si exigeant qui change ta mentalité pour bien faire les choses. »
Le pied gauche du bonheur
Pourtant, Juan Quintero n’a pas fondamentalement changé, que ce soit à l’Atlético Nacional, à Pescara, au FC Porto, au Stade rennais, à l’Independiente Medellín – où il avait d’ailleurs inscrit un but en Copa Libertadores face aux hommes de Marcelo Gallardo – ou à River Plate. Son pied gauche a toujours été magique. Sa vision de jeu a toujours été au-dessus de la moyenne. Et ses performances ont toujours été en dents de scie, à l’image de ce match face à Boca et à sa demi-finale de Copa Libertadores face à Grêmio manquée à l’aller comme au retour alors même qu’il était titulaire. Une irrégularité chronique qui explique en partie pourquoi Quintero ne joue pas au Real Madrid, à Manchester City ou au Barça comme son talent pouvait le laisser présager.
Quoi qu’il en soit, le Colombien reste un joueur frisson qui ne laisse personne indifférent dès qu’il touche le cuir avec son pied gauche pour faire une passe, un crochet, une frappe ou même juste un contrôle. Comme il y en a tant d’autres ? Peut-être. À la différence près que Juan Quintero, lui, ne s’amuse pas à briller face à de petites équipes, mais préfère attendre les grands évènements pour prendre la lumière et rappeler tout son talent. C’était déjà le cas à la Coupe du monde 2018, où il a terminé la compétition avec un but et deux passes décisives. C’est à nouveau le cas ce dimanche soir face à Boca, où il offre à River la quatrième Copa Libertadores de son histoire. Ce qui n’est pas rien.
Par Steven Oliveira