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Juan Pablo Ángel : «Falcao est un neuf atypique»
En 2001, lors de sa dernière saison à River Plate, le Colombien Juan Pablo Ángel fait la connaissance d'un jeune compatriote nommé Radamel Falcao. Plus d'une décennie plus tard, l'actuel avant-centre des Chivas USA n'a pas de mots assez forts pour louer El Tigre. Interview.
À quoi ressemblait le jeune Falcao quand tu l’as rencontré à River ? Il avait 13-14 ans. Il venait intégrer le centre de formation d’un club dont il mesurait bien la grandeur. Il était fermement décidé à y réussir. Mais je ne peux pas vraiment t’en dire plus. Au final, je l’ai très peu côtoyé, car il jouait dans les catégories inférieures. Mais je me rappelle avoir parlé avec lui au moment où il allait s’engager avec le FC Porto. Il m’a dit qu’était venu pour lui le moment de partir. Il ne s’est pas trompé.
Selon toi, en quoi Falcao a progressé ces dernières années ? Il a simplement perfectionné tous ses mouvements dans le dernier quart du terrain. Il met beaucoup d’agressivité pour se démarquer, pour anticiper devant son défenseur. Il est tellement bon qu’on cherche à le trouver systématiquement, car ses coéquipiers savent qu’il sait se montrer disponible. La confiance générée par ses buts l’a ensuite fait entrer dans un cercle vertueux. Aujourd’hui, il met des frappes incroyables à mi-distance, des ciseaux … Mais je tenais à dire une chose : Falcao est un joueur généreux, pas égoïste. C’est un numéro neuf atypique, car il est solidaire. Il aide à défendre. Ses mouvements facilitent le travail de ses coéquipiers.
En Colombie, certains critiquent pourtant son rendement en sélection (11 buts en 35 capes) … Ces critiques ne sont pas fondées, car les buts ne dépendent pas seulement de lui. Il faut simplement le mettre dans les conditions idoines pour qu’il mette en valeur ses qualités. Peu importe le système, il faut que Falcao joue le plus près possible de la surface. Il doit travailler sur des espaces courts. La critique est facile, mais cela faisait très longtemps qu’un joueur colombien ne réunissait pas autant de qualités au niveau sportif, mais aussi social. Falcao sait ce qu’il représente pour la jeunesse. Il se comporte en modèle.
La Colombie va jouer dimanche (face au Pérou) son premier match officiel depuis l’arrivée de José Pekerman à sa tête. Que l’Argentin peut-il apporter à la sélection ? Il amène un peu d’air frais, une manière différente de travailler. Mais, quelque soit le nom, il est aujourd’hui très difficile de développer un processus en sélection. Les joueurs sont trop rarement disponibles. Là, pour la première fois depuis le début des éliminatoires, le groupe a pu travailler deux semaines avant la compétition. Cela devrait aider nos jeunes talents à mieux se trouver. Je crois que Pekerman va savoir les faire vivre ensemble. Il sait gérer des grands joueurs, et son expérience en tant que formateur devrait aider à gérer notre jeunesse. Reste que sa marge est étroite. Les deux matches qui viennent vont être fondamentaux.
Propos recueillis par Thomas Goubin