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Juan Carreño, l’homme qui marquait la nuit

Par Ruben Curiel, à Santiago de Chile
Juan Carreño, l’homme qui marquait la nuit

Il a provoqué l'une des bagarres générales les plus célèbres, s'est « tapé les meilleures cuites et les meilleures femmes », a été contrôlé positif à la cocaïne et a ouvert trois bars. Coté football, il a joué dans 14 clubs et a marqué l'histoire de l'Unión Española. Portrait de Juan Carreño, buteur chilien à la carrière mouvementée.

Le 27 septembre 1998, Huachipato affronte Osorno. Il reste quelques minutes, et le match nul semble acté. Osorno obtient un coup franc dangereux. Dans le mur, Carreño est entouré de deux adversaires. Un se charge de l’insulter, l’autre de lui asséner des petits coups de genou. Les joueurs d’Osorno le savent, Carreño a les nerfs fragiles. « Candonga » (grosse carafe de vin au Chili, ndlr) tombe dans le piège et envoie une droite dans l’estomac de son adversaire. L’arbitre de la rencontre l’exclut : « Jusque-là, rien de spécial, une expulsion de plus dans l’histoire de football » se remémore le buteur dans une interview pour The Clinic. Sur le chemin du vestiaire, Carreño croise le gardien adverse, l’Argentin Hernán Caputto, qui chambre le Chilien en lui rappelant son éviction de la liste de la Roja pour la Coupe du monde 1998. « Tu ne peux pas provoquer un joueur qui vient de prendre un carton rouge, c’est un des codes basiques du football. Il a cherché à se faire frapper. » Alors, Carreño frappe : un combo droite-gauche qui met le gardien adverse au sol. Puis il se dirige vers les vestiaires. Une horde d’adversaires vient embrouiller le numéro neuf de Huachipato. Seul contre tous, Juan Carreño distribue les droites. « Les mecs ne venaient pas pour me faire un câlin. Quand tous les autres viennent m’attaquer, je dois logiquement me défendre. Ou tu frappes, ou ils te défoncent. Dans mon quartier, on apprend qu’il faut toujours tirer pour tuer » se justifie Carreño. Résultat, le gardien remplaçant, un adjoint et quelques joueurs adverses reçoivent les coups du buteur, qui sera sorti du terrain avec l’aide de la police. Carreño sera suspendu six mois, et tombera bien plus bas.

Vidéo

Zamorano, le « connard de l’équipe »

Les images qui tourneront en boucle à la télévision chilienne poursuivront Candonga durant toute sa carrière. Aujourd’hui, il affirme « que les journalistes ne cessent de lui rappeler cet épisode » . Il voudrait que les Chiliens se rappellent qu’il était un buteur hors pair, imposant dans la surface, et qu’il aurait pu concurrencer Salas et Zamorano, les deux légendes chiliennes, si ce dernier « ne dirigeait pas la sélection, se comportant comme le connard de l’équipe » . Il marque même l’un des buts qui qualifient le Chili pour la Coupe du monde en France, face à la Bolivie.

Pourtant, Nelson Acosta, sélectionneur de la Roja, exclut Carreño de la liste pour le Mondial 98 en France, affirmant que le buteur était blessé. Carreño raconte que sa blessure n’était pas grave, et que l’entraîneur a été influencé par Zamorano. Finalement, Neira, « un pote de Zamorano » selon les dires du joueur formé à Colo-Colo, sera sélectionné à sa place. Carreño affirme même que ce moment représente le tournant de sa carrière : « Ils n’ont pas mesuré le mal qu’ils m’ont fait. J’avais 29 ans, j’avais joué deux Libertadores, j’étais plusieurs fois meilleur buteur du championnat. Je pense que je méritais plus de respect. » Une désillusion encore plus dure à avaler puisqu’Acosta était l’entraîneur qui a recruté Carreño à l’Unión Española. « Il s’est comporté comme un enfoiré, et je ne discute plus avec les gens qui m’ont mis dans la merde » affirme Carreño dans une interview pour The Clinic. Cet échec marquera la fin d’une carrière mouvementée (le buteur chilien a joué dans 14 clubs, dont Huachipato, Cobresal ou encore Coquimbo), où le football est souvent passé au second plan.

Whisky et douche glacée le matin

Carreño, qui a brillé lors de la Coupe du monde des moins de 20 ans en 1987, est baladé de club en club par Colo-Colo. La raison est simple : son indiscipline. Très tôt, il montre un goût prononcé pour la boisson et les sorties nocturnes. Carreño, qui n’a jamais disputé un match officiel avec son club formateur, raconte : « Je suis souvent arrivé bourré à l’entraînement. Mais au moins, je venais. Je buvais un whisky le matin, je prenais une douche glacée, et j’étais prêt à m’entraîner. Je restais une heure de plus pour que l’alcool passe. » Un coéquipier raconte que lors d’un entraînement, le coach, inquiet de son état, lui demande s’il va bien : « Ça va. Je pense que j’ai deux kilos de trop… Ou deux litres, je suis pas sûr » , lui répond Carreño.

Pour lui, l’alcool était la meilleure solution pour évacuer la pression : « Je devais toujours être le meilleur buteur. Mon moyen de me soulager était donc de sortir, deux ou trois heures la nuit. » Un hobby qu’il ne cachait jamais : « À chaque fois que j’arrivais à un accord économique avec les dirigeants, je parlais à l’entraîneur et lui disais que je signais le contrat, avec la condition de pouvoir sortir le lundi et le mardi, et qu’il ne s’occupe pas de ma vie privée. » Le joueur raconte aussi « qu’il fumait une cigarette avant chaque match dans les vestiaires pour se relaxer » . Une attitude qui ne passe pas partout. En 1994, alors qu’il joue pour les Pumas de la UNAM au Mexique, Carreño s’embrouille avec un Brésilien qui lui met deux petits ponts à l’entraînement : « Je l’avais prévenu la première fois. Il a recommencé, alors je lui ai mis un énorme tacle. Quelques joueurs sont venus autour de moi, mais aucun n’a osé me frapper » raconte-t-il.

Dépression et coke

La suite de la carrière de Carreño est presque logique. Après sa non-sélection pour le Mondial 98, il déprime. Aussi, il se rapproche de Manuel Fuentes Cancino, un narcotrafiquant chilien, et tombe dans la drogue : « Je prenais de la cocaïne une fois par semaine, puis deux, puis trois. J’ai dépensé des millions. La drogue m’a poussé à me lancer dans des affaires avec des personnes que je ne connaissais pas du tout. » Carreño ouvre trois bars, dont un nommé le Club Candonga : « Aucun n’a fonctionné. Je pensais que ça allait marcher. Je me prenais pour le roi, mais j’avais tous les ingrédients pour tomber : l’alcool, l’argent, les femmes, la drogue et la célébrité. » Carreño met fin à sa carrière en 2003, après un contrôle positif à la cocaïne.

Aujourd’hui, l’ancien buteur chilien affirme avoir retrouvé la « paix mentale » , mais ne regrette rien : « Je me suis tapé les meilleures cuites, les meilleures femmes et j’ai bu les meilleurs whiskys. Mais le lendemain, j’étais toujours le premier à l’entraînement » . Après sa carrière, il est devenu entraîneur, mais a rapidement renoncé. Apprécié par une partie de l’opinion publique pour son fort caractère, Carreño affirme qu’il est sans cesse invité à des programmes de télévision : « On m’a demandé de participer à un programme de téléréalité de danse. Je les ai envoyés chier. Imagine, après m’être battu avec quinze mecs sur un terrain, je ne peux pas danser avec un tee-shirt serré et des collants noirs comme John Travolta. »

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Par Ruben Curiel, à Santiago de Chile

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