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Joyeux anniversaire, Steed Malbranque !
Après un départ à la retraite avorté il y a déjà plus de quatre ans, Steed Malbranque est aujourd'hui toujours footballeur professionnel. À 36 ans, et avec toutes ses dents, le milieu de terrain lyonnais poursuit sa carrière comme il l'a toujours vécue : avec discrétion et un certain goût de l'effort.
Si certains lui font des adieux précipités à peine la trentaine passée, et si d’autres, indécis, aiment le quitter pour mieux le retrouver, Steed Malbranque n’a lui pas prévu de se séparer du football tout de suite. Alors qu’il souffle aujourd’hui 36 bougies sur un gâteau dont il ne pourra certainement manger qu’une petite part, le milieu de terrain de l’Olympique lyonnais espère bien aider son équipe jusqu’à la fin de la saison. Moins vif, moins technique aussi, accusé de freiner le jeu quand il est sur la pelouse, Steed commence sans aucun doute à sentir le poids des années s’accumuler sur ses épaules. Mais comment lui en vouloir ? Lui qui a été formé à Lyon, qui est allé faire son trou en Angleterre avant de revenir jouer les rôles de joker inattendu. Certes, Steed est peut-être en train de devenir ce grand-père qu’on ne veut plus aller voir le dimanche à la maison de retraite parce qu’il perd la raison, mais il mérite qu’on l’accompagne dignement jusqu’au bout du chemin. Car lui aussi a de belles histoires de guerre à raconter. Et même s’il n’a jamais réclamé qu’on l’acclame et qu’on le décore, il a toujours été en première ligne, fusil à l’épaule.
Steed of light
Originaire de Mouscron, en Belgique, le jeune Steed se retrouve rapidement à faire des étincelles au centre de formation de l’OL. De 1994 à 1997, il remporte trois titres avec les équipes de jeunes : le championnat U15, la coupe Gambardella et le championnat des équipes réserves. Avec de telles prestations, impossible de ne pas lui donner sa chance en équipe première. C’est là que tout commence pour ce jeune milieu de terrain vif, technique, agile, capable de briser les lignes soit en dribblant soit en envoyant des merveilles de passes dans les pieds. Aux côtés d’Hubert Fournier, qu’il retrouvera plus tard, Steed répète ses gammes sans jamais s’illustrer ailleurs que sur un terrain de football. En 2001, après la victoire en Coupe de la Ligue, il quitte la France et rejoint Fulham. Loin des yeux, Steed se retrouve vite loin du cœur des Français, qui en oublient complètement de suivre ses performances. Et c’est bien dommage. À Craven Cottage, le milieu de terrain ajoute une corde à son arc : celle de l’endurance. Le rythme de la Premier League l’oblige à se faire pousser un troisième, puis un quatrième poumon.
Et c’est bien là que le public français a manqué une étape dans le développement de Malbranque. Bien qu’évoluant dans des clubs du « ventre mou » de la Premier League des années 2000, Steed a brillé partout où il est passé. À Fulham, où il a sauvé le club de la relégation en 2002/2003, à Tottenham, où les supporters ont encore en travers de la gorge son départ en 2008, et surtout à Sunderland, où il est encore aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs joueurs du club ces dernières années. Et si la France ne voulait pas voir son talent à cette époque, James Milner, entre autres, peut témoigner des capacités de Steed Malbranque.
Bien évidemment, il serait exagéré de faire de Steed Malbranque un génie incompris, mais son exil anglais permet à lui seul d’expliquer son retour tonitruant à Lyon en 2012. Un retour qui avait surpris bien des spectateurs, qui ne voyait en Malbranque rien de plus qu’un remplaçant correct pouvant apporter un peu d’expérience dans une équipe de jeunes.
Working class hero
S’il y avait un homme qui ne devait pas s’étonner de voir Malbranque rayonner avec l’Olympique lyonnais en 2012, c’était bien Tony Blair. « Steed est l’un de ces héros dont on ne parle pas assez. Il a le caractère d’un battant et un énorme volume physique » , avait délcaré l’ancien Premier ministre britannique en 2005, confiant que Steed était l’un de ses joueurs préférés. À Lyon, lors de son retour par la toute petite porte, Steed est venu occuper un poste à l’abandon depuis les départs de Juninho et Tiago. Bien plus robuste que les fragiles meneurs de jeu Grenier et Gourcuff, Malbranque a vite réussi à pallier ce manque, permettant ainsi à Rémi Garde de développer son schéma de jeu. Empilant les passes décisives et les petits ponts pour sa première saison parmi l’OL de Garde, Steed avait aussi une belle conservation de balle, utile quand il s’agit de temporiser quand tout ne se passe pas pour le mieux.
Alors oui, Steed est aujourd’hui sur les rotules, et ses entrées en jeu s’apparentent plus à du dépannage qu’à autre chose. Et pourtant, le milieu de terrain continue à donner le meilleur de lui-même, quoi qu’il arrive. Parce que c’est sa qualité première : le travail sur le terrain et le silence en dehors. Tant et si bien qu’à Lyon, les dictionnaires ont été ré-édités pour qu’on puisse désormais trouver, à côté de la définition du stakhanovisme, un portrait de Steed. D’autant plus qu’à Lyon, les Gones ont tendance à aimer tous les joueurs qui ont mis, d’une manière ou d’une autre, les Verts dans l’embarras. Si, avec tout ça, les supporters lyonnais ne sont pas contents de voir ce milieu de terrain infatigable fouler la pelouse de leur nouveau stade, c’est que la reconnaissance sera restée emprisonnée à Gerland pour toujours.
Par Gabriel Cnudde