- Ligue des champions
- 8e de finale aller
- Manchester City/FC Barcelone
Jovetic : l’abondance nuit parfois
Stevan Jovetić a fait l'amère expérience que l'abondance de biens peut nuire. Non pas au club, mais à ceux qui en portent les couleurs. Comme le Monténégrin, d'autres joueurs sont restés sur le bord de la route de la Ligue des champions tels de vulgaires animaux domestiques abandonnés en partant en vacances. Tour d'horizon non exhaustif.
Les talents mis de côté
Cinq buts et une poignée de passes décisives après une pré-saison de feu, Stevan Jovetić pensait sûrement avoir fait le nécessaire pour passer la saison au chaud à Manchester City. Hélas pour le Monténégrin, il aura fallu la signature hivernale de Wilfried Bony pour lui pourrir son début d’année. Il y a trois ans et demi, un autre grand talent a vu la Ligue des champions lui filer sous le nez, la faute à un effectif pléthorique : Romelu Lukaku. L’attaquant belge, débarqué à l’été 2011 d’Anderlecht, arrive à Chelsa avec le statut de future star. Mais avec la concurrence de Drogba, Sturridge, Kalou ou encore Fernando Torres, André Villas-Boas décide de se passer de ses services pour la C1 et la plupart des matchs de championnat. L’entraîneur portugais, qui avait déclaré en début de saison « l’an prochain, c’est sûr, le trophée arrivera dans ce club » , se fait virer en cours de saison, mais voit son successeur Roberto Di Matteo lui donner raison en mai… Une ironie du sort qui ne suffit pas à calmer Lukaku : « Il y a quelqu’un à qui je ne pardonnerai jamais le traitement qu’il m’a réservé » . Le Belge devrait lire Lao Zi, le sage taoïste chinois qui, un jour, déclara : « Si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. » Viré également à Tottenham, Villas-Boas sévit désormais au Zénith St-Pétersbourg.
Victime du règlement à la con
Parfois, les clubs ne sont pas forcément de mauvaise volonté, mais ne maîtrisent pas le règlement. Celui-ci stipule en effet qu’un joueur ne peut pas disputer de compétition continentale avec deux clubs différents dans la même saison. En 2011, Diego Forlán est piégé sous le maillot de l’Inter Milan, la faute à un match de préliminaire de Ligue Europa disputé avec l’Atlético Madrid. « Je ne connaissais pas le règlement de l’UEFA, et je me suis basé sur ce qu’on m’a dit » , à savoir qu’il suffisait de ne pas disputer le dernier barrage contre Guimarães… 18 mois plus tôt, à l’hiver 2009, c’est Klaas-Jan Huntelaar qui reste à quai. Le Real Madrid a le droit d’ajouter un joueur ayant déjà disputé une compétition européenne à sa liste hivernale, mais vu que Lassana Diarra est dans le même cas de figure que le Batave, les Merengues sacrifient ce dernier. Pas de quoi en faire toute une histoire, contrairement à Fernando Morientes. Après un prêt exceptionnel à Monaco, l’avant-centre croit revenir au Real Madrid avec un statut de titulaire, mais se contente de faire banquette, et de disputer quelques minutes de C1. Sauf qu’en janvier, il est transféré à Liverpool sans avoir le droit de jouer la Coupe d’Europe. C’est moche pour lui, car la bande à Steven Gerrard s’adjuge la Coupe à Istanbul au mois de mai. Même Djibril Cissé, revenu à temps d’une terrible fracture, est mieux loti que l’Espagnol…
Les riches aiment bien jeter aux oubliettes les vieilles gloires qui n’ont pas su résister à l’épreuve du temps. Dans cette catégorie, la liste des recalés aux articulations qui grincent est longue : en 2008, José Mourinho débarque à l’Inter Milan. Sa première grosse victime : Hernán Crespo, 33 ans sonnés et sur le déclin. L’entraîneur portugais a beau l’écarter de sa liste en septembre, l’Argentin ne se démonte pas et met ses couilles sur la table : « Le club veut se débarrasser de moi ? Cela ne marchera pas, je resterai même si c’est pour être sur le banc toute la saison. » Ce à quoi le Special One répond en février en le gardant toujours à l’écart de sa liste C1 : « Désolé, mais je n’ai toujours pas de place pour Hernan » . Dans l’autre club de Milan, c’est l’icône Pippo Inzaghi qui est sacrifié à l’automne 2011. Il faut dire que le renard a beau avoir des stats de feu en Champions, il n’est plus tout frais à 38 ans, et ne marquera d’ailleurs qu’un seul pion dans toute la saison, sa dernière comme professionnel… Enfin, il faut souligner l’été meurtrier de 2012 pour les vieux : Kolo Touré à Manchester City, Florent Malouda à Chelsea et Diego Lugano à Paris sont laissés sur le bas-côté, ce qui permet au premier de devenir consultant Ligue des champions sur beIN, au second de faire une saison blanche et d’enterrer sa carrière internationale, et au troisième de découvrir la Ligue des champions depuis le banc de Málaga en seconde partie de saison.
Bonus vintage
Il fut une époque où le Milan AC, alors superpuissance du continent, se permettait d’accumuler à lui seul la luxure que s’octroient aujourd’hui Chelsea, Manchester City et les autres ultra-riches de la planète football. En 1993, alors que le règlement n’autorise les clubs qu’à trois « non sélectionnables » par match de Coupe d’Europe, les Rossoneri comptent six cadors étrangers dans leurs rangs : les Néerlandais Ruud Gullit, Frank Rijkaard et Marco van Basten, le Français et Ballon d’or sortant Jean-Pierre Papin, le Yougoslave Dejan Savićević et le Croate Zvonimir Boban. C’est mathématique, à chaque match européen, ils sont trois à rester sur le carreau. Pour la finale de Munich contre l’OM, ce sont Gullit, Savićević et Boban qui sont sacrifiés. Un terrible gâchis que le club lombard renouvellera l’année suivante, cette fois-ci avec JPP, Brian Laudrup et Florin Raducioiu… Comme quoi ce n’était pas forcément mieux avant.
Par