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Homophobie : le foot préfère l’orage à l’arc-en-ciel

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes

La LFP avait introduit de petites touches arc-en-ciel lors de la dernière journée de Ligue 1. Malgré la discrétion de l’affichage, cette volonté de condamner une forme de discrimination punie en France par la loi a (de nouveau) rencontré le scepticisme, voire l’hostilité d’une partie des acteurs du foot.

Homophobie : le foot préfère l’orage à l’arc-en-ciel

Chaque saison, depuis 2019, la Ligue de football professionnel tente de faire amende honorable pour son indéniable retard sur le sujet, et d’associer une des journées de Ligue 1 à la lutte contre l’homophobie. En cette année olympique, où le Comité d’organisation français veut mettre en avant l’inclusion de toutes et de tous, y compris avec une pride house spécialement pensée autour des droits LGBT, le foot était particulièrement attendu au tournant. Juste pour mémoire, les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre peuvent conduire à des condamnations de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

S’il existe un fossé entre la loi et la société, l’exemplarité et une position claire à ce propos sont largement demandées par les associations de lutte contre l’homophobie ou les structures sportives LGBT. Le petit monde du ballon rond reste encore largement imprégné par une forme de loi du silence ou d’homophobie latente. Ainsi, les 1300 footballeurs masculins pros exerçant dans l’Hexagone sont officiellement tous hétéros. Les autres cachent leur orientation sexuelle, par peur souvent, sous la pression régulièrement de leur entourage, club ou agent. À cela s’ajoute évidemment la problématique des chants de supporters.

Moins de bruit, mais toujours des réticences en 2024

En 2024, l’opération dite de sensibilisation tombait en plein multiplex, deux jours après la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (le 17 mai). Les précédentes éditions avaient été entachées par le refus de certains joueurs de porter d’une façon ou d’une autre les couleurs de l’arc-en-ciel, notamment de la part de joueurs issus ou internationaux de pays où l’homosexualité demeure encore un crime. Les Toulousains Moussa Diarra, Saïd Hamulic et Zakaria Aboukhlal, et le Nantais Mostafa Mohamed par exemple, se retranchant souvent derrière leurs croyances personnelles ou religieuses pour justifier leur refus. Il ne faut pas oublier les coachs qui avaient critiqué la pertinence d’une telle démarche, qui apparemment les embêtait plus qu’autre chose, surtout quand un de leur « gars » se fait porter pâle ce jour-là.

Globalement le cru 2024 a été moins polémique. La voilure avait été d’ailleurs considérablement réduite, supprimant notamment le flocage « gênant » sur les maillots. À la place, deux patchs et les couleurs LGBT sur les drapeaux de corner. Une action si discrète que des structures telles que SOS Homophobie et PanamBoyz & Girlz se sont désolidarisés devant une frilosité qui visait finalement surtout à ménager le camp des réticents. Du coup, l’immense majorité des joueurs a posé sur la photo d’avant-match, et des entraîneurs ont cette fois soutenu l’événement, sincèrement ou par opportunisme, à chacun de juger.

Seul Mostafa Mohamed a déclaré forfait, et Mohamed Camara, le milieu de l’AS Monaco, dauphin du PSG, est venu sur le terrain certes, mais en ayant au préalable occulté les deux logos à l’aide de scotch du plus bel effet et impossible à ne pas remarquer. Adi Hutter a essayé de ménager la chèvre et le chou et surtout de botter en touche : « D’abord, je tiens à dire que nous, en tant que club, nous supportons l’opération organisée par la LFP. Pour sa part [de Mohamed Camara], c’est une initiative personnelle. Il y aura une discussion en interne avec lui à propos de cette situation. Je ne commenterai pas plus. »

Le bal des hypocrites

Comme toujours, sur ce sujet, la même ligne de défense est brandie : ne pas vouloir assurer « la promotion » de l’homosexualité (comparable donc à une marque de soda). Jimmy Briand, aujourd’hui consultant télé, a également dégainé l’arme ultime de la liberté d’opinion : « Il faut respecter. Chacun a le droit d’avoir ses convictions. C’est ça aussi le respect, c’est de respecter les gens qui ont d’autres convictions. » Petite question : trouverait-il normal qu’un pro dissimule un logo contre le racisme au nom de ses convictions « suprémacistes » ? Ces propos ont depuis été condamnés par l’association Rouge direct. Le mystère reste entier. Existe-t-il vraiment une personne pour imaginer que la vue d’un arc-en-ciel peut convertir par hypnose qui ce soit et lui faire changer d’orientation sexuelle ? Ou s’agit-il juste d’une profonde hypocrisie, de la volonté de ne pas heurter au « pays » ou bien l’intime conviction que l’homosexualité doit rester « honteuse » ?

Comme chaque année, l’affaire a pris une petite dimension politique. « Un tel comportement doit faire l’objet des sanctions les plus fermes à la fois contre le joueur, mais aussi contre le club qui l’a laissé faire », a expliqué sur RTL dès le lendemain la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera au micro de RTL. Quel type de sanction alors ? De la part de la LFP ? Des poursuites juridiques ? Le club va-t-il imposer une amende de principe pour avoir la paix ? La lutte contre l’homophobie dans le foot se retrouve de nouveau prisonnière de cas particuliers et de pseudo-débats moralistes, et perd ainsi sa vision d’ensemble.

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