- France
- National
- 17e journée
- Bourg-Péronnas/Paris FC (0-1)
Jour de fête dans le bourg
On a trouvé où Jean-Jacques Annaud pourrait tourner la suite de Coup de tête : à Bourg-Peronnas, qui joue la montée en Ligue 2. Samedi, les bénévoles de la buvette de Bébert accueillaient le Paris FC.
Le marché du samedi matin, un centre-ville plutôt calme, trois pages dans la presse locale. Si la rencontre entre Bourg-Peronnas et le Paris FC fait l’actualité, on ne sent pas ici le thermomètre monter. La boulangère avoue préférer le basket, une charmante patronne de café se pose quant à elle la question du lieu du match : « Ça se joue à Verchère, au stade de rugby, c’est plus grand, non ? » La rencontre entre les Parisiens, leaders de National, et leur dauphin, le FC Bourg-Peronnas se joue bien au stade municipal. Et pour baigner dans le jus du club bressan, c’est bien là-bas qu’il faut traîner.
Quatre heures avant le match. Le portail de l’enceinte est grand ouvert. On y entre comme dans un café. Et l’accueil est à l’image du club, sans fioriture. Alors que les techniciens de Ma Chaîne sport s’installent pour une retransmission télé inhabituelle à ce niveau, les joueurs d’Hervé Della Maggiore viennent de sortir de table. Aux manettes de la buvette de Bébert : Christian, Georges et André. Trois figures, au club depuis près de soixante ans : « On leur a servi du poulet au vin rouge » , s’amuse Georges, débonnaire. Sans chichi, les trois mousquetaires ne changent rien depuis toujours. « En Honneur, en National, c’est pareil. Allez, vous allez bien prendre un verre ! » Bon. Bibiche arrive, déléguée terrain du club. L’atout charme.
Les grenouilles de Domenech
Entre rires et bons vivants, la venue du Paris FC n’est qu’un match de plus. Parce qu’ici, le ballon est avant tout un prétexte pour se retrouver. Même si la Ligue 2 n’est pas un sujet tabou. « Si on monte, on pourra plus vous accueillir comme ça, et puis nous, les vieux de la vieille, on nous demandera d’aller voir ailleurs. Bon, c’est pas grave, on ira avec la réserve » , soupire Georges. André ose un peu plus. « Ce matin, il y avait une grande réunion avec les sponsors. Financièrement, on n’est pas au top. L’an prochain, c’est la Ligue 2 ou une rétrogradation en Honneur. La mairie de Bourg-en-Bresse n’est pas trop chaude pour investir. » Quoi qu’il en soit, le club changera de nom l’année prochaine au profit du FC Bourg-en-Bresse Peronnas 01, une histoire de localisation, d’une meilleure identification. « Ils nous cassent les pieds, jamais une équipe adverse est arrivée en retard » , rigole Marie-Thérèse, bénévole elle aussi.
C’est au tour de l’entraîneur adjoint de Peronnas, Françis Hudry, la trentaine, d’arriver à la buvette de Bébert. Il sort d’une réunion, il a une petite faim. « C’est un super gars, lui » , lancent en chœur les trois vedettes. Il aura un bon plat de pâtes. Avant l’affiche de cette dix-septième journée, nous aussi on aimerait jouer de la fourchette. « Allez chez Annie, c’est le siège du club, tout droit, à droite, avenue de Lyon. » Soit. Au même moment, Raymond Domenech « descend » au stade municipal. Reconverti commentateur pour Ma Chaîne sport, il attend ce match avec impatience. Et en tant que lyonnais, il connaît bien le coin : « Je venais parfois à Bourg pour manger les grenouilles, avec ma mère, les dimanches après-midi. Mais les vraies, celles pêchées dans les étangs de la Dombes à l’époque. »
Le siège Chez Annie, entre billets du match et génépi
Chez Annie, des écharpes accrochées aux murs. Et les épopées en Coupe de France dont celle de 1998, le plus bel exploit des Bleus, un quart de finale contre l’OL. Mais aussi une brochette de clubs pros : Metz, les Verts, Strasbourg, Ajaccio, Auxerre, Marseille en 2012 et encore Montpellier la saison suivante. Atmosphère apéritif et plat du jour. Maurice, au service derrière le comptoir, perruque vissée sur la tête : « Tu la vois celle-là, elle me suit depuis 98 et le quart de finale contre l’OL. » Attablés, quatre amateurs de ballon rond et d’ambiance « trop rares » sont à la recherche de billets. La rencontre d’aujourd’hui va se jouer devant 3 000 personnes. Comme une succession d’événements improbables, Richard, serveur en salle, monte sur scène. Il appelle Annie, la patronne. Elle mange avec le président du club, Gilles Garnier, à la salle des fêtes de Peronnas où tous les partenaires se sont retrouvés. Avec la bouteille de génépi, il apporte la bonne nouvelle aux tout nouveaux supporters du FCBP. « C’est bon, Annie arrive avec les places » , sourit Richard. Elle ne voudra rien savoir et offrira les billets pelouse. En échange, un petit pronostic. Jocelyne est à la manœuvre, avouant elle-même ne pas trop comprendre le fonctionnement de ce jeu. Peu importe, le match a bien débuté, ici chez Annie. Là aussi, on parle de la montée et des éventuelles conséquences.
La Ligue 2 en fond de décor
Historiquement le club phare est Peronnas. Dans cette agglomération de 60 000 habitants, difficile de jongler et de se mettre d’accord. Tout dépendra des mairies de Bourg-en-Bresse et de Peronnas, mais aussi des affinités liées au président du club. Pour l’heure, il faut jouer le Paris FC, club présenté comme intouchable en National avec un budget de plus de 4 millions d’euros, soit deux fois plus que son dauphin. La rencontre est équilibrée, cadenassée des deux côtés. La folie n’est pas au rendez-vous. Seul Berthomier osera une belle frappe en première période pour les locaux. La veille, le Red Star a fait match nul à domicile contre Frejus-Saint-Raphaël (0-0). En cas de victoire, les Bressans occuperaient le fauteuil de leader. Improbable en début de saison. Malgré une rencontre trop sérieuse, le kop BP Fans ne cesse de lancer des chants. De l’autre côté, la poignée de supporters parisiens a le mérite d’avoir fait le déplacement.
À 5 minutes du terme de la rencontre, le capitaine Lybohy saute plus haut que tous pour signer de la tête le but de la victoire parisienne. Quant à Boussaha, entré en cours de jeu, il s’est fait remarquer en foirant l’égalisation. Le stade se vide avec une dernière halte à la buvette. « Le foot le samedi pour des stades en vie » , avaient affiché les supporters bressans. Ceux de Paris auront droit à un maillot de joueur. Quarante kilos de frites plus tard, des dizaines de hot-dogs en moins, le FC BP demeure sur le podium. Avec la Ligue 2 toujours dans le viseur.
Par Cédric Perrier