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Jouer une équipe de D2 en finale de Coupe peut-il être un bourbier ?
Le PSG de Zlatan Ibrahimović contre l'AJ Auxerre de Pierre Bouby. Sur le terrain, ces deux équipes ont peu de chances de rivaliser. Sur Twitter, c'est autre chose. Mais c'est bien sur l'herbe du Stade de France que se déroulera la finale de la Coupe de France. Pour le PSG, le quadruplé national passe par une victoire contre un pensionnaire de deuxième division. Tout sauf un cadeau.
Quevilly (National), Sedan (Ligue 2), Amiens (National), Calais (CFA) ou encore Nîmes (National) se sont hissés en finale de la Coupe de France depuis 20 ans. Ces cinq équipes ont perdu en finale contre une formation de première division. Jusqu’ici, rien d’anormal. Aucune de ces équipes n’a perdu par plus d’un but d’écart. Pis, Amiens a poussé le Strasbourg de José Luis Chilavert aux tirs au but en 2001. Autant dire que se coltiner une équipe d’une division inférieure en finale de Coupe nationale est tout sauf l’assurance d’une promenade de santé. Ce n’est pas Rennes qui dira le contraire puisque les Bretons se sont fait ouvrir en deux par une D2 en finale en 2009 (les voisins de Guingamp). Avant l’édition 2009, seul Le Havre, en 1959, avait réussi à soulever le trophée en officiant en deuxième division. Comme quoi, jouer une équipe supposée inférieure est un vrai casse-tête. Le PSG en sait quelque chose, lui qui a eu « l’honneur » de perdre une finale de Coupe de la Ligue contre Gueugnon – alors en D2 – au Stade de France en 2000 (0-2).
Complexe de supériorité
Le PSG de Zlatan Ibrahimović est-il capable de se faire surprendre par Sébastien Puygrenier et sa bande ? Oui. À condition de le vouloir, en fait. Si les Parisiens décident de faire le boulot sérieusement, le match sera simplifié très rapidement. À l’inverse, si les Franciliens partent du principe que le quadruplé est dans la poche en raison de la faible valeur de l’adversaire (neuvième de Ligue 2, quand même), le match peut se transformer en un formidable traquenard. C’est souvent le cas en Coupe de France quand des professionnels se retrouvent face à une équipe d’une division inférieure. Dans les tronches, un complexe de supériorité n’est jamais loin. On se la joue facile, on se regarde et hop, on prend un but en contre ou sur phase arrêtée.
Ce samedi soir, les Parisiens savent qu’ils vont rencontrer une équipe qui ne va pas faire le jeu ni même se donner la peine de bien jouer. « Toutes les équipes qui sont allées les chercher sont passées au travers. On ne peut pas tenter cela. Alors, ce ne sera pas joli au niveau esthétique » , a lancé Jean-Luc Vannuchi, l’entraîneur d’Auxerre en conférence de presse. Au moins, c’est franc. Alors que risque le PSG ? Un raté monumental comme celui de 2000 face à Gueugnon. Contre les Forgerons, les hommes de Philippe Bergeroo avaient mis bien trop de temps à entrer dans leur match, persuadés que la victoire allait suivre. Mauvaise idée.
Le cauchemar de Clermont Foot
90 minutes et deux buts dans la casquette plus tard, le PSG perd une finale qu’il aurait dû gagner. Le coach de la capitale se livre d’ailleurs très froidement au soir de la défaite, dans un Stade de France encore assommé : « Sur ce match, Gueugnon mérite de gagner. Nous n’avons fait preuve d’aucune agressivité. À partir de là, nous avons été en retard dans tous les duels et nous sommes passés complètement à travers cette finale. Il faut assumer et bien se reconcentrer. En foot, on ne peut pas toujours tout expliquer. Sur ce match-là, nous sommes tout simplement, je le répète, passés à travers. Je ne sais pas pourquoi, mais, de toute façon, il ne faut pas chercher des excuses. Ce soir, nous avons probablement fait l’un de nos plus mauvais matchs de la saison. Je regrette que cela arrive en finale, mais c’est ainsi. » Et ce match-là, ce n’est rien comparé à la folie de Clermont Foot. On est en mars 1997, le PSG se déplace en Auvergne et mène 4-1 à 20 minutes de la fin. Ça déroule… Et puis le trou noir. En 20 minutes, les Parisiens en prennent trois et s’inclineront aux tirs au but. Clermont Foot joue alors en National 2. Une soirée cauchemar comme seul le PSG en est capable en Coupe.
Prendre l’adversaire de haut avant de se relâcher dans des proportions incroyables. « Quand on ne se respecte pas soi-même, voilà ce qui arrive » dira Bernard Lama après le naufrage clermontois. Un naufrage dans lequel le gardien international a pris 4 buts en 5 tirs. À chaque fois que le PSG a failli en Coupe contre des plus petits, ce n’est pas sur le terrain que la différence était frappante. Mais dans les têtes. Jouer un match de coupe contre une équipe de moindre renommée demande un minimum d’investissement, de concentration et de professionnalisme. Il faut faire le job et bien le faire. Depuis l’arrivée des Qataris, le scénario ne s’est jamais produit en Coupe de France contre un club d’une division inférieure. Cela dit, on a déjà vu les Parisiens s’écrouler alors que le plus dur avait été fait. La défaite à Bastia, en janvier, alors que les Parisiens menaient 2 à 0, est le symbole de cette équipe capable de débrancher sans prévenir. À 90 minutes d’un quadruplé historique dans le football français, le PSG va-t-il faire le boulot sérieusement et abattre froidement son adversaire du soir ? C’est l’énorme avantage du football moderne et du PSG. Avec le club de la capitale, tout est possible. Même l’impossible.
Par Mathieu Faure