- CAN 2010
- Cameroun-Egypte
- Samuel Eto'o
«Jouer avec notre sang !»
Samuel Eto'o n'a pas fait de mystère sur le calvaire que pourraient endurer les Égyptiens dès 17h cet après midi en utilisant un vocabulaire qui emprunte à la guerre et au combat des gladiateurs...
« Ne craignez pas ! Tenez ferme et vous verrez ce que l’éternel va faire pour vous sauver aujourd’hui, car les Égyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les verrez plus jamais. L’éternel combattra pour vous, et vous, tenez-vous tranquilles » . Voilà le message, tiré de “Exode, chapitre 14, versets 13 et 14”, qui circule en texto en ce moment dans tous les téléphones portables chez les supporters des Lions Indomptables. Même si les mots sont bien choisis au regard du contexte, tout cela aurait pu être mis sur le compte de l’agitation des supporters qui craignent un adversaire coriace, si on n’avait pas assisté hier matin (dimanche) à la conférence de presse d’avant-match des Lions Indomptables à l’Hôtel Praia Morena de Benguela.
Dans une salle comble, comme jamais depuis le début de la compétition, Samuel Eto’o, le cornac des Indomptables, a tenu des paroles rares pour un joueur de son niveau, mais suffisamment révélatrices de l’état d’esprit qui prévaut dans la tanière des Lions en cette veille de match. « Ce match n’est pas un match ordinaire… » . Voilà les premières paroles du chef de meute qui arrachent une salve d’applaudissements des supporters, autorisés de façon spéciale à prendre part à cette conférence. Ils ne se doutent probablement pas à cet instant que le meilleur est à venir. « Quelqu’un ne peut pas venir chez toi, il te tape à deux ou trois reprises devant ta femme et tes enfants, et tu l’acceptes sans réagir… » .
Samuel Eto’o, toujours aussi applaudi, fait référence à l’humiliation subie par l’équipe du Cameroun à l’entame de la finale de la dernière CAN au Ghana, contre les Égyptiens. Il nuance en affirmant que l’élimination pour la Coupe du monde 2006 face à l’Égypte à Yaoundé et la finale perdue au Ghana n’étaient pas véritablement le fait de la domination égyptienne, mais des erreurs camerounaises. Mais cette nuance n’enlève rien au fait que toutes ces humiliations devant l’Égypte lui restent en travers de la gorge. Et c’est justement à ce moment, que Samuel Eto’o passe à la vitesse supérieure : « C’est possible que demain l’Egypte nous gagne, mais avant de nous gagner, ils vont souffrir. Je vous le répète, le match de demain n’est pas un simple match… nous allons même s’il le faut, le jouer avec le sang… En tout cas, moi, Samuel Eto’o, je ne peux plus accepter perdre devant l’Égypte » .
Le Lion lâché, c’est l’assistance qui se régale et lit à travers ses déclarations “guerrières ” la volonté de se surpasser et de dompter enfin ces maudits Pharaons. Paul Le Guen, assis aux côtés du Milanais, n’avait que son regard et ses hochements de tête pour apprécier la détermination de son capitaine. Quel entraîneur ne se régalerait pas de cela après tout ! La conférence de presse se sera résumée à cette rage de Samuel Eto’o. Paul Le Guen a juste eu le temps de revenir sur cette polémique qui enfle autour de l’état de forme de Idriss Carlos Kameni : « Je le réaffirme ici, Idriss a toute ma confiance. La place de gardien de but est une place particulière. Idriss est le numéro un, il a fait trois matchs, et je n’ai pas l’intention de changer… la hiérarchie est claire au sein de la sélection, Idriss est le numéro un, Souleymanou le numéro deux, et Guy Roland Ndy Assembé le numéro trois. Je peux vous le dire, Idriss sera bel et bien aligné dans les buts » . Une fermeté qui ne semble pas être de mise, lorsque Paul Le Guen est interpellé sur les bouleversements observés contre la Tunisie. S’il refuse d’accepter de parler de révolution, préférant évoquer une « évolution » , il a laissé entendre que quelques « anciens » pourraient faire leur apparition demain face à l’Égypte, tout en appréciant le travail abattu par les jeunes lors du match contre la Tunisie. Vivement demain…
Envoyé spécial à Benguela Marcel Camus Mimb
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