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Jouanno, l’honneur et son «job»

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Jouanno, l’honneur et son «job»

Quand le Hand monopolise l'actu, il faut bien que l'on parle un peu de foot. C'est la leçon à retenir de ce week-end où le clash entre Chantal Jouanno et le président de la FFF a réussi à occuper quelque peu les esprits et les médias, histoire de distraire vaguement le populo de sa provisoire passion pour un sale sport de gauchistes entrainés par un fils de cocos.

Rappel des faits. Dans une interwiew accordée à L’Equipe, Madame la ministre, attristée sûrement que personne ne réagisse avec enthousiasme à ses propositions d’ « assemblée du sport » et autres plan « arena » , se répandait en indignation (probablement après avoir parcouru le résumé du volumineux ouvrage de Stéphane Hessel !) : « On ne peut pas faire honte à la France et prétendre ensuite rejouer en équipe de France » . Devant la platitude du propos associée à son inutilité, Fernand Duchaussoy avait saisi l’occasion inespérée d’affirmer une autorité pour le moins bancale et de se poser en grand défenseur de la cause du foot indépendant (cela ne coûte rien et cela flatte toujours le corporatisme des districts) : « Tout le monde a droit à une deuxième chance quand il a purgé sa peine (…) Je suis désolé mais je n’ai pas le pouvoir de décréter que quelqu’un est suspendu à vie et qu’on ne le reverra plus en équipe nationale » . Au passage, la Ministre des Sports ni aucun représentant de l’État n’en possède davantage directement l’autorité légale.

L’UNFP, pour une fois étonnamment syndicaliste, pouvait dès lors terminer le travail. « L’UNFP s’étonne, dès lors, qu’elle puisse siéger au Conseil des Ministres à quelques pas d’Alain Juppé, par exemple, condamné à 14 mois de prison avec sursis et à un an d’inéligibilité en 2004 pour « prise illégale d’intérêt » » .

On aurait pu s’arrêter là, sachant que chacun finirait bien par se retrouver autour d’un cocktail quelconque. Toutefois, trop heureuse d’attirer un peu les micros, notre karatéka en chef a su rendre les coups, soulignant la chute des effectifs fédéraux en 2010 (-8%) sans se départir de son sens de la mesure. Durant le Canal Football Club sur Canal+, le niveau du débat est même monté d’un cran. « Faire ce genre de déclarations, de la part du président de la Fédération Française de football, je trouve que c’est se tirer une balle dans le pied et surtout tirer une balle dans le pied du sport français et du football tout particulièrement. Nous avons de très beaux talents en France qui n’ont pas sali l’image de la France. Donnons-leur leur chance » . Elle a surtout volé au secours de ses collègues ministres : « Ces hommes-là n’ont jamais insulté la France. Ces hommes-là sont repassés devant les électeurs. Ces hommes-là ont eu des peines très longues. Nous ne sommes pas du tout dans la même situation » . Nous apprenons ainsi qu’utiliser son mandat à des fins personnelles constitue une insulte nationale infiniment moins grave que de refuser de monter dans un bus. Une fois plus, le footeux sert de puissant dérivatif (il tend le bâton, cela dit) à la pression qui s’exerce sur les politiques en ce qui concerne l’éthique de nos dirigeants (à voir les propositions de la commission Sauvé et l’interwiew de l’historien Jean-Noël Jeanneney dans Le Monde). Une technique comme une autre pour attirer l’électorat du “populisme” en leur montrant du doigt les vrais “scélérats”. Nul doute que, vu les profils de Ribéry et Evra, le votant frontiste appréciera le clin d’œil.

Commençons néanmoins déjà par renvoyer Madame la Ministre à ses propres “valeurs”, affichées fièrement en guise de rupture avec les précédents exercices, lors de ses vœux à la presse. Elle y expliquait notamment que son action se placerait strictement sur le terrain politique et qu’ « être Ministre des sports, ce n’est donc pas diriger l’entraînement de l’équipe de France ou vous garantir des médailles » . Cela dit, son programme ministériel jusqu’en 2012 s’avérant pour le moins minimaliste, avec un budget microscopique (et les rares bonnes nouvelles, comme en faveur des retraites des sportifs de haut-niveau, sont de toute façon captées par la com’ présidentielle), il faut bien parvenir à exister plus longtemps qu’un cri de joie devant les caméras un soir de victoire en Suède. Rama Yade doit bien s’amuser lors de ces passes d’armes. Surtout quand elle songe au tacle amical que sa remplaçante lui avait glissé : « J’aime travailler car je ne crois pas que les ministres soient de simples VRP communicants » . Mais aujourd’hui un Ministre des Sports peut-il être autre chose ?

Par Nicolas Kssis-Martov

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