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- Atalanta-Liverpool (0-5)
Jota bonito
Auteur d'un triplé lors de la victoire de Liverpool sur la pelouse de l'Atalanta (0-5), et de six buts lors des quatre derniers matchs des Reds, Diogo Jota a confirmé à Bergame qu'il était le facteur X du moment sur les bords de la Mersey. L'international portugais, actuel deuxième meilleur buteur de son équipe, a surtout rebattu un peu plus les cartes au sein de la ligne d'attaque des champions d'Angleterre, et envoyé un message clair à Roberto Firmino : il n'est pas venu pour jouer les doublures.
C’est une constante des compos d’équipe de Liverpool, ces dernières semaines : celles-ci débutent désormais systématiquement par l’énumération des absents de marque. Ce soir encore, Van Dijk, Fabinho, Alcântara et Oxlade-Chamberlain manquaient à l’appel à Bergame, mais les yeux étaient exceptionnellement plutôt tournés du côté des présents, avec la titularisation à la pointe de l’attaque des Reds de Diogo Jota. Un choix logique de la part de Jürgen Klopp, si l’on se réfère aux états de service actuels du Portugais, buteur lors de ses trois dernières apparitions face à Sheffield, Midtjylland et West Ham. Mais un choix fort tout de même, quand on sait que cette promotion s’est faite aux dépens de Bobby Firmino, certes en perte d’influence, mais véritable homme de base de Kloppo et point d’ancrage de la ligne d’attaque des Merseysiders.
Maître Jota
Soudain, Diogo Jota est ainsi devenu un peu plus qu’un type qu’on titularise dans les rencontres de coiffeurs, qu’on fait entrer dans la dernière demi-heure pour faire souffler les indéboulonnables ou, comme depuis peu, tenter de faire la décision. En face, ce n’était d’ailleurs plus le champion du Danemark ou des seconds couteaux de Premier League, mais ce qui s’apparentait au premier gros test européen des Reds, l’Atalanta Bergame, quart-de-finaliste de la dernière édition. Le statut a changé, pas le rendement, au contraire : en un peu plus d’une heure sur la pelouse de l’Atleti Azzurri d’Italia, le numéro 20 a passé au supplice la défense de la Dea, conforté Klopp dans son choix et confirmé que l’actuel facteur X des Reds n’était ni égyptien, ni sénégalais, mais bien portugais.
Un rang confirmé dès la 2e minute de jeu et son premier coup de rein, qui a envoyé Tolói dans le zag et lui a ouvert le chemin du but, finalement barré par Sportiello. Cette intervention aura été la seule réussie par le portier italien face à l’international lusitanien, qui a à lui seul fait exploser la défense bergamasque en première période. D’abord en résistant vaillamment dans la surface à Palomino pour conserver un ballon en apparence donné pour mort, avant de finir son vis-à-vis d’une pichenette du gauche aussi insolente que chirurgicale. Puis en claquant, sur cette ouverture de Gómez dans le dos de la défense, un enchaînement contrôle du gauche/demi-volée du droit dans le soupirail d’un Sportiello impuissant.
Soixante-six minutes de bonheur
Le 22e but en Coupe d’Europe sous le maillot des Reds de Mo Salah, qui égale Michael Owen et n’a désormais plus que Steven Gerrard au-dessus de lui ? La première titularisation – réussie – dans l’axe de la défense du jeune Rhys Williams et ses 19 balais ? Deux événements relégués au rang d’anecdotes par un type au physique de quidam, mais au flair aussi aiguisé que celui d’un chien truffier. Nouvelle illustration à la 54e minute, sur cette ouverture théoriquement à la portée de tout gardien de C1 qui se respecte, mais sur laquelle Jota a su profiter de la sortie foirée de Sportiello pour le devancer et ainsi inscrire, du gauche dans la cage désertée, son troisième pion de la soirée. Le sixième lors des quatre derniers matchs. Le septième en dix apparitions sous la liquette rouge.
Des stats éloquentes, et plutôt en adéquation avec les 44 plaques déboursées par les Reds mi-septembre pour le détourner de sa coloc’ portugaise à Wolverhampton et renforcer la concurrence aux avant-postes du LFC. Moins avec son statut initial, celui de quatrième homme de l’attaque du champion d’Angleterre, un job assez ingrat quand on n’a que 23 ans, et quand on sait les miettes qu’a laissées le trio Salah-Firmino-Mané ces dernières saisons. Reste que Jürgen Klopp le voulait absolument cet été, et que le technicien allemand n’est pas du genre à recruter pour recruter. Jota le lui rend bien : ce soir, le lutin portugais et ses sept caramels occupent la deuxième place du classement des buteurs maison. Et ce soir, c’est Diogo Jota que Klopp a fait souffler à la 66e minute pour donner à Firmino l’opportunité d’un peu s’exprimer. Et si quelque chose était en train de changer, sur les bords de la Mersey ?
Par Simon Butel