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Joško Gvardiol, le vrai patron de la Croatie
La Croatie s'avance en huitièmes de finale de la Coupe du monde avec déjà deux clean sheets en poche, et elle peut largement remercier Joško Gvardiol. À 20 ans seulement, et avec 15 petites sélections au compteur, le gaucher s'est imposé comme un maillon indispensable (et durable) de l'arrière-garde des Vatreni. On souhaite bien du courage aux attaquants japonais...
Au moment où la Croatie touchait du doigt le graal, Joško Gvardiol était encore adolescent. Quelques années ont passé, et le jeune défenseur est à peine devenu majeur qu’il se comporte déjà comme un grand. Appelé par Zlatko Dalić pour l’Euro alors qu’il n’avait encore jamais joué avec les A, il a disputé tout le tournoi comme latéral gauche. Désormais en défense centrale, il a poussé l’illustre Domagoj Vida sur le banc. Le Golgoth de Našice peut s’attendre à y rester tout au long de la Coupe du monde, et au-delà, tant le diamant de Leipzig fait vivre un enfer aux attaquants qui tombent sous sa dent.
Au bal masqué
Exceptionnel lors du match couperet contre la Belgique (0-0), il a rendu les Diables tout rouges, à l’image de son intervention salvatrice, du bout du pied, devant Romelu Lukaku dans le temps additionnel. Impeccable dans les duels, remarquable dans sa lecture du jeu et son placement, il s’est même permis plusieurs montées balle au pied, offrant en prime une balle de but à Mateo Kovačić au début du deuxième acte.
Joško Gvardiol pic.twitter.com/8dFdse7Mx6
— ??™ (@ConteSZN_) December 1, 2022
Preuve de son rôle clef dans le schéma des Vatreni, Gvardiol touche 88 ballons par match en moyenne depuis le début de ce Mondial. Il est aussi le Croate qui casse le plus de lignes par ses passes. Malgré un masque qui ne doit pas l’aider. Transféré à l’hôpital le 10 novembre après un choc avec son coéquipier Willi Orbán, le roc en est ressorti avec un nez cassé et un œil gonflé. « Il ressemble à un boxeur après 12 rounds », lâchait alors son coach Marco Rose. Mais le bonhomme se donne corps et âme. Ce qui ne surprend plus personne depuis qu’on l’a vu renvoyer de la tête un gobelet de bière jeté depuis les tribunes, un soir de match à Bruges.
Haha Gvardiol ze łba w lecący kubek z piwem pic.twitter.com/nVUnyoZUwi
— prof. dr hab. inż. Macias (@Maciekyzo) November 24, 2021
Entre Silva et Alaba
Couvé par le Dinamo Zagreb, qu’il a rejoint à l’âge de 8 ans, Gvardiol ne s’y est pas éternisé. Leipzig n’a pas hésité à miser 19 millions d’euros dès 2020 pour s’offrir ses services à partir de l’été suivant, alors qu’il n’avait qu’une dizaine de matchs de championnat croate dans les jambes. « À part peut-être Kovačić, je ne me souviens pas d’un joueur dont l’avenir était plus évident que Joško, soulignait son ancien entraîneur Zoran Mamić pour Scouted Football. Même Modrić a dû partir en prêt avant d’avoir sa chance. Personne n’a dit que Joško devait être prêté ! À 16 ans, il était prêt pour l’équipe première. » Son profil de gaucher a alimenté la comparaison avec David Alaba, bien que son ancien coach Tomislav Rukavina cite un autre nom. « Sa grande confiance en soi, ses qualités de leader et son courage me rappellent Thiago Silva, expliquait-il auprès de Goal. Il est extrêmement fort, rapide, agile et résistant. Il a un excellent timing de saut et une excellente technique de tête. Il a un sens développé du jeu, une excellente perception des situations et une réaction rapide à ce qui se passe sur le terrain. »
Surnommé « Pep » en raison de la ressemblance de son patronyme avec celui de Guardiola, le défenseur mérite d’autant plus ce surnom au regard de l’intelligence et de la clairvoyance dont il fait preuve sur le terrain. Sans compter qu’il jouait parfois au milieu de terrain avant son passage chez les pros. « On dirait qu’il a 28 ans », s’extasiait Mamić. Les cadors du continent sont déjà tous sur les rangs. Ce qui faisait partie de son plan. Dans la chambre qu’il occupait au cinquième étage d’un appartement avec ses parents et ses sœurs à Zagreb, Gvardiol avait accroché un schéma sur un mur. Dessus, des mots clefs comme discipline, concentration, entraînement, repos, persévérance, ou encore une limite « 20 minutes max » pour les réseaux sociaux. « Le plan est là pour que je n’oublie jamais ce pour quoi je travaille », disait-il à Jutarnji list. Et dans un coin, une case « Top club » . À côté de laquelle il aurait pu ajouter « Coupe du monde de patron » .
Par Quentin Ballue