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Josh Maja : « À nous de ramener Bordeaux à sa place, en Ligue 1 et même en Europe »

Propos recueillis par Mathias Edwards, au Haillan
Josh Maja : « À nous de ramener Bordeaux à sa place, en Ligue 1 et même en Europe »

Ce samedi, Bordeaux ira fêter la dernière du Nîmes Olympique aux Costières, avec Josh Maja comme chef artificier. En attendant de retrouver l'équipe face à laquelle il a inscrit le premier triplé de sa carrière, l'international nigérian se confie en longueur.

Vous avez grandi à Lewisham, dans le sud-ouest de Londres, comme Jadon Sancho, Aaron Wan-Bissaka, les frères Chalobah et Sessegnon, Callum Hudson-Odoi et tant d’autres joueurs. Comment expliquez-vous qu’autant de talents viennent de cette partie de Londres ?C’est un endroit où il y a un vrai amour du football, avec beaucoup d’enfants qui jouent dans l’espoir d’offrir une meilleure vie à leurs familles. Mais pour eux, le football reste un plaisir avant tout. Réunir des potes et jouer, c’est ce qui importe le plus. Ce n’est pas le coin le plus sympa de Londres, on n’y croise pas de touristes. L’objectif pour tous ces enfants, c’est de sortir de là en travaillant le plus dur possible. C’est pour cela qu’autant de joueurs viennent de là. C’est un endroit dur, dans lequel il se passe peu de bonnes choses, alors se concentrer sur les études ou sur quelque chose qui peut te rendre fier est important, si tu grandis là-bas.

Dans Sunderland ’til I die, la manière dont certains personnages ont été dépeints ne correspond pas à la réalité.

Quatre ans après sa diffusion, que pensez-vous de la série documentaire Sunderland ’til I die ? J’ai regardé la série quand elle est sortie. Elle a eu du succès parce que c’était un des premiers documentaires en immersion dans un club de foot. J’ai trouvé ça bien, ça m’a amusé d’en faire partie. Ça a permis à beaucoup de fans de foot de voir les joueurs et entraîneurs sous un regard nouveau. C’était une bonne chose parce que ça a permis de tourner d’autres documentaires sur d’autres clubs, même si j’ai été surpris de la manière dont j’ai été traité dans la série. Le principal, c’est que les gens qui me connaissent savent que mes intentions ont toujours été pures.

Vous n’avez pas aimé l’image que la série a renvoyée de vous ?Je n’avais pas à aimer ou non. Je savais qu’ils allaient monter ça comme ils le voulaient et que j’étais simplement un personnage de la série. Je me suis amusé en regardant le show, comme beaucoup de monde, tout en sachant que la manière dont certains personnages ont été dépeints ne correspond pas à la réalité. Pour certaines personnes, c’est facile de juger les protagonistes après avoir vu la série. Encore une fois, les gens qui me connaissent savent. Mais pour faire une série à succès, il faut dépeindre les personnages d’une certaine manière.

Finalement, ce documentaire a permis à beaucoup de monde de vous découvrir, donc cela a été positif…Bien sûr. Cela a été tourné durant une période difficile pour le club, mais cela m’a permis de gagner en expérience et de m’éclater en jouant tous les week-ends. Le fait qu’en parallèle, un documentaire soit tourné là-dessus, c’était du bonus.

Vous êtes à Bordeaux depuis quatre ans et…(Il fait la moue.)

Disons que vous avez signé à Bordeaux il y a quatre ans, avant d’être prêté à Fulham, puis à Stoke. Cela vous fait quoi d’être enfin un joueur important des Girondins ?Ça fait du bien ! Ça fait plaisir de faire partie de l’équipe et de jouer régulièrement. Cela a mis du temps, mais je sais que dans la vie, il faut savoir être patient. En tant que jeune homme et jeune joueur, j’ai beaucoup appris durant ces quatre dernières années, dans la victoire comme dans la défaite, et cela m’a amené où je suis aujourd’hui. Je suis fier d’être à Bordeaux et de faire partie de cette équipe qui, je l’espère, accomplira de grandes choses cette saison. Cela fait vraiment plaisir d’avoir enfin la confiance du staff technique et de la direction. Je sens qu’ils comptent sur moi et j’essaie de leur rendre en travaillant dur, en faisant de bons matchs et en étant un exemple pour les jeunes joueurs du club et les supporters des Girondins partout en France et dans le monde.

En quoi votre relation avec David Guion est-elle différente de celles que vous entreteniez avec vos entraîneurs précédents à Bordeaux ?Chaque relation est différente, mais pour être régulier, vous avez besoin d’avoir une relation particulière avec votre manager. Pour le moment, l’équipe est bien au niveau des résultats, du classement et des performances. Donc l’idée, c’est qu’on maintienne ce niveau de jeu, et qu’à titre personnel, je continue d’apprendre en écoutant le coach et les joueurs plus expérimentés.

Au vu de la période compliquée que traverse le club, tant financièrement que sportivement, avez-vous pensé à partir l’été dernier ?C’est sûr qu’avec tout ce qu’a vécu le club ces dernières années, avec tous ces changements d’entraîneurs, je n’étais pas certain que mon avenir était à Bordeaux. En plus, je venais d’enchaîner deux prêts successifs, donc j’étais ouvert à tout. Mais que je reste ou que je parte, une chose était sûre, c’était que je serai toujours reconnaissant envers les Girondins pour toute l’expérience qu’ils m’ont permis d’acquérir. Aujourd’hui je suis à Bordeaux, et mon unique objectif est de faire de mon mieux pour le club.

Comment le club vous a convaincu de rester ?Ils m’ont juste accordé leur confiance en m’assurant que j’allais jouer.

Cette saison, vous évoluez dans un rôle de pivot, seul en pointe. Cela vous plaît, ou vous préféreriez jouer avec un autre avant-centre à vos côtés ?Cela dépend du système, mais j’aime bien jouer dans les deux configurations, du moment qu’il y a une bonne connexion entre les milieux et les attaquants. Peu importe la disposition, je peux toujours avoir de l’impact. Être versatile, capable de s’adapter aux différentes tactiques, est très important pour réussir. Donc j’apprends en prenant du plaisir.

Depuis le début de la saison, vous avez tiré et réussi cinq penaltys. Comment êtes-vous devenu expert dans ce domaine ?Un expert, carrément ! (Il se marre.) C’est une bonne question…

Ma relation avec les plus jeunes est bonne, je pense être un bon exemple de professionnalisme et de comportement.

Il n’y a pas un entraîneur ou un coéquipier qui vous a donné des conseils ?Non, mais j’ai toujours eu en tête qu’un jour, je serais un tireur de penaltys. Avant cette saison, je n’en avais tiré qu’un seul durant ma carrière, contre Arsenal avec Fulham. Mais je me suis toujours entraîné à les tirer, année après année, sachant qu’évidemment, c’est toujours une bonne occasion de marquer. Il y a toujours une pression différente, selon le moment où intervient le penalty et son importance sur le score. C’est un exercice que je continue à travailler pour toujours trouver de nouvelles façons de berner le gardien adverse.

Du haut de vos 23 ans, vous êtes l’un des joueurs les plus expérimentés de l’effectif bordelais. Quelle relation entretenez-vous avec les plus jeunes ? Ils vous demandent des conseils ?Ils ne demandent pas, mais sur le terrain, je suis du genre à discuter de la tactique, du placement, de comment être plus efficace. Ma relation avec les plus jeunes est bonne, je pense être un bon exemple de professionnalisme et de comportement. C’est important pour eux d’observer les joueurs plus expérimentés et d’apprendre, parce que c’est facile pour certains d’être frustrés parce qu’ils ne jouent pas durant une période, mais leur tour viendra s’ils restent concentrés et qu’ils travaillent dur.

C’est enthousiasmant d’être entouré de tous ces jeunes qui réalisent leur rêve de jouer en pro dès maintenant, ce qui ne serait probablement pas arrivé en Ligue 1 ?Oui, ils amènent beaucoup d’énergie, ils sont ravis de jouer et ont le bon état d’esprit. Mentalement, ils sont prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Vous avez été sélectionné une fois en équipe du Nigeria, le pays de vos parents, en 2019. C’est un objectif d’y retourner ?Oui, définitivement. C’était une super expérience de jouer ce match face à l’Ukraine, de passer du temps avec ces joueurs, voyager avec eux, jouer dans une configuration différente. C’est quelque chose que je veux refaire. Pour cela, il faut que je sois bon avec Bordeaux, et le téléphone sonnera forcément.

Vous avez déjà échangé avec José Peseiro, le sélectionneur du Nigeria ?Non, jamais. Mais j’espère que cela arrivera le plus rapidement possible.

Pour moi, la vie, c’est apprendre et s’améliorer en permanence. Jusqu’ici, je prends du plaisir en Ligue 2 et j’espère qu’à la fin de la saison, nos visages arboreront un grand sourire.

Gernot Rohr, qui vous avait appelé en sélection, fait aujourd’hui partie du « Comité 1881 », un groupe d’anciens joueurs bordelais chargé entre autres d’enseigner l’histoire et les valeurs du club aux recrues. Cela vous semble être une bonne chose ? Je ne le savais pas, et je trouve l’initiative très bonne, surtout pour les joueurs étrangers qui doivent comprendre ce que jouer pour les Girondins représente. Ces anciens joueurs, de différentes générations, ont des connaissances, une sagesse à transmettre. C’est quelque chose qui m’intéresserait, parce que je dois avouer que ma connaissance de l’histoire du club n’est pas au top.

Justement, porter les couleurs des Girondins de Bordeaux représente quoi pour toi ?C’est un honneur ! Tout le monde sait que Bordeaux est l’un des plus grands clubs français, respecté en Europe. C’est à nous de le ramener à sa place, en Ligue 1 et même en Europe. C’est sur cet objectif que tout le monde au club doit se concentrer. Nous devons travailler dur tous les jours pour y parvenir.

Cette saison, tout le monde à Bordeaux découvre la Ligue 2, un championnat que personne ne regarde si son équipe n’y participe pas. Vous qui avez joué en Premier League, en Championship, en League One et en Ligue 1, de quel championnat trouvez-vous que la Ligue 2 se rapproche le plus, en matière de niveau ?Concernant la qualité générale, je dirais le Championship, sauf en matière de vitesse, où là c’est à peu près similaire à la Ligue 1. Mais tous les championnats sont différents, l’important c’est d’être capable de s’adapter. En ayant eu l’opportunité de jouer à tous ces niveaux, j’ai eu l’occasion d’apprendre beaucoup, de jouer de façons différentes, d’appliquer différentes tactiques. Pour moi, la vie, c’est apprendre et s’améliorer en permanence. Jusqu’ici, je prends du plaisir en Ligue 2 et j’espère qu’à la fin de la saison, nos visages arboreront un grand sourire.

Nos supporters nous poussent, nous aident à gagner. Tant qu’ils viendront, je suis sûr que nous continuerons à gagner. On entretient une relation donnant-donnant.

Quel aspect du jeu est le plus important en Ligue 2 ?Chaque match est différent, mais je dirais que la tactique est probablement le plus important. Chaque adversaire pose des problèmes différents, qu’il faut contrer avec la tactique adéquate, adaptée aux forces et aux faiblesses de l’opposition, tout en restant concentré sur notre manière de jouer pour performer et obtenir de bons résultats. Au-delà de tous les autres aspects, ce qui compte, c’est notre état d’esprit, la confiance avec laquelle on doit aborder les matchs.

Vu de l’extérieur, on a l’impression que c’est un championnat dans lequel tout le monde peut battre tout le monde. Vous ressentez la même chose ?Oui, et c’est en cela que la Ligue 2 ressemble au Championship. Le dernier peut battre le premier, il faut prendre chaque équipe au sérieux. C’est ce qui rend ce championnat plaisant : chaque match est un test. Et c’est en cela que les semaines d’entraînement, les mises en place tactiques sont déterminantes pour l’emporter le week-end.

Les supporters prennent enfin du plaisir à voir jouer Bordeaux. Cet engouement autour de l’équipe vous surprend ?Non, parce que quand une équipe gagne, les gens viennent la voir jouer. Pour nous, c’est super, on veut évoluer dans un stade aussi plein que possible, avec la ferveur de nos supporters. Leur énergie nous pousse, nous aide à gagner. Tant qu’ils viendront, je suis sûr que nous continuerons à gagner. On entretient une relation donnant-donnant avec les supporters. La saison passée était compliquée, mais la clé, dans la vie comme dans le football, c’est de toujours regarder vers l’avant et rester positif. Et cette année devrait être positive, pour nous comme pour les supporters.

Que pensez-vous de la ville de Bordeaux ? Vous avez pris le temps de visiter ?Je trouve la ville très sympa. Le centre-ville est magnifique, avec beaucoup d’attractions touristiques. C’est une destination que j’ai conseillée à pas mal de monde pour des vacances. J’ai aussi testé quelques bons restaurants, mais je ne suis pas du genre à sortir beaucoup, je suis plutôt casanier.

Vous vivez seul à Bordeaux ?En ce moment oui, mais ma famille me rend régulièrement visite. Ils aiment la ville et sa gastronomie. Cela leur fait du bien de découvrir d’autres modes de vie. Ils adorent les pâtisseries, les croissants et les chocolatines. Et bien évidemment le vin, c’est une obligation.

Comment voyez-vous votre futur ?Couronné de succès.

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