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José Mourinho, retour à la case départ
Victor Lindelöf et Nemanja Matić ne sont pas les seuls à profiter de la Ligue des champions pour revenir à l'Estádio da Luz. José Mourinho retrouve un club qui lui a offert son premier job, le Benfica Lisbonne. Retour sur un passage éclair.
En se regardant dans le miroir du vestiaire visiteur de l’Estádio da Luz, quelques minutes avant la rencontre de Ligue des champions, José Mourinho reverra peut-être ce jeune entraîneur qui avait débuté sa carrière de coach ici-même, à Lisbonne. Et le Special One pourra, par la même occasion, se rendre compte que ce stade n’est pas le seul à avoir changé en dix-sept ans. Désormais reconnu comme l’un des plus grands entraîneurs du monde, José Mourinho pèse 25 trophées, dont deux C1, et un salaire de 17,56 millions d’euros par an. Loin, bien loin de celui qui faisait ses grands débuts sur un banc en septembre 2000 contre 7 500 euros par mois.
Un premier refus, puis un premier job
1999. Entraîneur-adjoint et interprète de Louis van Gaal à Barcelone, après avoir été celui de Bobby Robson à Barcelone et Porto, José Mourinho désire à présent enfiler le costume de numéro 1. Et c’est ainsi que, sur les conseils de son mentor néerlandais, le technicien portugais met un premier vent au Benfica Lisbonne qui lui propose un rôle d’adjoint de Jupp Heynckes, comme il racontera plus tard à l’UEFA : « Quand j’ai parlé à Van Gaal de mon envie de retourner au Portugal pour être assistant au Benfica, il m’a dit : « Non, tu n’y vas pas. Dis au président de Benfica que si c’est pour être numéro 1, c’est oui, mais s’il veut un adjoint, tu restes là. » » José s’exécute.
Un an plus tard, le Benfica Lisbonne limoge Jupp Heynckes après un premier exercice moyen, suivi d’un début de saison poussif, le tout agrémenté d’une relation tendue entre l’Allemand et sa direction. À la recherche d’un nouveau coach, João Vale e Azevedo, alors président du SLB, écoute les conseils de son directeur sportif, Michel Preud’homme, et décide de nommer José Mourinho sur le banc. Une décision étonnante puisque le Mou est encore un inconnu au Portugal. Mais João Vale e Azevedo est confiant et présente sa nouvelle recrue à la presse en ces termes : « C’est un entraîneur jeune qui a été à bonne école. Le prendre n’est pas un risque, c’est une certitude. Il faut toujours une première fois à tout. Nous sommes convaincus que c’est un pari gagnant. »
Les fameuses promesses électorales
La mission de José Mourinho n’est pas simple. Le Benfica Lisbonne traverse une de ses plus sombres périodes, avec un titre de champion attendu par les Águias depuis 1994. João Pinto et Nuno Gomes viennent de plier bagages, il ne reste plus beaucoup de talents au club. Logiquement, les premiers pas de José Mourinho sur un banc sont poussifs, entre l’élimination au premier tour de la Coupe de l’UEFA face à Halmstad et une défaite à Boavista (0-1). La sauce Mourinho, relevé par son adjoint Carlos Mozer, prend peu à peu. Benfica entame sa remontée au classement et s’offre même un gros succès face au rival du Sporting Portugal (3-0). Alors jeune défenseur du SLB, Fernando Meira avoue aujourd’hui que le One avait déjà quelque chose de spécial : « Il n’était qu’en début de carrière, mais il transmettait déjà toute son ambition et sa faim de gagner. Celle que nous connaissons aujourd’hui. »
Étonnamment, cette large victoire face au Sporting Portugal reste la dernière rencontre de José Mourinho sur le banc du Benfica Lisbonne. Le technicien portugais démissionne dans la foulée le 5 décembre 2000, après avoir dirigé seulement onze petites rencontres (pour six victoires, trois nuls et deux défaites). Pour comprendre ce coup de folie, il faut remonter au 28 octobre 2000, jour des élections du président du Benfica Lisbonne. À la surprise générale, Manuel Vilarinho remporte le scrutin et remplace son adversaire, João Vale e Azevedo, à la tête du SLB. Problème, dans ses promesses de campagne, Manuel Vilarinho a annoncé le retour sur le banc de celui qui a permis à Benfica de remporter son dernier titre de champion : António José Conceição Oliveira, dit Toni.
Un départ inévitable
Une fois Manuel Vilarinho élu, le club mène alors la vie dure à José Mourinho : problèmes logistiques, changement d’hôtel et déclarations d’amour envers Toni. N’ayant qu’un contrat de six mois, José Mourinho profite alors du succès face au Sporting Portugal pour aller voir son nouveau président et lui demander de prolonger son bail jusqu’à la fin de saison. Devant le refus de Manuel Vilarinho, José Mourinho préfère claquer la porte comme il l’a depuis expliqué au journal Record : « J’ai pris cette décision en pensant au groupe. L’équipe avait besoin d’une tranquillité d’esprit. Les joueurs avaient besoin de savoir si l’entraîneur continuait ou si un autre arrivait. Le groupe vivait dans l’angoisse de ce qui allait se passer. »
Alors qu’il ne voulait pas trahir une de ses promesses de campagne, Manuel Vilarinho n’a pas fait que des heureux chez les supporters qui ont, pour beaucoup d’entre eux, affiché leur soutien à José Mourinho après son départ. Conscient de sa petite boulette, le président du Benfica Lisbonne va tenter de se rattraper en faisant revenir le technicien portugais en 2002. Mourinho sort alors d’une saison convaincante à l’União de Leiria et préfère s’engager chez le rival bleu et blanc, le FC Porto. La suite, tout le monde la connaît.
Par Steven Oliveira
Propos de Fernando Meira tirés du Manchester Evening News.