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Mourinho, toujours aussi spécial
Six mois après son licenciement de l’AS Roma, José Mourinho a posé ses valises à Istanbul pour devenir entraîneur du Fenerbahçe. Le Portugais n'est plus au sommet, mais il continue de faire son métier et quitte rarement un club sans y avoir laissé un trophée.
Il a fallu seulement trois minutes pour vendre l’intégralité des places du Şükrü Saracoğlu Spor Kompleksi mises à disposition. Encore deuxièmes de Süper Lig, derrière Galatasaray, les supporters de Fenerbahçe ne fêtaient pas un titre ce dimanche, mais l’arrivée de José Mourinho sur leur banc. Fumigènes, chants et ovations ont été réservés au Special One, accueilli comme un roi seulement six mois après son éviction de Rome. Le club stambouliote n’a plus régné sur la scène nationale depuis 2014 et compte bien redevenir prophète en son pays grâce à celui qui compte huit titres en championnat, dont trois en Premier League, deux en Serie A et un en Liga. Ses belles années à Chelsea, à l’Inter ou au Real Madrid sont désormais bien loin, pourtant le Mou entend s’offrir une cure de jouvence en Turquie.
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— Fenerbahçe SK (@Fenerbahce) June 2, 2024
Présent à Wembley samedi soir pour la finale de Ligue des champions, l’entraîneur portugais avait déjà fait le show. Avant de décoller pour Istanbul, il a eu le temps de se payer Arsène Wenger à propos du changement de règle du hors-jeu, d’esquisser un sourire narquois au moment de se faire chahuter par le public alors que son visage apparaissait après celui de Jürgen Klopp – qui semble avoir laissé une meilleure image aux supporters de Dortmund que lui auprès des socios du Real – et de demander à Jude Bellingham de signer à Fenerbahçe. Il ne pourra pas s’appuyer sur l’international anglais, mais compte tout de même Michy Batshuayi, Edin Džeko ou encore Dušan Tadić dans son nouvel effectif. Suffisant pour aller chercher le titre tant attendu ? Oui, puisque les Jaune et Bleu n’ont échoué qu’à trois points de Galatasaray et qu’il n’est possible de faire que mieux avec José Mourinho sur le banc.
Mourinho n‘est pas encore à conjuguer au passé
Ce n’est pas son licenciement de l’AS Roma à une triste huitième place en janvier dernier qui va remettre en question la carrière du Portugais. Car si Fenerbahçe attend de remporter une Süper Lig depuis dix ans, la Louve, elle, n’avait pas remporté le moindre trophée depuis 2008 avant que le Special One ne pose ses valises dans la capitale italienne et ne ramène la Ligue Europa Conférence dès sa première saison. La finale de C3 l’année suivante, perdue aux tirs au but contre le Séville FC, laisse même songer au rêve d’une épopée européenne sur les bords du Bosphore. Celui qui a remporté cinq titres internationaux sur le Vieux Continent, dont deux coupes aux grandes oreilles, profite de la deuxième place du championnat pour filer au deuxième tour préliminaire de Ligue des champions.
🟡🔵 Jose Mourinho’nun ilk günü taraftarlarımızın isteğiyle herkese açık Fenerbahçe YouTube’da.
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Les inconditionnels du Lusitanien pourraient pousser le vice et dire que José Mourinho est le dernier entraîneur à avoir conquis Old Trafford, au prix d’une Ligue Europa remportée en 2017 notamment, ou qu’il reste le coach ayant mis fin à la malédiction du huitième de finale de C1 du Real Madrid, menant à la suprématie qu’on connaît aujourd’hui, mais ils se feraient remettre à leur place par les défenseurs de Pep Guardiola. Effectivement, pendant que Mourinho s’en va en Turquie, son meilleur ennemi a conquis une quatrième Premier League consécutive, entrant toujours un peu plus dans l’histoire. Là encore, le choix du Portugais se défend, puisqu’avec huit ans de plus que son rival, il ne semble plus miné par leurs trajectoires opposées. Il n’aurait certes pas affiché le même sourire à Wembley si Manchester City s’était qualifié pour la finale, mais il va pouvoir aborder sa nouvelle aventure en ayant chassé ses vieux démons.
Mourinho arrive dans un championnat qui lui correspond et semble avoir pris du recul sur la profession, acceptant de ne plus être au sommet pour continuer de faire son métier dans des clubs moins puissants. Grâce à quelques punchlines comme lui seul en connaît, un parcours mémorable en Coupe d’Europe et la célébration d’un titre national après une si longue attente, il saura garder un public déjà acquis à sa cause. Derrière, il pourra claquer la porte et se fâcher avec la moitié du club, parce que c’est aussi ça, José Mourinho.
Par Enzo Leanni