- Coupe du Roi
- 16es
- Alcoyano-Real Madrid (2-1 ap)
José Juan Figueras, l’homme qui a écœuré le Real Madrid
Pensionnaire de troisième division, Alcoyano a réussi l'exploit d'éliminer après prolongation le Real Madrid en seizièmes de finale de la Coupe du Roi (2-1). Un exploit rendu possible par un homme : le gardien José Juan Figueras qui, à 41 ans, a rappelé pourquoi il était une légende des divisions inférieures espagnoles.
José Solbes a beau avoir envoyé son équipe en prolongation, Juanan Casanova a beau avoir inscrit le but de la victoire alors que son équipe évoluait à 10 contre 11 face au Real Madrid, toutes les caméras étaient braquées sur José Juan Figueras au coup de sifflet final. Il faut dire que le portier de 41 ans – il en aura 42 dans 4 jours – est le grand bonhomme de la qualification d’Alcoyano – pensionnaire de troisième division – pour les huitièmes de finale de la Coupe du Roi. C’est bien simple, Figueras a écœuré tous les joueurs du Real Madrid un à un, ne s’inclinant que sur un coup de casque d’Éder Militão dévié par un défenseur. Pour le reste, il a été impérial, réalisant pas moins de 10 parades sur l’ensemble du match. Aucun autre portier n’a fait mieux face au Real Madrid cette saison. Colossal.
Le Roi et sa coupe
Certes, José Juan Figueras était en état de grâce face aux Merengues. Il n’en demeure pas moins que le sosie de Christophe Revault n’en est pas à son coup d’essai dans la compétition. Le 7 janvier dernier, le quadragénaire avait déjà fait très mal à une équipe de première division espagnole. En l’occurrence Huesca, qui s’était heurté à six reprises sur ses mains fermes, avant de prendre la porte à la suite de sa défaite 2-1. Une porte que les hommes de Zinédine Zidane – qui n’a toujours pas remporté la Coupe du Roi, que ce soit en tant que joueur ou entraîneur – ont aussi été invités à prendre.
Alors oui, les Merengues avaient débarqué avec une équipe bis au coup d’envoi et un trio (in)offensif Vinicius-Mariano-Vázquez. Mais c’est bien avec Karim Benzema, Eden Hazard et Marco Asensio que le Real Madrid a terminé la rencontre. Et c’est d’ailleurs ce moment-là que Figueras a choisi pour endosser définitivement le costume de héros de la soirée en réalisant notamment trois grosses parades en prolongation. Héroïque, le deuxième joueur le plus vieux des trois premières divisions espagnoles n’a jamais douté de la victoire des siens. Que ce soit avant la rencontre – où il a rappelé l’exemple d’Alcorcón qui avait claqué un 4-0 face à ce même Real en 2009 – et même pendant, comme il l’a confié à la Cope après le coup de sifflet final : « La vérité est que nous avons été démoralisés à la mi-temps avec le but encaissé, mais nous sommes ressortis du vestiaire avec foi et nous savions que nous pouvions revenir. »
Une revanche sur une carrière dans l’ombre
Homme du match, José Juan Figueras est désormais une star à Alcoy, près de Valence. Et il est même devenu le chouchou de son président Toni Justicia : « Ce soir, s’il me demande un appartement sur la plage, je lui donne. » Si le natif de Vigo lui a répondu qu’il le voulait « avec un garage et un débarras », il a, en réalité, déjà obtenu ce qu’il désirait le plus : prouver qu’il aurait pu avoir une carrière en première division. Celui qui a remporté le duel des chauves face au double Z a pourtant tout fait dans le bon ordre : centre de formation du Celta de Vigo où il a surtout joué avec l’équipe B en troisième division. Puis le jour de gloire le 11 mai 2003. Assis sur le banc du Celta en raison de la varicelle de José Manuel Pinto, Figueras dispute ses premières minutes en première division face au Racing Santander à la suite de l’expulsion du titulaire Pablo Cavallero.
JJF ne le sait pas encore, mais ces 37 minutes – pour deux buts encaissés – seront les seules de sa carrière dans l’élite. Voyant la Liga le bouder, Figueras décide alors de devenir une légende des divisions inférieures. Ce qu’il fait avec brio. Que ce soit à Murcia, à Ourense où il remporte le trophée de meilleur gardien du championnat, à Granada, qu’il accompagnera de la troisième division à la première où il sera au mieux assis sur le banc, à Lugo, où il aura la confiance de Quique Setién, ou encore à Elche, qu’il fera monter en deuxième division avant de perdre, là aussi, sa place de titulaire. Pourtant, José Juan Figueras – qui a permis à Alcoyano de passer de la quatrième à la troisième division l’été dernier – vient de prouver qu’il est capable d’élever son niveau avec l’adversité. Et il compte bien le rappeler une nouvelle fois au tour suivant.
Par Steven Oliveira