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José Gildardo, père de Zinedine Sidane : « Mes deux autres enfants ont aussi des noms de footballeurs »
Zinedine Sidane Hernández Quezada est né le 28 novembre 2006 à Guadalajara, quelques semaines après le légendaire coup de boule de Zizou. Le jeune Mexicain ne ressent pas la pression qui incombe à son prénom puisqu’il a fait ses débuts avec Halcones de Zapopan, en troisième division nationale. Entretien avec son papa, encyclopédie vivante du numéro 10 français et pas avare de prénoms insolites.
Pourquoi avoir choisi Zinedine Sidane comme prénom de votre fils ?
C’est un réel hommage à Zinédine Zidane. Je jouais au football au Mexique et j’ai toujours eu beaucoup d’affection pour la France et le Brésil. C’est un joueur qui m’a vraiment marqué. Pourquoi avec un S et pas un Z ? Parce qu’au moment de l’enregistrer à l’état civil au Mexique, la personne ne l’a pas bien écrit…
Votre femme était-elle d’accord ?
Elle ne s’est jamais souciée du fait qu’il s’appelait Zinedine Sidane. Elle aime bien le football, mais pas au point d’être une aficionada. D’ailleurs, mes deux autres enfants ont aussi des noms de footballeurs. Mon aîné s’appelle Eder Jair, en hommage à Éder et Jairzinho, des ailiers brésiliens des Coupes du monde 1982 et 1970. Le deuxième s’appelle Jared Borgetti et ce nom a été donné par ma femme ! Elle entendait beaucoup parler de lui, elle est allée remplir le formulaire et elle m’a fait la surprise. J’étais très surpris, j’ai cru à une blague, surtout qu’elle ne savait pas que Borgetti était son nom de famille. Finalement, on en rigole bien aujourd’hui.
Vous regardiez les matchs du Real Madrid et de la France à l’époque de Zidane ?
Bien sûr, j’ai beaucoup aimé regarder les matchs du Real Madrid et de la sélection française. J’étais déjà supporter du Real Madrid depuis l’époque d’Hugo Sánchez. Et pour la France, c’est pareil, ça remonte à plus tôt, car j’aimais beaucoup la génération de Michel Platini et Alain Giresse.
En mai 2006, quelques mois avant la naissance de votre fils, il y a eu un match amical entre la France et le Mexique.
Je m’en souviens très bien, d’ailleurs c’était le centième match de Zinédine Zidane avec l’équipe de France. Victoire 1-0 de la France ! J’avais entendu à la télévision que c’était sa centième sélection, donc ça m’avait marqué.
Il y a aussi eu la Coupe du monde avec un beau parcours du Mexique de Ricardo La Volpe et la finale de la France de Zizou contre l’Italie. Vous étiez pour qui ?
Durant le Mondial, j’étais évidemment pour le Mexique. Par contre, j’avais beaucoup d’affection pour le Brésil et la France, donc je les supportais ensuite. Le quart de finale entre les deux pays était très beau. J’étais d’ailleurs plus pour le Brésil à l’époque… Puis, en demi-finales et en finale, j’étais à fond pour la France. Par rapport aux matchs historiques, le France-Brésil en 1998 est sans aucun doute le meilleur match de la carrière de Zidane.
Pourquoi ne pas avoir appelé votre fils Rafa Marquez ou Pavel Pardo en 2006 alors ?
C’est une bonne question, je ne me la suis jamais posée. Je pense que, plus que tout, c’est la finale de la Coupe du monde qui m’a marquée à tout jamais. J’ai beaucoup aimé la dignité, la prestance de Zinédine Zidane. Même quand il a été expulsé, il est sorti avec fierté. Il a beaucoup de personnalité. Les gens lui ont reproché ce carton rouge, mais ceux-là ne comprennent pas l’importance de la famille. Il est injuste de lui reprocher cela après tout ce qu’il a donné au football. Je n’ai pas aimé son expulsion, mais j’ai toujours admiré la façon dont il a quitté le terrain. Au moment où il se dirigeait vers les vestiaires, passant à quelques centimètres de la coupe, il ne l’a même pas regardée, se souvenant peut-être d’une phrase célèbre : « Pour la dignité et l’honneur, il faut offrir sa vie. »
Au-delà des valeurs, avez-vous expliqué à votre fils l’origine de son prénom ?
J’ai toujours essayé de montrer ça à tous mes enfants. Chaque fois que nous en avons l’occasion, je parle à mon fils de la décision de l’appeler ainsi. Il aime son nom ! Quand nous regardons des vidéos de Zinédine Zidane, nous sommes émus par sa magie.
Il jouait quand il était enfant ?
Oui, et même très bien ! Je le dis en tant que technicien et fan de football, pas en tant que papa. Je lui ai rapidement vu des qualités techniques individuelles. Il jouait tout le temps avec ses frères. Ils ont tous baigné dans une culture où il fallait faire des études et du sport pour s’en sortir et être de bonnes personnes. Quand il avait 12 ans, Zinedine Sidane était déjà le meilleur. Ses frères avaient 24 et 28 ans, et tous leurs amis du même âge demandaient de ramener « Zizou » pour le voir jouer. C’est un gaucher, donc il est particulier, il a une très bonne frappe, est habile de la tête et intéressant au niveau de la pointe de vitesse.
Vous n’avez pas eu peur qu’il ressente une pression par rapport à son nom et aux comparaisons avec le « vrai » Zidane ?
Je n’ai jamais eu peur de ça. Il peut y avoir des comparaisons pour le nom et pour le jeu technique, mais Zinédine Zidane est quelqu’un de sacré dans le football. Il manque encore beaucoup de choses à mon fils, un long chemin reste à parcourir pour devenir un tel joueur.
Propos recueillis par Enzo Leanni