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José Angulo, le diamant brut d’Independiente del Valle
Après un nul (1-1) à l'aller à Quito, Independiente del Valle devra batailler ferme pour remporter la première Copa Libertadores de son histoire. Sur le terrain de l'Atlético Nacional, les Équatoriens pourront compter sur leur meilleur atout, José Angulo. Portrait de celui qui pourrait bien rejoindre les rangs de l'AS Monaco cet été.
Janvier 2015, lors d’un banal entraînement de pré-saison d’Independiente del Valle, José Angulo effectue un mouvement brusque avec le ballon et ressent une douleur. L’attaquant équatorien est au sol, se tenant le genou droit. Les examens médicaux sont sans appel : rupture du ligament croisé antérieur. Cinq mois d’absence qui l’éloignent des terrains et semblent briser sa fulgurante ascension. Mais celui que tous ses coéquipiers surnomment « Tin » , pour sa ressemblance physique avec l’ancien goleador Augustin Delgado, n’est pas du genre à baisser les bras. Au contraire.
« Physiquement, c’est un monstre »
Né à San Lorenzo dans la province d’Esmeralda un 3 février 1995, José Angulo débarque à Independiente del Valle en 2011, à l’âge de seize ans, en provenance de Norte America. « Dès son arrivée, nous avons pu remarquer que c’était un jeune très stable psychologiquement. Pendant tout son cursus de formation, il n’a jamais posé un seul souci. C’est une personne saine et très studieuse, deux choses primordiales pour entrer au sein du centre. Il a d’ailleurs passé ses diplômes au sein de notre Centro de Alto Rendimiento » , explique Roberto Arroyo, directeur du centre de formation. Un centre de formation dans lequel Independiente del Valle a investi en 2013 près de 600 000 dollars pour le développement des jeunes par le club, soit 30% du budget du club. Une politique de formation digne des meilleurs centres en Europe. « La philosophie du club est très claire. La formation est une priorité. Nous nous devons de donner la chance aux jeunes footballeurs d’évoluer un jour en équipe première. 17 des 25 joueurs présents dans l’effectif proviennent de notre centre de formation, dont José Angulo » , étaye Arroyo. Et de poursuivre : « Pour cela, il ne suffit pas seulement de chercher les meilleurs joueurs potentiels, il faut aussi les mettre dans les meilleures conditions. Notre centre accueille des jeunes de onze à dix-huit ans qui possèdent leurs propres chambres. Ces derniers peuvent aussi profiter de gymnases, de centres médicaux, d’un collège, d’un lycée, de huit terrains dont un synthétique et d’une piscine. Le but est d’accompagner ces enfants et jouer notre rôle social à fond. C’est aussi pour cela que nous leur fournissons tous les équipements de football en plus d’une aide financière mensuelle. »
Une méthode qui réussit bien au petit Angulo. En U16, U18 et avec la réserve du club, « Tin » empile les pions et affole toutes les statistiques, remportant tous les titres dans ces catégories respectives. « 2010 a été un tournant pour notre club avec l’accession pour la première fois de notre histoire en Serie A équatorienne. Il ne faut pas oublier que le club n’avait pas une grande histoire ni une grande identité à l’époque. Notre identité, nous l’avons construite ainsi, avec notre travail sur la formation, ce qui a amené tous ces résultats. Pour en revenir à José Angulo, physiquement, c’est un monstre. Mais ce qui en fait un joueur, c’est qu’en plus de cela, il est très à l’aise techniquement et très adroit devant le but. Le but qu’il met face à Boca Juniors en demi-finales en est la preuve. Seuls les cracks sont capables de réaliser un tel enchaînement » , s’enflamme le directeur.
Des vidéos de Benzema et Ibra pour progresser
À son retour de blessure, José Angulo revient encore plus fort. Il reprend sa place en pointe de l’attaque de la réserve et inscrit neuf buts en six matchs. Il n’en fallait pas plus pour attirer l’attention de l’entraîneur uruguayen Pablo Repetto, qui le lance dans le grand bain de l’équipe première. Pari gagnant. Nous sommes alors au milieu de l’année 2015 et « Tin » met l’Équateur à ses pieds, avec 14 réalisations en 13 rencontres. « Pour la petite anecdote, à son retour de blessure, nous devions l’emmener avec nous en réserve pour disputer un tournoi international. Au dernier moment, Pablo Repetto nous prévient que le numéro neuf habituellement titulaire, Daniel Angulo, s’est blessé et qu’il veut que José reste avec lui. La suite, vous la connaissez, il n’est plus jamais ressorti de l’équipe première » , s’amuse Roberto Arroyo à propos de celui qui s’inspire de deux têtes bien connues dans l’Hexagone pour sa marge de progression. « À chaque fois que je regarde des vidéos, ce sont des vidéos de numéro 9. Le plus souvent, je sélectionne celles de Zlatan Ibrahimović et de Karim Benzema qui sont deux références pour moi à ce poste. J’observe leurs mouvements, la façon qu’ils ont de se déplacer sur le terrain et je tente de les imiter » , déclarait l’intéressé récemment à un média équatorien.
Intérêt de Monaco et de l’Atlético
Une chose qui lui réussit bien. Cette saison, Angulo poursuit sur sa lancée, avec notamment six buts en Copa Libertadores, éliminant à lui seul les Pumas de Mexico en quarts de finale, puis se payant le scalp de Boca Juniors en demies grâce à ce but exceptionnel. Avec un tel rendement et un nouveau statut d’international équatorien, quelques grosses écuries européennes viennent frapper à la porte. C’est le cas de l’Atlético de Madrid, mais aussi de l’AS Monaco. Tout sauf une surprise pour Roberto Arroyo, « vu les paliers qu’il a déjà franchis. C’est un garçon qui a un énorme potentiel et qui est concentré sur ses objectifs sportifs. C’est indéniablement une bonne opportunité pour beaucoup de clubs européens qui ont montré leur intérêt. Et je n’ai aucun doute sur la suite de sa carrière au regard de sa capacité d’adaptation. Je suis content pour lui, même s’il nous manquera. » Même avant cette finale retour cette nuit, l’avenir de José Angulo semble donc déjà tout tracé : remporter la Copa Libertadores avant de s’envoler pour le Vieux Continent serait un aboutissement pour le diamant brut d’Independiente del Valle. Un diamant qu’il faudra désormais polir loin de ses bases.
Par Bastien Poupat, à Buenos Aires
Propos de Roberto Arroyo recueillis par BP