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Joris Delle en pleine lumière
Arrivé comme numéro 1 bis, Joris Delle s'apprête à enchaîner son dixième match sous les couleurs de l'OGC Nice. L'ancien portier de Metz explose enfin au plus haut niveau après plusieurs années de galère. A 22 ans, il incarne la relève française de ce poste si particulier. Portrait d'un mec atypique qui préfère passer son temps libre à étudier plutôt qu'à enchaîner les rencontres sur Fifa 13.
22 août 2009, quelque part en Corée du Sud. Joris Delle se déchire et provoque un penalty contre Haïti pendant la Coupe du monde des U17. Le portier français suivra du banc la suite du Mondial et ruminera pendant plusieurs mois sa performance. « Cette expérience l’a énormément marquée, mais il a su analyser cet échec, affirme Jean-Pascal Singla, entraîneur des gardiens du FC Metz de 2009 à 2012. Il s’est construit aussi autour de ce fiasco qui reste une étape très importante dans sa carrière. » Joris Delle est alors au fond du trou. Cette faillite individuelle arrive au plus mauvais des moments, elle fait suite à une rupture des ligaments croisés survenue en mars 2009 quelques mois après un pépin à l’épaule datant d’avril 2008. Le Lorrain vit des moments délicats mais se forge un caractère. « Quand tu es blessé de longue durée, tu passes six mois à la cave. Ton téléphone ne sonne plus, tu n’existes plus, explique Delle. Je me suis alors dit que je n’étais que de passage. J’ai alors entrepris des études, c’est important de ne pas gamberger, de découvrir de nouvelles choses. Ça peut paraître bizarre mais je trouve ça plus intéressant que de rester sur son canapé à jouer à la console. »
Un physique très fragile
Delle se refait alors la cerise en CFA 2, intègre l’équipe première du FC Metz et dispute sa première rencontre professionnelle le 20 août 2010 contre Vannes (1-0), « un très bon souvenir avec des arrêts décisifs » qui permettra au club de se maintenir en fin de saison. La suite ? La blessure de Christophe Marichez, le titulaire habituel du poste, permet au jeune Messin d’enchaîner les oppositions en Ligue 2. Joris Delle progresse, prend de l’assurance et ne cesse de travailler. Le boulot, c’est la marque de fabrique de l’ancien Grenat. « Je ne suis pas surpris par ce qu’il vit actuellement, confirme Jean-Claude Nadon, l’un de ses formateurs. Sa progression, il est allé la chercher. Ce n’est pas un hasard, il met tout en œuvre pour réussir. C’est un garçon à l’écoute, qui travaille énormément. Il n’a que ce qu’il mérite. »
Son genou le lâche de nouveau la saison passée. Une fragilité perceptible qui commence à en inquiéter certains, Jean-Pascal Singla confirme. « Il a toujours l’objectif d’aller plus haut. Mais ses blessures le freinent, elles n’arrivent jamais par hasard. Il reste fragile et il s’est montré parfois trop attentiste dans sa vie de tous les jours. Il a besoin d’être accompagné, de recueillir la confiance de ses entraîneurs. C’est important pour lui ! » Lionel Létizi, l’entraîneur des gardiens de l’OGC Nice, insiste sur « le travail physique que doit entreprendre Joris. Il faut être assez préventif avec ce joueur. Il a encore des choses à perfectionner et doit faire attention à sa santé. Il n’y a qu’en enchaînant les rencontres qu’il continuera de progresser. »
Numéro bis
Joris Delle est conscient d’avoir franchi un cap en ce début de saison. En fin de contrat à Metz, il signe en août dernier à Nice en tant que numéro 1 bis. Le faux-départ de David Ospina lui ouvre la cage des Aiglons. Résultat : neuf titularisations en autant de rencontres de Ligue 1 et des performances remarquées. « J’ai choisi de signer à Nice dans l’espoir d’avoir du temps de jeu dans les coupes nationales, sourit l’intéressé. Il y a eu un concours de circonstances et j’ai aujourd’hui la confiance du coach. Je me fonds complètement dans ce projet qui peut aboutir à quelque chose de grand. » A lui de maintenir le niveau actuel pour un jour atteindre le degré de performance d’un Hugo Lloris, qu’il prend souvent comme modèle. « Le poste évolue, la génération Coupet appartient désormais au passé. Il faut maintenant jouer comme un libéro. Un gardien est toujours un peu seul sur le terrain, la preuve, on n’a pas le même maillot que nos coéquipiers. La concentration est la base du métier » . Un emploi qu’il occupe actuellement à merveille.
Par Romain Poujaud
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