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Jorginho, destination Ballon d’or !
Champion d’Europe avec Chelsea et l’Italie, Jorginho se positionne comme un candidat très sérieux pour remporter le Ballon d'or. Malgré le premier succès continental de Lionel Messi avec l'Argentine cet été, le milieu transalpin mériterait d'être le premier Italien à rafler la récompense individuelle suprême depuis Fabio Cannavaro.
Alors qu’il s’avance tranquillement vers le petit point blanc dans la surface de réparation, Jorginho a l’occasion de donner la victoire à son équipe face à l’Angleterre en finale de l’Euro, comme contre l’Espagne cinq jours plus tôt. Si son fameux saut de cabri avait fonctionné à merveille face à Unai Simón, la technique ne prend pas contre Jordan Pickford, qui détourne de manière bluffante la tentative du numéro 8 azzurro. Un échec finalement sans conséquence, puisque Gigio Donnarumma s’était chargé du reste. L’essentiel est assuré, même si voir la pierre angulaire de l’entrejeu italien offrir un deuxième Euro à la Squadra Azzurra aurait été un sacré symbole.
Souvent sous-estimé depuis son arrivée à Chelsea en 2018, Jorginho a pris une nouvelle dimension cette saison chez les Blues, mais aussi en sélection. Le résultat ? Un doublé Ligue des champions-Euro 2020, qui le place parmi les favoris pour rafler le Ballon d’or, alors que N’Golo Kanté et Kevin De Bruyne étaient plus facilement cités avant de prendre la porte prématurément. Si l’idée de voir « petit Jorgi » succéder à Lionel Messi, dernier lauréat en 2019, semblait inimaginable un an plus tôt, elle ne paraît plus aussi saugrenue aujourd’hui. Les résultats comptent, c’est vrai, mais l’importance du milieu à Chelsea et avec l’Italie, deux équipes plus collectives que portées par des individualités, en fait peut-être le symbole parfait de cette drôle d’année 2021.
Jorginho, une lumière dans l’ombre
Les amoureux des lignes de statistiques verront peut-être que Jorginho pèse cette saison 9 buts et 5 passes décisives en 56 apparitions – ce qui est très honorable pour un joueur à ce poste -, les autres verront l’immense boulot abattu dans l’ombre par le natif d’Imbituba. Joueur de champ le plus utilisé par Roberto Mancini lors de cet Euro (705 minutes), « Jorgi » n’a même pas été mis au repos face au pays de Galles, alors que le sélectionneur avait opéré à un large turnover, la qualification étant déjà en poche. Pas dans les plans d’Antonio Conte et mal utilisé par Gian Piero Ventura, Jorginho revit sous les ordres de Mancini, qui le lui rend bien. Face à l’Autriche en huitièmes de finale, c’est le joueur de Chelsea qui a remis ses coéquipiers sur la bonne voie, alors que les Italiens se cassaient les dents sur la défense autrichienne. « Le match se déroulait d’une certaine manière contre une équipe bien organisée. J’ai vu que nous devenions nerveux parce que ça ne se passait pas comme nous le voulions et j’ai donc essayé d’aider mes coéquipiers à ne pas perdre la tête », expliquait le principal intéressé après la qualification pour les quarts de finale.
Une aide qui se traduit par une prise de parole incessante, faisant de lui l’un des leaders naturels sur le terrain, même s’il porte très rarement le brassard de capitaine autour du bras. Surnommé Radio Jorginho par ses coéquipiers, le milieu italo-brésilien est capable de dominer un match en étouffant les adversaires grâce à un pressing de tous les instants et de couper les contre-attaques grâce à une excellente maîtrise du jeu. Des efforts non négligeables qui se traduisent en chiffres : en sept rencontres dans cet Euro, Jorginho a avalé 86,6 kilomètres, soit un peu plus de 12 bornes par match. En la matière, seul Pedri fait mieux que l’Italien. Ajoutez à cela 93% de passes réussies sur l’ensemble du tournoi et vous obtenez le cerveau de la sélection et de Chelsea.
Sur les traces de Cannavaro
Un rôle qui lui sied à merveille et apprécié de ses coéquipiers, à commencer par son compère de l’entrejeu Marco Verratti : « Avec Jorginho, tout semble simple. Il est indispensable à cette équipe, intouchable. » Mais aussi son entraîneur à Londres, Thomas Tuchel : « »Jorgi », c’est notre stratège, le gars qui nous aide à construire et qui prend les bonnes décisions. Il nous permet d’évacuer la pression. » La pression, le garçon ne la connaît pas, ou très peu, ce qui lui permet notamment de briller dans l’exercice des penaltys (il n’en a loupé que quatre dans sa carrière, sur 33 tentatives, hors tirs au but).
Si l’Argentine et le Barça dépendent énormément du talent de Lionel Messi, l’Italie et Chelsea sont bien contents d’avoir un Jorginho dans leurs rangs pour camper le rôle du point d’équilibre de leurs collectifs bien huilés. Si les votants préfèrent souvent récompenser les attaquants, les joueurs ultra-décisifs, et surtout le duo iconique Messi-Ronaldo depuis plus d’une décennie, cette année se présente comme une nouvelle occasion d’inverser la tendance et de rappeler que le Ballon d’or a longtemps été un trophée récompensant la puissance d’un collectif sur une année à travers le sacre d’un joueur majeur symbolisant son/ses équipe(s). Pourra-t-on vraiment assister à un duel Messi-Jorginho en fin d’année ? Il est difficile de l’imaginer, même si l’international italien présente l’avantage d’avoir bouclé sa saison avec deux trophées majeurs, alors que Messi et le Barça sont restés sur leur faim avec une troisième place en Liga et une piteuse élimination en huitièmes de finale de Ligue des champions. Quinze ans après le sacre contesté de Fabio Cannavaro, l’heure est venue pour le Ballon d’or de retrouver sa place de l’autre côté des Alpes auprès de Jorginho. Une destination idéale pour redonner un sens et une symbolique à une récompense historique.
Par Analie Simon