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Jorge Valdivia est-il si fort ?

Par Markus Kaufmann, à Santiago du Chili
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Jorge Valdivia est-il si fort ?

Si Jorge Valdivia enchante la Copa América depuis ses premières notes il y a deux semaines contre l'Équateur, l'artiste est resté fidèle à lui-même et à ses tours de magie. Mais le numéro 10 est-il si fort ? Si on l'appelle le Magicien depuis toujours, il doit bien y avoir une raison. Mais s'il n'a jamais brillé ailleurs qu'en Amérique latine, il doit bien y en avoir une autre. Voilà une histoire où une raison en affronte une autre sur un fond de contrôles irrationnels.

Ce Chili-Uruguay était un rendez-vous historique. Comme le huitième de finale du Mondial 2014 contre le Brésil, comme le quart de finale de la Copa América 2011 contre le Venezuela, comme le huitième de finale du Mondial 2010 contre le Brésil, les Chiliens en ont fait une histoire personnelle. Eux, leur jeu, leur Bielsa ou leur Sampaoli, et le défi immense de gagner d’une seule et même façon. Cinq ans après ce Chili-Brésil en Afrique du Sud, la Roja a bien progressé. Alexis Sánchez a marqué une petite tonne de buts en Serie A, Liga et Premier League, Arturo Vidal s’est imposé comme l’un des tout meilleurs milieux au monde, Claudio Bravo a acquis la reconnaissance d’un champion à Barcelone, Gary Medel s’est fait aimer dans tous les championnats d’Europe, et Edu Vargas a toujours trouvé un employeur prêt à parier sur ses buts. Le Chili semble donc se rapprocher toujours plus d’un idéal du jeu, à travers une progression collective et individuelle. Pourtant, ce rendez-vous historique face à l’Uruguay a été résolu par un homme qui, lui, n’a pas changé.

Manuel de 10

Positionné entre les deux lignes de quatre Uruguayens, Valdivia a désordonné la géométrie du maître Tabárez dès ses premiers mouvements. Comme un numéro 10 à l’ancienne, ou un faux 9 moderne, le magicien demande la balle là où si peu de joueurs savent la recevoir. Entre les lignes, dans le tourbillon du milieu, entre les lames d’acier des milieux défensifs sud-américains et les wagons des défenseurs centraux. Maîtrisant le langage de son corps autant que celui du ballon, Valdivia nage au milieu des vagues comme un poisson dans l’eau. Contrôles impeccables, conservations de balle astucieuses, et puis des prises de décision réfléchies là où la pensée n’a pourtant pas le temps. Le jeu de Valdivia suit le manuel du numéro 10 : la fameuse pause – pausa – la précision technique et le goût de la prise de risque.

Et ainsi, Valdivia fait la différence dans un collectif déjà très fluide sans lui. Alors que la grande majorité des éléments chiliens de la sélection ont tous une éducation du mouvement et du toque, Valdivia a aussi celle de la création. Quand Aránguiz, Vargas, Vidal et Sánchez courent, le 10 offre la pause nécessaire pour donner du sens à tout cet athlétisme. Dopé par la passe en profondeur, obsédé par la solution vers l’avant, Valdivia hésite souvent plusieurs secondes avant de lancer l’un de ses coéquipiers dans la surface adverse, mais finit toujours par « tenter le coup » . Pour le meilleur – son lob pour Medel contre la Bolivie – et pour le pire – ses nombreuses pertes de balle. On croirait que ça le démange, qu’il en a besoin, ou plus simplement que son sens du jeu lui impose le risque. Contre l’Uruguay, ce souffle de jeu vers l’avant l’a conduit à réaliser ce qui pourrait être le geste du tournoi : un petit pont sensationnel du pied gauche dos aux deux pieds décollés d’un Fusile arrivant à toute vitesse.

Le meilleur du meilleur moment

La question, à présent, est de savoir pourquoi Valdivia paraît si fort à plus de 30 ans après une carrière d’occasions manquées. A-t-il toujours été si bon ? Aurait-il pu reproduire le même niveau en Europe il y a quelques saisons, avec plus de confiance et de discipline ? Peut-il évoluer à un tel niveau en Europe aujourd’hui ? Par exemple, Valdivia aurait-il été meilleur que Payet cette saison si la direction marseillaise avait exaucé le vœu de Marcelo Bielsa ? Et enfin, Jorge Valdivia est-il si fort dans cette Copa América ou est-il en train de nous jouer un merveilleux tour d’illusionniste ? Les statistiques auront du mal à répondre à ces questions, mais un peu de bon sens indique quelques pistes. D’une part, Valdivia perd des ballons, oui. S’il s’est montré au-dessus du monde face à la Bolivie et l’Uruguay, son match contre l’Équateur a été l’occasion de revoir un Valdivia trop lent, prenant des décisions hasardeuses et ratant même quelques crochets basiques. Le 10 est même sorti à l’heure de jeu et avant que Mati Fernandez soit expulsé, le joueur de la Fiorentina semblait bien positionné pour récupérer une place de titulaire contre le Mexique…

Mais depuis, Valdivia réussit tout. Est-ce l’urgence historique qu’impose la compétition ? Un sentiment de revanche personnelle qui ne peut plus attendre ? Est-ce que toutes les conditions tactiques idéales sont réunies dans cette sélection où Valdivia ne doit pas combattre la concurrence de la créativité de Mati et Pizarro, mais peut compter sur l’athlétisme d’Aránguiz et Vidal ? Toujours est-il que dans cette configuration, en ce mois de juin 2015 au Chili, Valdivia est un peintre au sommet de son inspiration. Lorsqu’il dessine habituellement les courbes offensives de son Palmeiras, c’est vrai qu’il lui faut des brouillons longs comme des matchs pour délivrer ses chefs-d’œuvre. Au Brésil, en plus, Valdivia a du temps. Là, alors que le temps le contraint à créer vite, Valdivia a jeté tous ses brouillons. Il vit ce moment de sa carrière où il peut prendre la toile à deux pieds, franchement, et peindre tout ce qui lui passe par la tête avec la conviction d’aller toujours dans le sens du jeu. Impossible de savoir si Valdivia aurait pu reproduire de tels tableaux en Europe, hier, aujourd’hui ou demain. Mais en remportant le premier titre de l’histoire du Chili, en finale face au rival argentin d’un autre numéro 10 plutôt attendu, Valdivia réaliserait le plus grand accomplissement de l’histoire du football de son pays. Comme un autre 10 l’avait fait en 1986 pour les terres qui se trouvent de l’autre côté des Andes.

Chez les entraîneurs, des nerfs à manager

Par Markus Kaufmann, à Santiago du Chili

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