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Jorge Mendes, profession loueur

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Jorge Mendes, profession loueur

Le nom de Jorge Mendes est associé aux transferts les plus dingues de la planète. Après avoir fait de Scolari l'entraîneur le mieux payé du monde en Ouzbékistan, l'agent portugais a déjà réalisé un gros chiffre d'affaires annuel en plaçant José Mourinho sur le banc merengue quelques jours après avoir refourgué David Villa au Barça. A la manière d'un joueur d'échecs, Mendes place ses pions où bon lui semble. Et si c'était lui le vrai Special One ?

Fils de Manuel, fonctionnaire, et de Maria, femme de ménage, Jorge Mendes est un Lisboète pure souche. A 20 ans, il quitte pourtant la capitale pour rejoindre Viana Do Costelo, ses 30 000 habitants, ses cinq églises et son modeste club de football de troisième division, le Vianense. A l’époque, rien ne prédestinait vraiment Jorge Mendes à devenir l’un des hommes les plus influents du football mondial. Repéré par la cellule de recrutement de Benfica, celui qui joue alors milieu de terrain décide même de refuser l’offre du club de cœur de son paternel. Et pour cause. « Ils ne me proposaient rien de concret, se lamente Mendes. A l’époque j’étais jeune, mais je n’étais pas idiot. Je savais qu’en rejoignant un grand club, je n’aurais pas eu toutes mes chances de réussir » . Là où beaucoup auraient signé n’importe quoi, n’importe comment, Mendes préfère la jouer fin stratège en restant au Vianense. La suite lui donnera raison.

Blessé gravement au genou lors de sa deuxième année au club, Mendes s’aperçoit que le stade est dépourvu de panneaux publicitaires. Pour passer le temps, il décide alors de s’improviser VRP auprès des sociétés du coin. Mieux, il laisse tomber sa rééducation et ses crampons pour mettre toutes ses billes dans la construction d’un video-club. Le plus grand de la ville. “Samui Video” est un succès. On s’y arrache les K7 vidéos et les bétas. Mendes kiffe et investit ses bénéfices en rachetant des bars. Le footballeur gâché se révèle être un entrepreneur brillant et l’un des notables les plus respectés de la région : « J’ouvrais des boutiques et je les revendais dix fois plus cher au bout de quelques mois. Tout le monde me connaissait dans le coin, j’étais comme une star ! » .

En 95, Mendes se lance à la conquête du monde la nuit en inaugurant plusieurs discothèques dans la banlieue de Porto. C’est là que tout va rapidement s’enchaîner. Sa clientèle est composée de quelques footballeurs mécontents de leurs sorts respectifs. Il se lie d’amitié avec eux en offrant quelques bouteilles et un peu de réconfort. Le premier à mordre à l’appât est le gardien du Vitoria Setubal, Nuno. Séduit par la gomina et le CV de Mendes, le Portugais lui confie une carrière qui prend un nouvel élan lorsqu’il signe chez les Galiciens du Deportivo La Corogne en 1997. Le plus portugais des clubs espagnols est le premier client de Mendes. « Jorge est comme un fils pour moi, révèle Augusto Cesar Lendoiro, président du SuperDepor. C’est un garçon charmant, très poli, attachant et travailleur. Il est venu vers nous car nous étions le club le plus huppé du nord de la péninsule avec le FC Porto. Il lui arrivait de se taper des heures en voiture uniquement pour prendre un café. Moi je le prévenais toujours : “On boit un café, on parle mais rien d’autre hein !” Et au final il arrivait toujours à me refourguer un joueur dont je n’avais jamais entendu parler. En affaires, il est redoutable ! » Lendoiro ne s’en plaint pas.

Grâce à Mendes, le SuperDepor a vu passer des joueurs du calibre d’Andrade, Pauleta et compte aujourd’hui Ze Castro dans ses rangs. « Mon plus grand regret, c’est d’avoir raté Costinha. Il m’en avait parlé, mais c’est la seule fois où je ne l’ai pas écouté. Finalement, il est parti à Monaco alors qu’il n’avait jamais joué en première division portugaise. Cette opération résume parfaitement ce que signifie Jorge : un père, un ami, un frère, un confident… C’est la continuation de la famille. C’est le saint-esprit » . Augusto Cesar Lendoiro n’est pas le seul fan du Guesh. Le FC Porto fait également partie de la liste d’admirateurs de Mendes. Et pour cause. Mourinho, Deco, Derlei, Ferreira, Carvalho ou encore Bosingwa sont tous issus du système Mendes. Après avoir gagné la C1 contre Monaco, l’agent a contenté tout le monde en les envoyant en Angleterre. A l’époque, Mourinho est à deux doigts de signer pour Liverpool. Son agent d’alors, le Brésilien Jorge Baidek, a déjà tout arrangé. Seulement voilà, Mendes séduit le “Special One” en lui parlant d’Abramovich et de la manne financière dont il disposera pour son recrutement made in Portugal. On connaît la suite… « J’ai introduit des footballeurs portugais sur le marché anglais et ça, c’est ma plus grande réussite. J’ai ouvert une voie que beaucoup rêvaient d’ouvrir avant moi sans jamais y être parvenus » .

Son flair et son talent pour dégoter des contrats remplis de clauses aussi indécentes que contraignantes pour les clubs attirent bien évidemment le gratin du football brésilien et portugais. Depuis 2005, le bilan de “Gestifute” est plus que positif. Chaque été, la petite entreprise de six salariés basée à Porto arrive à réaliser un chiffre d’affaires moyen de 160 millions d’euros. Pas pour rien que Mendes est considéré comme le roi des commissions et comme la troisième star interplanétaire du football portugais derrière ses deux clients les plus cotés : Ronaldo et Mourinho. Dans son bureau de Porto, Mendes garde des vidéos de présentation de chacun de ses 122 clients. Dans aucune d’entre elles pourtant il n’y est question de football ou de montage digne de spots pour Nike. Bien au contraire. Mendes l’a compris. Il faut vendre une image, du rêve plutôt que des séries de jongles pourlingues. « J’ai une cassette de Mourinho où on le voit sauter en parachute en faisant le V de la victoire avec ses doigts. On dirait james Bond ! L’image qu’il s’est construite est incroyable et lui va comme un gant ! » se gausse l’agent. Ce genre de détails insignifiants, c’est ce qui a fait aujourd’hui le succès de Mendes selon le Colchonero Simao : « Les meilleurs veulent être avec le meilleur. Et Mendes, c’est ce qui se fait de mieux actuellement. C’est un véritable professionnel qui arrive toujours à satisfaire vos attentes… Il n’y a jamais de surprises ni de contretemps avec lui » . Le bras droit de Mendes, son neveu, Luis Correia, va plus loin : « Les footballeurs doivent se contenter de jouer. Tout le reste, on s’en occupe. S’il faut donner à manger aux poissons rouges, leur apporter un portable à Caracas ou leur faire à dîner, nous nous en chargeons ! »

Capable de faire ou de défaire des réputations à sa guise, l’influence de Jorge Mendes a de quoi soulever des questions. Pour sortir de l’ombre du Barça, Florentino Perez a logiquement fait appel à ses services. Certains diront qu’il a signé un pacte avec le diable… Et ce n’est pas totalement faux. Après avoir refourgué Pepe pour 30 millions d’euros et Ronaldo pour 96 millions d’euros aux Merengues, Mendes s’apprête à blinder encore plus son compte en banque en refourguant deux autres de ses clients : Di Maria (25 millions) et Coentrao (15 millions). Sans compter l’arrivée possible de Figo en tant qu’assistant du Special One… Si toutes ces opérations se réalisent, Mendes aura facturé la bagatelle de 65 millions d’euros de commission aux Merengues. Il est loin, très loin, le temps des VHS…

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