On s’attendait à un tout petit bonhomme, mais en fait non. Tu as mangé de la soupe ?
(rires) J’ai bien mangé, oui, ça m’a permis de grandir. Tout le monde me dit ça, et je mets des chaussures hautes pour surprendre encore davantage les gens (il se marre). Le truc, c’est que si tu regardes les gardiens d’aujourd’hui, ils sont tous immenses. Alors là oui, je suis ridicule à côté d’eux. Mais non, comme vous voyez, je ne suis pas un nain.
Plus sérieusement, pendant ce Mondial, hormis Ochoa qui a été brillant face au Brésil, les gardiens sont assez peu décisifs. À quoi cela est-il dû selon toi ?
Chaque gardien a un style propre, et ce style dépend aussi beaucoup de l’entraîneur. Il y a certains coachs qui demandent à leurs gardiens de relancer court derrière, d’anticiper, de jouer dans une position avancée. D’autres au contraire exigent qu’ils ne prennent aucun risque. Il me semble que Navas du Costa Rica ou Neuer avec l’Allemagne jouent très haut. Ça m’a surpris pour Neuer parce qu’il est géant, mais il relance très bien avec les pieds. Aujourd’hui, les équipes jouent très bas. Résultat, il y a moins de spectacle, moins de gardiens qui sortent pour couper les actions, etc.
Justement, à la manière d’Higuita ou de Chilavert, en plus d’être un bon gardien, tu étais un showman sur le terrain. Tes sorties, tes montées, tes buts. Ce genre de forte personnalité a un peu disparu aujourd’hui, non ?
C’est très difficile d’être gardien et de jouer comme on le faisait, de prendre autant de risques. Il faut se rendre compte qu’il y a énormément de pression derrière nous. Mais moi, je m’en foutais. Je me suis toujours éclaté sur le terrain. Et je préférais faire une erreur au-delà de ma surface, pour avoir une chance de me ratraper, que sur ma ligne. Sinon, c’était but immédiat. J’étais un peu fou, mais je m’amusais beaucoup. Je montais souvent jusqu’au milieu de terrain avec la balle. C’était mon style, j’aimais ça. Heureusement, je n’ai jamais fait d’erreur dans une Coupe du monde, sinon je ne serais pas là à discuter avec vous (rires).
C’est une question de mentalité alors ?
C’est de l’intelligence. Je me rappelle couper les centres, les passes en profondeur de l’adversaire. Alors oui, parfois je me trompais, comme tout le monde, mais je gardais la confiance de mes coachs, parce qu’avant de me tromper, j’avais annulé cinq ou dix occasions de but de l’adversaire.
Le Mexique a une belle génération, avec les Vela, Ochoa, Giovani. C’est un pays avec une forte passion pour le football et de bonnes infrastructures. Qu’est-ce qui lui manque pour gagner une Coupe du monde ?
Il y a des choses que l’on n’a pas bien fait, et que l’on continue à ne pas bien faire. Les dirigeants au Mexique ne comprennent pas bien comment les footballeurs fonctionnent. Alors, on avance peu. Un coup on est tout proche, un coup on est très loin. L’année dernière on était quasiment hors-course pour le Mondial, aujourd’hui on rêve d’aller en finale.
Je surfais beaucoup. J’ai arrêté parce que j’ai peur des requins
Il y a une tendance quand même : depuis 1994, le Mexique atteint les huitièmes de finale, mais ne les franchit pas.
Oui, c’est vrai. Croyez-moi, je préférerais qu’on fasse comme la France, être champion puis sortir au premier tour.
En France, tu es aussi très connu pour tes maillots fluos. Tu continues à les dessiner ?
J’adorais dessiner mes propres maillots, même si je le faisais mal. Mon frère dessinait très bien, il me donnait un coup de main. Il me disait « ça oui, ça non, mets plus de couleurs ici ou là » . Je surfais beaucoup à cette époque, aujourd’hui j’ai arrêté parce que j’ai peur des requins. Tiens, je me souviens quand j’ai joué le tournoi de Toulon, je m’étais acheté une combinaison fluo en arrivant là-bas. Elle était très moche, mais je m’en inspirais quand même pour mes maillots par la suite.
C’était un moyen de distraire les attaquants ?
Bien sûr, ils étaient obligés de porter des lunettes de soleil pour m’affronter (il se marre). Aujourd’hui, les gardiens jouent tous en gris ou en noir, paraît-il pour ne pas qu’on les voit. Mais c’est faux, moi j’ai joué attaquant, et que le gardien soit gris, jaune ou vert, il prendra tout le temps des buts.
Tu prenais plus de plaisir à marquer des buts ou à faire des arrêts décisifs ?
J’aimais marquer. Parce que quand tu marques, tu cries, tu cours, tu sautes. Et ça, c’est fun.
Trois raisons de mater Inter-Arsenal