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Jordan Amavi : « Il y a plus grave qu’une rupture des croisés »
Il avait terminé l'année 2015 avec un genou en vrac qui avait brisé son élan en Premier League. Désormais de retour à la compétition, Jordan Amavi souhaite ramener Aston Villa dans l'élite anglaise et philosophe sur la première grosse blessure de sa carrière. Car il a compris qu'il y avait plus grave dans la vie.
Tu es revenu à la compétition avec Aston Villa après neuf mois d’absence sur blessure, comment va ton genou ?
Pour ton premier match après ta blessure, les supporters de Villa t’ont accueilli de quelle manière ?
C’était le dernier match de préparation, le coach (Roberto Di Matteo, depuis démis, ndlr) me fait entrer quelques minutes en fin de match et les supporters m’ont applaudi. La culture foot des supporters anglais, c’est différent, ils sont au stade à fond derrière leur équipe et leurs joueurs. De vrais fans, même en Championship, ils sont nombreux à faire les déplacements, dans tous les stades, ils remplissent leur tribune, c’est magnifique. Cela chante, cela nous pousse sur le terrain. Ils ont plein de chants selon les situations et les joueurs.
Il y a un chant Jordan Amavi ?
Pour revenir sur ta blessure au genou (rupture des croisés en novembre 2015 lors d’un match avec l’équipe de France espoirs, ndlr), on a l’impression que tu as très vite relativisé ta blessure, alors que tu n’as que vingt-deux ans…
Et je me suis dit que c’était mieux que cela m’arrive maintenant que plus tard. Je suis jeune, ma blessure est passée, je reviens à mon meilleur niveau. C’est derrière. Et quand je suis allé au centre de rééducation de Saint-Raphaël, j’ai vu des gens qui avaient des choses bien pires que moi. J’ai vu un mec de mon âge se présenter avec un pantalon. Plus tard, quand je l’ai vu en short, il lui manquait une jambe. En discutant, il m’a expliqué qu’il avait un problème depuis tout jeune et qu’il avait demandé lui-même l’amputation. Il avait tous les jours le sourire, on rigolait tous les jours alors qu’il lui manquait une jambe. D’autres personnes avaient d’autres problèmes bien pires que les miens. Cela fait réfléchir, « ah ouais, toi tu as juste un ligament croisé qui a lâché, d’autres personnes de ton âge ont bien pire… » Cela fait réfléchir et permet d’avancer.
Paradoxalement, cette blessure va donc t’aider dans ta carrière et ta vie.
C’était quoi le plus dur blessé, de se faire mal physiquement pour revenir rapidement, ou de devoir regarder Aston Villa sombrer sans pouvoir aider ?
Quand tu es blessé, les journées doivent être très longues ?
Le matin, je faisais des soins, l’après-midi de la préparation physique pour garder le haut du corps en forme, et après encore des soins. Je partais de chez moi à 8h et je rentrais à 18h ou 19h. Une journée de travail, et le week-end pour souffler. Quand tu es en pré-saison, tu travailles pour préparer la saison et ensuite tu entretiens. Là, en étant blessé, j’entretenais le haut du corps, car je ne pouvais rien faire avec les jambes. Mais ensuite, c’est limite si j’ai dû travailler plus pour retrouver le niveau d’avant blessure, voire mieux. Il y avait une grosse charge de travail, mais c’était bénéfique pour la suite.
Aston Villa a dû mettre en place un suivi très pointu pendant ta convalescence…
Avant de te blesser, tu étais la recrue la plus en forme d’Aston Villa, la presse britannique voyait même en toi l’une des meilleures acquisitions de l’été en Premier League. As-tu des regrets sur ce que cette blessure a pu gâcher, une première sélection ou un transfert dans un gros club anglais ?
Mais, avec ton agent (Christophe Mongai, ndlr), vous aviez discuté d’un positionnement pour le mercato d’été 2016 ?
Personnellement, je me sens bien à Aston Villa, l’ambiance dans le groupe est bonne, les infrastructures sont magnifiques, la ville est belle aussi. Malgré le fait qu’on soit en D2, je suis bien à Aston Villa. Au mercato d’été, j’avais dit à mon agent que je voulais rester, et les dirigeants m’ont demandé mon avis aussi. Si des clubs s’étaient positionnés, je ne sais pas si Villa m’aurait laissé partir, mais moi, j’avais décidé de rester. Aujourd’hui, je joue, j’essaie de revenir à mon meilleur niveau.
De ces trois mois de Premier League, tu retiens quoi ?
Il y a des joueurs qui t’ont impressionné ?
Cette saison, Aston Villa est pour le moment seizième, Roberto Di Matteo a été remplacé par Steve Bruce en octobre, mais l’équipe va mieux depuis ce changement d’entraîneur (Villa est invaincu depuis début octobre, ndlr). Comment tu analyses ce renouveau ?
Je ne sais pas. Roberto Di Matteo, c’était un bon coach aussi. Là, on est dans une bonne réaction depuis que Steve Bruce est là. Un déclic, le choc psychologique ? J’ai quand même eu quatre coachs en un an… J’espère que l’on va continuer sur cette dynamique. Steve Bruce dégage beaucoup d’autorité, il resserre les boulons… Avec lui, faut marcher droit, mais c’est quelqu’un qui aime rigoler à l’entraînement. Mais pas le jour du match, si cela ne va pas, il gueule.
Tu as des gars sûrs dans le vestiaire de Villa ?
Tu as été rappelé en équipe de France espoirs lors du dernier rassemblement, cela a dû te faire beaucoup de bien…
L’équipe de France A, tu y penses ou c’est encore trop loin pour toi ?
Mon premier souci, c’est de faire remonter Aston Villa en Premier League. Ce n’est pas moi le sélectionneur, maintenant j’ai passé l’âge de jouer avec les espoirs, donc je me concentre sur mon club. L’équipe de France, cela viendra quand cela viendra. Déjà, il faut remonter en Premier League.
Ton nom a été évoqué par rapport à un transfert possible à l’OM en janvier, cela peut t’intéresser ?
Propos recueillis par Nicolas Jucha