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Jonny s’en va-t-en guerre
Formé à United, le Nord-Irlandais Jonny Evans doit faire avec l'étiquette de défenseur moyen et trop léger pour United. Or, il est le défenseur le plus utilisé par Ferguson en défense centrale et fait l'unanimité au sein du vestiaire. Allez comprendre.
23 octobre 2011, City ne fait qu’une bouchée de United à Old Trafford (6-1). Pour beaucoup, le responsable de cette humiliation est tout trouvé : Jonny Evans. En effet, le défenseur central est coupable d’avoir salement abandonné les siens à la 47ème en récoltant un carton rouge alors que le score n’était que de 0-1. Depuis, le numéro 6 mancunien est en réhabilitation permanente. Il le sait. Cette référence systématique à ce bloody sunday commence d’ailleurs à le gonfler sérieusement. « Quand on parle de moi, on fait tout le temps référence au derby, et on avance que je joue systématiquement à ce niveau, mais je pense qu’en dehors de ce match, ma saison est réussie« , avance-t-il dans les colonnes du Daily Mail. Après tout, avec 20 matches de championnat au compteur (dont dix-neuf comme titulaire), Jonny est le défenseur le plus utilisé dans l’axe de la défense. Oui, plus que Ferdinand, Vidic, Jones et Smalling (ces deux derniers évoluant souvent au poste de latéral droit, NDLR). Pour un raté, il en impose. Du haut de son mètre quatre-vingt-huit, Jonny est intouchable dans les airs. Fidèle à la réputation des défenseurs britanniques, la relance n’est pas son truc, mais il est assez mobile pour sa grosse carcasse et la joue parfois comme un vieux briscard.
Même Rio Ferdinand, sûrement le défenseur british le plus élégant depuis Bobby Moore, est amoureux du bambin. « Il est fantastique. beaucoup de choses ont été dites et écrites sur lui, mais on est loin de la réalité. En plus, il est apprécié par tout le monde dans le vestiaire« , lâchait le défenseur le plus cher de l’Histoire, toujours dans le Daily Mail. Preuve que Jonny n’est pas le lépreux que certains décrivent. Mieux, Evans aime United. Ça fait partie de son ADN. Originaire de Belfast, le poupon est repéré par les scouts de MU à l’âge de 9 piges. Sauf que les restrictions de la Fédération anglaise n’autorisent pas aux joueurs du centre de formation de vivre à plus d’une heure et demie du siège du club. Ayant foi en la réussite de son môme, la famille Evans plie bagages et emménage dans la banlieue de Manchester. Jonny rentre à l’académie. Un chemin que prendra également son petit frère, Corry (il joue en deuxième division, à Hull, au poste de milieu). Une belle histoire. Un conte de fée qui aurait pu prendre fin durant l’été 2011…
Tricard l’été dernier
« Des trois saisons effectuées depuis mon retour de Sunderland (en prêt), la dernière a été la plus difficile. Je n’ai pas montré le niveau que j’aurais souhaité. Et si je joue encore une saison comme celle-ci, je ne suis pas sûr que l’on veuille me garder. Donc j’ai travaillé dur pour revenir. » Ça, c’était Jonny cet été. Auteur d’une saison 2010-2011 des plus moyennes, Evans se sent sur la sellette. L’arrivée du mutant Phil Jones n’est pas là pour le rassurer, d’ailleurs. Dans l’esprit de beaucoup, il est la cinquième roue du carrosse. En défense centrale, il est très loin du quatuor Ferdinand-Vidic-Smalling-Jones. On se dit que le Nord-Irlandais va filer dans une taule obscure de Premier League. Pourtant, Ferguson le garde. L’Écossais préfère se débarrasser de Brown et O’Shea pour garder son jeunot. Ferdinand accusant le poids des ans et Vidic enchainant les blessures, Evans se retrouve starter. Et il ne se rate pas. Sauf dans le derby, vous l’aurez compris.
Pourtant, il doit sans cesse composer avec la haine de certains fans. Sur la toile, de nombreuses vidéos s’efforcent de montrer ses ratés (I H8 Jonny Evans sur YouTube). Jonny, lui, s’en tamponne. Il sait ce qu’il vaut. « J’ai assez d’amis et de proches autour de moi qui me rendent heureux et qui me permettent de garder les pieds sur terre, déclarait-il au Sun en octobre dernier. Ils sont francs avec moi. Ils me font remarquer quand je ne suis pas bon. C’est important de les écouter. Être honnête envers soi-même, c’est fondamental. Aujourd’hui, je suis relax, je joue au football et je rentre chez moi« . Un mec simple, en fait. On l’oublie souvent, mais Evans n’a que 24 ans. Ce soir, sa grande carcasse se chargera de Fernando Llorente en Ligue Europa. Pour un mec qui s’est déjà coltiné Drogba, Torres, Carroll ou Van Persie, ça ressemble à un entrainement.
Par Mathieu Faure