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Jonathan Schmid : « J’ai dû repartir de zéro »
Longtemps absent des terrains à cause d'une maladie liée au Covid, Jonathan Schmid a tout de même pu jouer la semaine passée ses dernières minutes devant les supporters de Fribourg, qui lui ont rendu un hommage mérité. La légende française de Bundesliga laisse derrière lui un club transformé, aux portes de la Ligue des champions.
Face à Wolfsbourg vendredi dernier (2-0), tu as participé à ton dernier match à domicile en tant que Fribourgeois, ça a dû être très émouvant et particulier pour toi… Raconte-nous cette soirée ! J’y ai pensé plusieurs jours avant, ça me faisait déjà quelque chose. Et le moment venu, que ce soit pour moi, pour ma famille, pour mes enfants, c’est vrai que c’était exceptionnel. Le club m’a bien rendu hommage, j’étais vraiment content. (Il a notamment eu une cérémonie en son honneur avant le match, le club lui a offert un cadre où était inscrit « Merci Johnny », et ses enfants ont pu le rejoindre sur la pelouse pour célébrer les derniers moments avec les supporters, NDLR.) C’est sans doute une page qui se tourne pour Fribourg, car il y a aussi Nils Petersen qui arrête, et on est deux joueurs qui apportaient des choses sur le terrain, mais aussi dans le vestiaire. Après, Nils, je pense qu’il continuera à travailler pour le club. De mon côté, je suis à la recherche d’un autre club, et j’espère trouver le plus rapidement possible.
DANKE JOHNNY! ❤️ DANKE NILS! ❤️ pic.twitter.com/ad6TG4PkkA
— SC Freiburg (@scfreiburg) May 19, 2023
Tu as une belle relation avec ton entraîneur Christian Streich, qui t’a d’ailleurs fait entrer pour les toutes dernières secondes du match. C’était prévu à l’avance ? Non, il n’y avait rien de prévu, car il y avait toujours un enjeu important avec la course à la Ligue des champions, et ce sera le cas encore ce vendredi. Mais il a vu le déroulement du match, on gagnait 2-0, il s’est dit : « Bon, Johnny part l’année prochaine, donc je vais le faire rentrer quelques instants. » C’était mon 299e match, j’espère maintenant pouvoir jouer le 300e. Il m’a demandé le lendemain à combien de matchs j’en suis, je lui ai répondu 299, et on en a rigolé ensemble. Pour moi, atteindre la barre des 300, ce serait quelque chose d’absolument extraordinaire.
C’est une saison assez dingue pour Fribourg, qui a joué la C3 et peut maintenant accrocher la C1 sur le gong. Tu sens une atmosphère particulière au club ? Nous, on a toujours eu cette mentalité de vouloir se maintenir rapidement en premier et de voir ensuite ce qu’il se passe. Maintenant, c’est vrai qu’on joue le haut de tableau depuis plusieurs saisons, et désormais on parle beaucoup de la Ligue des champions… Mais il faut que l’Union fasse un faux pas (à domicile face au Werder, NDLR) et qu’on gagne à Francfort, ce serait exceptionnel pour Fribourg. Personnellement, j’y crois, sinon on n’irait même pas jouer ce match ! On n’a aucune pression, on va jouer comme on a su le faire depuis le début de la saison.
Justement, tu n’as pas trop de regrets de t’en aller alors que ton club va à nouveau jouer une Coupe d’Europe ? Pour moi, il était temps d’aller voir ailleurs. Ce serait vraiment bien si je pouvais aller me tester à l’étranger, m’amuser encore trois ans et ensuite arrêter tranquillement. J’ai encore l’envie de jouer, peu importe où. Après, si la tête et les jambes suivent, pourquoi ne pas rester encore au plus haut niveau. Pour Fribourg, je pense que le club mise davantage sur les jeunes désormais. Les attentes dans les années à venir seront différentes. On voit aussi qu’il y a certains joueurs qui ont envie de venir ici et que le club travaille bien. Avant, certains n’avaient pas forcément envie de venir pour jouer le maintien.
Tu es tombé malade pendant la période de la Covid, et tu as ensuite galéré pour revenir. Que s’est-il passé exactement ? J’ai attrapé la Covid-19, le premier, le plus dur. Je pensais au départ que c’était une grippe, mais rapidement, j’ai eu de plus en plus de mal à respirer. Donc je suis allé à l’hôpital, j’ai fait des tests, et ils m’ont trouvé un problème au poumon, il était infecté aux deux tiers. Je suis ensuite resté cinq jours à l’hôpital, sous antibiotiques. C’était quelque chose de très dur à vivre, mais je suis quelqu’un d’assez fort mentalement, je voulais vraiment m’en sortir, et c’est grâce à ça que je peux rejouer au foot aujourd’hui.
Comment s’est passé ton retour par la suite ? C’est vrai que ça a été un risque de reprendre, les médecins m’ont dit que j’avais vraiment eu de la chance, eux-mêmes ne savaient pas si je pourrais un jour rejouer. Mais tout ça est maintenant terminé, je ne ressens plus rien. J’avais perdu toute ma condition physique, j’ai dû repartir de zéro, j’ai mis six mois avant de pouvoir reprendre. J’ai eu la chance de ne jamais être trop blessé durant ma carrière, hormis quelques petits pépins. Mais là, cette absence a été un très gros changement pour moi.
Concernant ton avenir, tu le vois comment ? Est-ce qu’un retour en France est envisageable ? Voire en Alsace ? J’ai déjà eu quelques contacts en France et à l’étranger également. Mais ce n’est pas facile à choisir, car il faut aussi réfléchir à l’école pour mes enfants. C’est un choix familial et pas personnel. C’est sûr qu’un retour en Alsace serait la meilleure des choses (il est natif de Strasbourg, NDLR), mais ce n’est pas moi qui choisis, c’est la direction de Strasbourg. Moi, je suis libre, donc on verra bien. On n’a pas échangé là-dessus, je pense qu’ils ont autre chose à penser actuellement, ils doivent encore assurer le maintien.
Propos recueillis par Alexandre Lejeune