Entrons dans le vif du sujet. À 32 ans, tu joues un peu moins désormais. Tu le vis comment ?
En effet, je ne joue pas énormément cette saison. Et je le vis ni spécialement « bien » ni super mal. Mon premier objectif, c’est encore d’être un maximum sur le terrain. Je suis joueur professionnel et encore en vie, je ne suis pas encore entraîneur ou dirigeant ! La réalité fait qu’on est trois pour le même poste, ce qui semble normal pour une équipe qui joue le haut du tableau de Ligue 1. J’essaye de me satisfaire de mon temps de jeu et je ne tire pas le groupe vers le bas en tirant la gueule.
Est-ce que tu as davantage un rôle de taulier du vestiaire qui encadre les jeunes ?
C’est vrai que le coach compte sur moi pour être un élément important du vestiaire. En plus, je suis quelqu’un qui est toujours de bonne humeur, je m’entends bien avec les jeunes… Donc je fais un peu le lien entre les jeunes pousses et le reste. Et puis, j’aime bien ça. J’aime bien parler avec les jeunes, discuter des erreurs que nous, les plus anciens, on a pu commettre par le passé. Je cause pas mal avec Pierre-Yves Polomat, puisqu’on a le même poste. Le but, ça reste quand même que l’équipe gagne, qu’importe le onze titulaire. Donc je lui donne quelques petits conseils. Il sait ce qu’il a à faire, mais j’essaye d’apporter mon expérience et mon esprit de gagnant que j’ai toujours eu dans ma carrière. Mon quotidien, c’est ça !
Tu te sens indispensable dans le groupe ?
Je ne crois pas que ce soit le terme adéquat. Je dirais plus que je suis utile. J’existe dans le vestiaire, j’apporte ma pierre à l’édifice. Je me sens écouté quand je prends la parole. Le truc con, ce serait de ne servir à rien.
Avant de venir chez les Verts, tu as passé 10 ans à Nancy. Ça a été dur de partir ?
C’était compliqué, surtout que je suis parti parce que ça ne fonctionnait pas avec l’entraîneur en place (Jean Fernandez, ndlr) qui ne me faisait pas du tout confiance. J’ai fait toute ma carrière à Nancy : je ne connaissais aucun autre club, aucun autre fonctionnement. En plus, je n’avais connu que très peu d’entraîneurs, parce que Pablo Correa est resté longtemps sur le banc. Donc les six premiers mois à Saint-Étienne ont été très difficiles.
Si Pablo Correa était resté, tu serais toujours à Nancy ?
Si j’avais continué à jouer régulièrement, je pense que je serais resté, oui. Parce que je n’aurais pas fait la demande au club de partir, mon agent ne m’aurait pas trouvé un point de chute et Saint-Étienne ne serait pas venu me chercher.
Au vu des performances des Verts, est-ce qu’on peut dire que c’est un mal pour un bien ?
C’est sûr que j’ai eu de la réussite, je suis tombé dans un club qui tourne bien. Je me suis toujours super bien entendu avec mes coéquipiers. Depuis que je suis arrivé, on a été compétitifs : on a fait trois fois l’Europe, on n’a pas terminé sous la 7e place, on a remporté la Coupe de la Ligue… Donc forcément, je m’épanouis sportivement parlant. La ville est sympa et se raccroche vraiment au foot. D’ailleurs, pour moi, l’ASSE a toujours été le genre de club un peu mythique que j’aime bien, qui vient d’une région minière et où tout n’a pas été facile.
Ce transfert t’a aussi permis de ne plus jouer le maintien, ce qui devait être épuisant à la longue…
Personnellement, jouer le maintien ne m’a jamais fait peur. C’est un peu stressant, mais c’est un vrai combat. Je dirais même que j’ai pris énormément de plaisir à Nancy. D’ailleurs, on a également joué l’Europe, en décrochant une belle 4e place et en gagnant la Coupe de la Ligue.
Geoffroy-Guichard, tu apprécies ?
C’est super, extraordinaire. C’est l’une des meilleures ambiances en France, si ce n’est la meilleure. Pendant les derbys, tu regardes les supporters dans les tribunes et tu fais « Wouah! » C’est un spectacle.
Revenir à Nancy, tu l’envisages ?
Je ne sais pas. Ce serait sympa et ça me ferait plaisir. Il reste pas mal de personnes que j’apprécie là-bas. J’y ai vécu, c’était bien et personne ne m’enlèvera ce que j’ai fait dans ce club. Mais je ne suis pas quelqu’un de nostalgique. Et puis, j’aime pas trop le synthétique ! Ce qui est sûr, c’est que je continuerais de les supporter quoi qu’il arrive.
Tu as pensé à ta reconversion ?
Un peu. Je suis dans le football depuis mes seize ans et je ne connais quasiment que ça. Mais je ne sais pas si je veux continuer dans ce monde. En réalité, je n’ai pas eu de week-end depuis mes débuts au centre de formation… J’aimerais bien profiter un peu de mes enfants pour les voir grandir.
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