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Jonas, le petit prophète
Valence a besoin d'une victoire contre la Real Sociedad ce samedi pour ne pas se retrouver largué des places européennes, son objectif annuel. Et si la crise d'il y a un mois s'est quelque peu éloignée de Djukic et des siens, c'est en partie grâce aux buts miraculeux de leur attaquant brésilien Jonas.
C’est un peu difficile à croire pour les supporters de Valence, mais il faut se résoudre à l’admettre. Oui, Jonas est bel et bien le meilleur delantero du club pour cette saison. Triste pour une formation qui alignait ces dernières années encore des joueurs offensifs de la trempe de Silva, Mata, Villa ou encore Soldado. Pour pallier le départ de ce dernier lors du mercato estival, les dirigeants se jettent même sur Hélder Postiga, pour dire à quel point confier le front de l’attaque au Brésilien n’était pas une seule seconde envisageable. Joueur d’appoint, second couteau, Jonas est pourtant en ce début de championnat l’une des seules raisons valables de regarder le FC Valence jouer.
Le « pire attaquant du monde » ne lâche rien
À regarder certains de ses ratés devant les cages, on se dit que personne ne naît un 1er avril par hasard. Sa naissance d’ailleurs démontre bien le paradoxe de ce joueur. La ville dans laquelle le petit Jonas Gonçalves Oliveira pousse ses premiers cris se nomme Bebédouro, dans l’état de São Paulo. Mais en réalité, la petite bourgade se situe dans les terres et à près de 400 kilomètres de la cité qui donne son nom à la région. Non, Jonas ne correspond pas tout à fait à l’image que les Européens se font des Auriverdes. Son but contre Grenade il y a trois semaines en est la preuve. Seul à un mètre de l’objectif, l’avant-centre trouve presque le moyen de dénigrer l’offrande de Sergio Canales. La balle rebondit sur son pied gauche, avant de taper sur son genou droit pour enfin rentrer péniblement dans les filets. En Espagne, on reste toujours perplexe quant à l’idée que ce type puisse avoir bénéficié du surnom de O Detonador ou encore Mestre Jonas au pays du football samba.
Avant de mériter ces qualificatifs ô combien glorieux, Jonas en avait hérité d’un autre. Décerné par le quotidien espagnol Mundo Deportivo, après un match de Copa Libertadores en 2009 avec son club de Porto Alegre contre les Colombiens de Boyaca Chico. Trois situations de but consécutives vendangées pour le buteur du Grêmio et le voilà décrit comme « le pire attaquant du monde » par le journal catalan. Convaincu de ses forces, Jonas ne se laisse pas perturber et s’en va l’année suivante, à la surprise générale, décrocher le titre de meilleur buteur du championnat brésilien 2010. 23 buts, soit 6 de plus qu’un certain Neymar. Double consécration. En plus de s’adjuger la Bota de Oro, Jonas clôt l’exercice affublé d’un nouveau pseudonyme : « O Calla Bocas » , littéralement le « fermeur de bouches » .
135 kilos de nourriture
Débarqué à Valence en janvier 2011, l’efflanqué à la coupe en brosse met du temps à s’attirer les faveurs de Mestalla. Au fil des mois, l’abnégation qui est la sienne s’associe tant bien que mal au talent de finisseur de Roberto Soldado. Sa générosité va jusqu’à dépasser le cadre du rectangle vert. Dernièrement, Jonas a permis à la Croix-Rouge valencienne de récolter pas moins de 135 kilos de nourriture destinés à ceux dans le besoin. « Lorsque j’étais plus jeune, dans ma famille, nous nous préoccupions des plus nécessiteux. C’est très important d’aider son prochain » , déclarait-il le jour de sa bonne action. Homme pieux avant tout, le Brésilien se présente dans sa biographie Twitter comme quelqu’un ayant « foi en Dieu » , avant même de se décliner comme « attaquant de Valence CF » .
Force est de constater qu’aujourd’hui, tous les Naranjas n’ont désormais confiance qu’en leur buteur bon marché – 1,25 million d’euros déboursés – pour planter des banderilles. Parce que malgré toute leurs bonne volonté, Hélder Postiga, Dorlan Pabón et Paco Alcacer ne témoignent toujours pas de la même fiabilité et efficacité que leur homologue aux parfois trop hasardeuses mèches blondes. Lorsque le bateau murcielago vacille, il est l’un des seuls à maintenir son niveau de jeu de la saison passée. Mieux, sur les 13 points glanés par les Ches en Liga depuis la rentrée, 9 découlent directement de ses buts décisifs. Dans les récits bibliques, le prophète Jonas se faisait jeter d’une barque en train de couler par ses coéquipiers de galère. Il n’est clairement pas le moment pour les supporters que les Saintes Écritures ne se répètent.
Par Walter Laouadi
Le triple raté de Jonas avec Grêmio en 2009 :
Le but de la victoire avec Valence contre Grenade en septembre dernier :