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John Obi Mikel, le nouveau Makelele

Par Mathieu Faure
4 minutes
John Obi Mikel, le nouveau Makelele

A 25 ans, le Nigérian est un élément intouchable de Chelsea. Arrivé en 2006 dans des conditions rocambolesques, le milieu de terrain a su apprendre son métier dans l'ombre de Claude Makelele avant d'en être la digne relève. Les Blues en sont fans. Et dépendants.

Il faut savoir reluquer au delà des statistiques quand on prend le temps de s’attarder sur John Obi Mikel. Quelque chose comme 172 matchs de Premier League avec la liquette de Chelsea sur les épaules, aucun but. Pas le moindre. Pourtant, le numéro 12 des Blues est avec Petr Čech les deux premiers noms couchés sur la feuille de match par Roberto Di Matteo, le coach des Blues. Une habitude maison. Avant l’Italien aux yeux de Jet Li, Carlo Ancelotti, André Villas-Boas, Luiz Felipe Scolari et même José Mourinho avaient fait du milieu de terrain un élément important de l’effectif quand celui-ci n’était pas blessé. Pourtant, tout avait mal commencé à Londres. Son arrivée, déjà, est un vrai bordel. Alors pensionnaire du SFK Lyn Oslo, Obi Mikel est annoncé officiellement à Manchester United et Chelsea. Impossible. Dans un deal à plusieurs zéros (23 millions d’euros dont 17,4 à MU comme compensation), Obi Mikel débarque finalement à Londres. Il a 19 ans et personne ne le connaît. Sauf José Mourinho, qui tombe sous le charme du garçon en trois entraînements.

Pourtant, le Special One déchante très vite. En privé, il flippe de l’influence néfaste que pourrait avoir l’entourage pléthorique du joueur. Lors de son premier trimestre aux Blues, le Nigérian écope de trois amendes pour retards à l’entraînement. On se souvient d’ailleurs des propos tenus par Don José lors de la présentation du joueur : « J’espère que son cerveau l’aidera les deux prochaines années à devenir un des meilleurs joueurs du monde. » Surtout que le monde l’attend. On parle d’un type qui a fait ses débuts en première division à 15 piges, pour Plateau United. En 2003, lors du Mondial U17 en Finlande, il est le joueur frisson du tournoi. D’ailleurs, les commentateurs, sans doute sous le charme, l’appellent « Mikel » alors que son vrai blase est John Michael Nchekube Obi. John Obi Mikel est né. Et à Chelsea, l’homme a su faire oublier Claude Makelele, son mentor.

Obi Mikel s’occupe de tout

Du temps de sa splendeur, l’actuel adjoint de Carlo Ancelotti au PSG était la pierre angulaire de Chelsea. Il défendait, souvent seul, harcelait le porteur du ballon adverse, anticipait, grattait, se payait des fautes tactiques et relançait son équipe avec sa première passe. Oui, Maké était le Xavi de Londres. Le vice et quelques centimètres ailleurs en plus. Et comme Michael Essien n’avait pas le système immunitaire suffisant pour encaisser l’accumulation des matchs, José s’est tourné vers le Nigérian pour assurer la relève. Petit à petit, Obi Mikel apprend les ficelles du métier. Certes, le milieu a mis du temps à comprendre son boulot. Ce n’est vraiment qu’avec l’arrivée de Carlo Ancelotti en 2009 qu’Obi Mikel va exploser. Repositionné au centre du milieu à trois de l’Italien, Mikel devient le patron. Avec sa masse (1m88), le joueur fait le ménage au milieu. Intouchable à l’épaule, Mikel rayonne dans les airs et se régale à ce poste de meneur de jeu reculé. Ce 6 très créatif – la marque de fabrique d’Ancelotti – permet à Lampard et Ramires de se projeter plus facilement et, donc, de beaucoup moins défendre. Propre dans les transmissions (il affichait 90% de passes réussies en championnat) le Nigérian manque par contre cruellement de tranchant dans les moments décisifs (aucun but, aucune passe décisive l’an dernier).

Sous Di Matteo, le schéma est passé en 4-2-3-1. Lampard joue un match sur deux et Mikel fait le plus souvent chambre commune avec Ramires. Les deux doivent défendre pour cinq parce que devant, le trident Mata-Oscar-Hazard en soutien de Torres a autre chose à faire que de presser. Peu importe, le Nigérian aime la chair et les coups. Il n’a peur de rien. Comme en août 2011 où à quelques heures d’un match contre Stoke City, John apprend que son père vient de se faire enlever au Nigeria. Serein, l’international envoie un SOS au pays en direct sur Sky Sports News : « J’ai toujours essayé d’aider mon pays, cette fois, c’est au pays de m’aider, peu importe qui détient mon père, veuillez me contacter » . Miracle ou pas, le pater sera retrouvé, sain et sauf, dix jours plus tard dans la ville de Kano. Histoire de rendre la pareille à son pays, Obi Mikel est le seul Nigérian en lice pour le Ballon d’or Africain 2012. Visiblement, le petit a bien grandi.

Dans cet article :
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Par Mathieu Faure

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