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«Johann Cruyff a une portée politique»

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«Johann Cruyff a une portée politique»

Ramon Gieling, cinéaste néerlandais, a réalisé un documentaire sur le génie hollandais, featuring Cruyff himself. Avant la séance unique qui se tiendra ce mardi soir au cinéma l'Entrepôt à Paris, il s'explique ici sur le pourquoi du comment.

Quelle est l’idée de ce film sur Johann Cruyff ? A chaque fois que je réalise un film, je cherche un point de départ dramatique. Ce qui m’a interpellé chez Cruyff, c’est justement que sa vie est comparable en tous points à celle des héros dramatiques : il démarre inconnu, il fait ses classes, le succès lui tombe dessus, il devient énorme, puis interviennent la trahison et la chute. Ce n’est donc pas tellement un film sur le football que sur un héros antique. L’autre chose qui m’intéressait, c’est le rapport entre Cruyff et la Catalogne. L’impact qu’il a là-bas est comparable à celui de Maradona à Naples. Pour essayer de comprendre ce que cela peut signifier, j’ai donc décidé d’interviewer 13 personnes en Espagne en leur demandant de me raconter leur Cruyff intime, le geste qu’ils retiennent de sa carrière. Le film est divisé en deux parties, comme deux mi-temps : leur vision du Cruyff joueur, puis entraîneur. A la fin, il y a une troisième partie, qui fait office de prolongation. C’est Cruyff lui-même qui s’exprime. Je l’ai filmé sur une colline dans la campagne catalane, comme s’il était retiré du monde, à la manière, justement, d’un héros antique. Au final, cela fait donc 14 interviews. 14, comme le maillot de Cruyff.

Que pensez-vous que représente Cruyff en Catalogne ? Ils l’appellent “El Salvador”, le sauveur, et ce n’est pas pour rien. Dans le film, il y a un vieux Catalan qui explique que Cruyff a permis à la Catalogne de prendre sa revanche sur l’Espagne. Lorsque Cruyff est arrivé en 1973 au Barça, la Catalogne était sous le joug de Franco et du pouvoir central. Il régnait une sorte de défaitisme ambiant, comme si Barcelone était la ville qui perdait toujours. Et Cruyff leur a permis de gagner à nouveau.

A votre avis, Cruyff était-il conscient de son importance politique ? Je ne pense pas. Cruyff n’a par exemple jamais parlé catalan, il parle castillan. Quand les Catalans lui demandaient de parler dans leur langue, il répondait « Hola » , un terme qui existe dans les deux langues (rires). De la même façon, quand son fils est né, il l’a nommé Jordi, un prénom catalan, ce qui était à l’époque interdit. Mais lui aimait juste la sonorité, il n’avait pas conscience d’accomplir un acte à portée politique. Pourtant, c’est exactement ce qu’il a fait.

Comment le film a-t-il été reçu en Hollande ? Cela a été un succès public, mais la critique a été plus mitigée. En Hollande, il ne faut surtout pas tomber dans l’admiration, c’est mal vu. Quand les critiques ont vu le film, quand ils ont vu ces Espagnols pleurer en se souvenant de Cruyff, ils ont donc trouvé cela hystérique, puéril et ridicule. Mais en même temps, lorsque Cruyff est venu pour la première du film en Hollande, il a reçu une standing ovation de 10 minutes. C’est un bon signe de l’hypocrisie de mon pays.

Parmi vos 13 intervenants, il y a Emilio Butragueno, un joueur mythique du Real Madrid. Pourquoi l’avoir choisi ? Parce qu’il me permettait justement de montrer que Cruyff va au-delà des clivages. Butragueno m’a expliqué qu’enfant, même s’il était supporter du Real, Cruyff était son joueur préféré. Il compare cela à un tableau de Monet où à n’importe quelle autre œuvre d’art. A un certain niveau de beauté, on arrive au-delà des considérations partisanes.

Pourquoi ce titre, En un momento dato, qui signifie en français A un moment donné ? C’est un clin d’œil à la façon dont s’exprime Johann Cruyff. Toutes les deux phrases, il utilise ce terme, « A un moment donné » . Sauf qu’en espagnol, cela ne veut rien dire, sauf « A un moment qui t’est donné » . Dans les conférences de presse de Cruyff, cela faisait donc rigoler les gens. D’une certaine façon, c’est poétique, c’est comme si Cruyff faisait cadeau de ces moments à ses fans…Il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont parle Cruyff. Parfois, on croirait entendre un mathématicien…

Propos recueillis par Chérif Ghemmour et Stéphane Régy

Johann Cruyff, En un momento dado, un film de Ramon Gieling, 90 mn, séance extraordinaire le mardi 27 mai à 19h50 au cinéma L’Entrepôt, 7-9 rue Francis de Pressensé, 75014 Paris / M° Pernety.

Brest, capitale des Côtes d’Amour

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