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Joffrey Cuffaut : « J’ai dû payer les pizzas pour tout le monde »
Auteur d’un quadruplé à Toulouse pour donner la victoire à son équipe (4-5), le capitaine du VAFC Joffrey Cuffaut est toujours sur son petit nuage. Premier défenseur de l’histoire de la Ligue 2 à inscrire quatre buts dans le même match, le latéral droit de 32 ans revient sur cet exploit majuscule. Entretien avec un homme forcément occupé.
Tu n’as jamais été autant sollicité, dans ta carrière ?Pour moi, ça va. La partie communication du club, qui fait le lien entre les médias et moi, essaie d’étaler un peu les rendez-vous chaque jour. Mais forcément, depuis une semaine, les sollicitations sont beaucoup plus importantes que d’habitude. Dans les bons moments, c’est important d’accorder du temps et de partager mon ressenti avec tous ceux qui suivent le foot. Avec le contexte actuel, avoir un peu de sourire fait du bien.
Une semaine après les faits, tu commences à te remettre de ces quatre buts ? J’ai mis du temps. À la base, je ne suis pas attaquant et je n’ai pas l’habitude de marquer des buts. Quand j’en mets un, je suis déjà content. Alors, quatre… C’était un peu particulier, car c’était un match à rebondissements. On est passé par toutes les émotions, et à la fin du match, j’étais soulagé d’avoir gagné, plus qu’occupé à savourer ma propre performance.
Il t’a fallu combien de temps pour réaliser ce que tu avais accompli, toi qui n’avais inscrit que deux buts au maximum sur une saison ?Quelques jours. Dans le week-end, j’ai reçu beaucoup de sollicitations et de messages de félicitations. Mes anciens coachs, mes actuels ou anciens coéquipiers, la famille… À ce moment-là, on se rend compte de la qualité de la performance.
Ça fait quoi, d’être le premier défenseur de l’histoire de la Ligue 2 à inscrire quatre buts dans un même match ?C’est une grande fierté, je pense que c’est d’ailleurs grâce à cette statistique-là que tout cela a pris autant d’ampleur.
Tu succèdes également à Steve Savidan, dernier joueur de VA à avoir inscrit un quadruplé, contre Nantes en 2007.Steve Savidan, qui est passé comme moi par Beauvais. Ce quadruplé, c’est un peu comme une reprise de flambeau, c’est un petit clin d’œil marrant.
Tu as dû régler les pizzas pour tout le monde, comme c’est souvent le cas pour les auteurs de tels exploits ?Absolument. On a fait une opposition en interne vendredi, et pour partager ce moment avec l’ensemble du club, des joueurs et du staff, c’est moi qui ai payé les pizzas. C’était très important pour moi, après un match aussi extraordinaire que celui de samedi.
Sur les quatre buts, est-ce que tu en as préféré un ?Je vais dire le premier, il arrive au bout d’une action collective construite et travaillée à l’entraînement. Durant toute une semaine, on avait bossé des principes de jeu qu’on a reproduits sur cette action-là. C’est un but qui récompense le travail de tout le monde.
Les deux coups francs que tu marques sont quasiment identiques, tu as spécifiquement bossé ça à l’entraînement ?Pas vraiment. Je travaille beaucoup la frappe, mais pas forcément sur coup franc. C’est un boulot qui se fait surtout par des exercices devant le but, des jeux réduits… Sur le coup, à Toulouse, j’essaie surtout de frapper fort et de cadrer. Le terrain était humide. Je marque le premier après un ou deux petits rebonds, donc le ballon fuse un petit peu. Forcément, sur le deuxième, je me dis que j’ai un ascendant psychologique. Le match était quasiment fini, mais je me suis dit qu’il fallait retenter… Il y a des soirs, comme ça, où tout rentre.
Justement, tu as senti que c’était le genre de soirée où rien ne pouvait t’arriver ?Oui, c’est vrai… Après, ce deuxième coup franc résulte d’une vraie volonté de prendre ses responsabilités. On s’approchait de la fin, et on aurait pu tenter le tout pour le tout en mettant le ballon dans la boîte. Mais j’ai dit : « Non, allez, on tente encore une fois ! » Comme par hasard, c’est rentré.
Ce qui est fou, c’est que tu as encore marqué quasiment le même coup franc cette semaine à l’occasion d’un match d’entraînement.Encore une fois, on revient sur ce même état d’esprit. Cette même logique de tenter, de frapper fort, de cadrer… C’est une démarche personnelle de ma part.
On prend les mêmes, et on recommence. @noahdilib à la passe Joffrey Cuffaut au but… pic.twitter.com/MjlbQ7n2ks
— Valenciennes FC (@VAFC) November 13, 2020
Désormais, la meilleure tactique pour les attaquants de VA ne va plus être de marquer des buts, mais plutôt de chercher des fautes juste devant la surface…Ils vont devoir obtenir des coups francs ! (Rires.) Mais c’est le foot, il faut savoir jouer avec les qualités des différents joueurs de l’effectif. On a un très bon tireur de coups de pied arrêtés, qui est Noah Diliberto, et qui s’occupe plutôt des corners ou des coups francs excentrés. Sur les coups francs un peu plus lointains, le coach m’encourage à essayer. On profite d’être décisifs, sur ces phases de jeu-là.
Le prochain objectif pour toi, c’est le quintuplé ?C’est un peu paradoxal, car à Toulouse, j’ai marqué un cinquième but qui a été refusé. Plus sérieusement, je ne me prends pas la tête. Avec ma carrière, j’ai quand même pas mal d’expérience. Je profite de ce qui m’arrive, mais je n’oublie pas toutes les échéances qu’il reste avec VA. On doit continuer à redonner des couleurs au club et ça passera par le collectif, un exploit comme celui-ci est simplement éphémère.
Propos recueillis par Félix Barbé