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  • Coupe du monde 2014
  • 1/4 de finale
  • Pays-Bas/Costa Rica

Joel Campbell, des Merlus au Brésil

Par Aymeric Le Gall
7 minutes
Joel Campbell, des Merlus au Brésil

Il est jeune, talentueux, doué techniquement et adroit face au but, il a joué en France et pourtant, personne ou presque ne le connaissait avant cette saison. Joel Campbell, l'attaquant costaricien de 22 ans, est l'une des grandes révélations de ce Mondial brésilien. Pourtant, ses premiers pas dans le foot européen n'ont pas été des plus aisés. Retour sur son début de carrière professionnelle chez nous, en France, au FC Lorient.

Totalement décomplexé dans une Coupe du monde qui fait la part belle aux équipes sud-américaines, le gamin, qui appartient à Arsenal depuis 2011, brille de mille feux devant les caméras du monde entier. Un superbe but et une passe dé lors de la victoire 3-1 du Costa Rica face à l’Uruguay, Joel Campbell ne pouvait pas réussir meilleur départ en Coupe du monde, lui qui dispute là sa première compétition internationale chez les grands. On a connu des débuts plus pénibles. Lui aussi d’ailleurs. Car celui qui flambe sous vos yeux depuis bientôt trois semaines a dû batailler sévère pour se faire une place dans un foot européen que l’on dit plus exigeant qu’en Amérique latine.

Des Gunners aux Merlus, l’atterrissage est douloureux

Après deux expériences au pays (Deportivo Saprissa et Puntarenas FC), le jeune attaquant tape dans l’œil d’un certain Arsène Wenger, alors qu’il vient tout juste de souffler ses 19 bougies. Séduire tonton Arsène à cet âge-là, ce n’est peut-être pas la garantie d’une carrière fulgurante au plus haut niveau, mais ça en dit tout de même long sur le potentiel du bonhomme. Pourtant, faute d’avoir obtenu un permis de travail sur le sol anglais, Campbell est envoyé fissa en prêt, pour se dégourdir les jambes et s’acclimater au foot européen. À philosophie de jeu égale, Arsenal ne choisit pas Lorient par hasard. Un port d’attache intéressant pour se former à la rigueur collective que partagent les Gunners et les Merlus. C’est donc sous l’aile du professeur ès passes au sol, Christian Gourcuff, que Joel va devoir progresser pour un jour avoir l’honneur d’enfiler le mythique maillot d’Arsenal. « Je me souviens bien de son arrivée à Lorient, nous raconte Arnaud Le Lan, alors latéral droit lorientais. Il a débarqué le dernier jour du mercato, nous avions une sortie en mer de prévue ce jour-là. On a appris son arrivée le matin du 31. On nous a dit qu’un phénomène nous rejoignait au club cette saison. Mais personne ne le connaissait! » Même son de cloche et même questionnement du côté d’un autre Merlu de l’époque, Sigamary Diarra : « Au début, on se disait :« Bon, il vient d’Arsenal, ok. Mais est-ce qu’il a le niveau ? » Et puis on a vu ce qu’il faisait sur le terrain, on a vite compris pourquoi il venait de signer chez les Gunners ! Il a un énorme potentiel. »

Il faut dire que lorsque le bestiau a débarqué en Bretagne, celui-ci venait tout juste de terminer le championnat du monde CONCACAF des moins de 20 ans avec, dans ses valises, le titre de meilleur buteur de la compétition avec 6 buts. La défaite des siens en finale contre le Mexique (3-1) n’y changera rien, le joueur est sur la pente ascendante et son éclosion ne fait que commencer. « On a vite senti le potentiel du joueur, poursuit Arnaud Le Lan. Individuellement, techniquement, ce qu’il était capable de faire à son âge, c’était vraiment impressionnant. » « C’est un joueur très technique, surenchérit Diarra. Il est capable d’éliminer n’importe qui sur surface réduite. »

Une intégration compliquée

Malgré un talent indéniable pour son jeune âge, le buteur costaricien peine à trouver ses marques dans le club de Loïc Féry. Il faut dire que passer du Costa Rica, son pays natal, au Morbihan, ça a de quoi déboussoler. Surtout quand on pense pouvoir poser ses bagages à l’Emirates Stadium et que l’on se retrouve finalement à jouer au stade municipal du Moustoir. Le nouveau retraité, Arnaud Le Lan, confirme : « C’était un gamin qui, du jour au lendemain, avait quitté sa famille, sa patrie, pour finalement arriver dans un club qu’il ne devait même pas connaître… Je pense que son arrivée chez nous a été directement négociée entre Wenger et le FC Lorient. Ça a été très très compliqué pour lui. »

Trimbalé à droite à gauche, Campbell doit également faire face à un problème majeur, sa méconnaissance de la langue de Molière. « En plus d’être très jeune, il y avait la barrière de la langue, confirme Le Lan.Et puis il a dû aussi être surpris par les conditions climatiques, même si l’hiver à Lorient, ça reste relativement doux, mais quand vous venez du Costa Rica… Il a vraiment eu du mal à s’acclimater à la vie ici. » Heureusement pour lui, il n’est pas le seul à Lorient à baragouiner l’espagnol. Une chance pour lui nous confie Le Lan : « L’avantage qu’il a eu, c’est qu’il y avait déjà quelques hispaniques dans le groupe (Penalba, Sosa, Pedrinho, Dubarbier, ndlr), ce qui a facilité quelque peu son intégration. »

La rigueur européenne, l’horreur du footballeur sud-am

Si, sur le terrain, le gamin impressionne par sa justesse technique et la rapidité de ses enchaînements, ce n’est pas la même mayonnaise quand il s’agit de causer de rigueur tactique. « Il s’est très vite heurté à l’exigence tactique du football européen, aux efforts collectifs prônés à Lorient qui sont très important dans ce club, poursuit l’ancien défenseur guingampais. On a vite vu qu’il avait énormément de mal à se fondre dans un collectif déjà en place et à assimiler tous les aspects tactiques qui sont prioritaires chez nous. C’est normal, il était tout jeune. Pendant les entraînements, il se démarquait surtout par des fulgurances individuelles. » Une saison mitigée donc pour cette future pépite du foot mondial. Avec 27 matchs joués (pour 4 buts marqués), Campbell aura connu une année galère, à l’image de tous ses coéquipiers du FC Lorient.

La saison 2011-2012 fut en effet marquée par les départs de Gameiro, Morel et Amalfitano ainsi que par plusieurs blessures handicapantes pour le groupe de Christian Gourcuff. Côté personnalité, Joel est du genre discret. C’est surtout un môme qui, aux dires de ses anciens coéquipiers, a besoin de se sentir soutenu par le groupe et le staff technique pour donner la pleine mesure de son talent. Sigamary Diarra est clair sur ce point : « C’est un joueur qui, pour être au top, a besoin de se sentir aimé, de se sentir en confiance au sein d’une équipe. » Le Lan confirme. « Il cherchait vraiment des appuis, des soutiens. En janvier 2012, deux Espagnols ont quitté le groupe au mercato d’hiver, ça a été encore un peu plus compliqué pour lui… »

La machine est lancée

Aujourd’hui, l’enfant de San José (la capitale du Costa Rica) a bien grandi. Ces différentes expériences européennes (après Lorient, Campbell fut prêté au Betis puis à l’Olympiakos) lui ont permis de « franchir un cap » , nous explique Le Lan. « La saison à Lorient n’est peut-être pas celle qui va le plus lui servir, parce qu’il était encore jeune, mais si on cumule ça avec les autres aventures qu’il a pu avoir en Espagne et en Grèce, c’est pas mal pour un joueur de son âge. Wenger n’est pas idiot, il sait très bien que l’adaptation au foot européen est beaucoup plus difficile quand on vient de l’autre bout du monde. Je n’ai jamais parlé avec Wenger, mais j’imagine qu’il fonde de vrais espoirs en lui. »

Difficile de contredire cela, surtout avec le Mondial qu’il est en train de réaliser. « Réussir ce qu’il fait dans une Coupe du monde quand on est aussi jeune, ce n’est pas anodin » , affirme un Le Lan qui pourtant nous a avoué « ne pas avoir vu un seul match du Costa Rica au Brésil ! Je fais comme tout le monde, je lis les journaux. » « Cela ne m’étonnerait pas de le voir percer un jour au plus haut niveau » , avance Diarra. L’œil toujours avisé, Arsène Wenger ne compte d’ailleurs pas se passer d’un joueur qu’il a lui-même choisi (il n’a encore jamais joué sous le maillot des Gunners) et laissé grandir tranquillement. Le technicien alsacien déclarait récemment dans les colonnes du Daily Mail que le gaucher ferait bien partie de son groupe lors de la pré-saison. De là à ce qu’il intègre définitivement chez les Gunners, il n’y a qu’un pas que l’intéressé devrait être prêt à franchir avec la bave aux lèvres.

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