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Joe Hart et la manière
Pour la première fois depuis dix piges, l'équipe d'Angleterre compte en son sein un vrai gardien de but. Dans un pays squatté par les portiers étrangers, l'émergence de Joe Hart fait du bien.
Lundi dernier, sur la pelouse aride de Donetsk, Ray Clemence, 61 sélections entre 1972 et 1984 et portier légendaire des Reds, se pète le tendon d’Achille. À 63 piges, le lascar était en charge des gardiens de la sélection nationale depuis 1996. En quittant la pelouse, le corps en vrac, Clemence laisse Robert Green, Jack Butland et Joe Hart seuls sur le pré. Le triumvirat anglais est atypique. Green évolue en deuxième division, Butland officiait cette saison à Cheltenham (quatrième division) et Hart, lui, a remporté la Premier League avec City. Oui, un monde sépare les trois gardiens. Pourtant, les Anglais ont le sourire.
Avec le blondinet de Manchester, le pays s’est enfin trouvé un gardien digne de ce nom. Finies les galères avec les bourdes de Scott Carson, Paul Robinson, Ben Foster ou David James. Dans un championnat où seulement deux gardiens anglais officient au plus haut niveau (Hart et Ruddy à Norwich), le portier citizen est un don du ciel. Le talent est naturel chez ce fils à maman. Une mère qui voit en son fils le futur capitaine de la sélection aux Trois Lions, au passage. Joe, lui, préfère regarder du côté de son frigo quand les superlatifs se font trop pressants. Grand amateur de pizza et de poulet au barbecue, le meilleur gardien du championnat anglais des deux dernières saisons est en train de se construire une solide réputation entre deux repas bien garnis niveau calories.
Jurisprudence Gordon Banks
Outre les vieux briscards anglais qui l’ont déjà adoubé – de Peter Shilton à Ray Clemence en passant par David Seaman -, certains de ses jeunes confrères se paluchent également sur le Rosbif. C’est le cas du Polonais Wojciech Szczesny. Pour le portier d’Arsenal, Hart « est le meilleur gardien du monde actuellement. Il a été au top toute la saison, sur plus de soixante matches, il n’a aucun point faible pour un si jeune gardien » , avançait-il dans Sport Magazine. Il faut dire que le blondinet au maillot dégueulasse est complet : costaud physiquement, des réflexes étonnants, une bonne relance et un charisme naturel. Ils sont peu, même au plus haut niveau, à pouvoir se vanter de posséder un tel bagage.
En gros, Joe est complet. Et mentalement, le mec est intouchable. Suffit de voir comment il a délogé l’ancien Shay Given – pourtant acheté un bras à Newcastle par le cheikh Mansour dès son arrivée – de la cage de City à seulement 22 piges. Bref, vous l’aurez compris, au pays, on voit Joe Hart comme un talisman. Récemment, le sélectionneur Roy Hodgson a même comparé son gardien à Gordon Banks, le dernier gardien anglais vainqueur d’une saloperie de trophée. C’était la Coupe du monde 1966. Autant dire que l’éclosion de Joe Hart est suivie par tout un peuple.
Par Mathieu Faure