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Joe Bryant : « Ma mère a fait tomber l’aspirateur sur le stade de Cologne »
Comme beaucoup d'enfants, Joe Bryant passe ses journées à jouer avec des Lego. Mais là où il se démarque, c’est qu’il ne construit pas des châteaux ou des vaisseaux : lui, il construit des stades de football. Fan de l’Allemagne, ce jeune Anglais qui vit à côté de Londres s’est donné une mission : construire tous les stades de Bundesliga.
D’où vient cette passion pour la construction de stade en Lego ? J’avais cinq ans quand j’ai commencé à jouer aux Lego. J’ai toujours aimé le football et je me suis dit : pourquoi ne pas allier les deux ! Au départ, je construisais seulement des tribunes et j’y mettais des figurines pour jouer. Puis petit à petit, j’ai monté mes propres stades jusqu’à maintenant reproduire les vraies enceintes.
Tu es passionné par le football allemand, et pourtant tu es anglais. D’où vient cet intérêt, alors que tu as peut-être le meilleur championnat du monde dans ton pays ?Nous étions en vacances en Allemagne avec ma famille, et c’est là que j’ai rencontré pas mal de supporters. On a regardé des matchs ensemble, et j’ai directement accroché, ils sont hyper accueillants. En rentrant chez moi, je me suis lancé une mission : construire tous les stades de Bundesliga. J’ai continué à regarder la Bundesliga, je suis fan de ce football et j’adore l’attitude des fans en tribunes, l’ambiance qu’ils mettent. C’est tellement différent de l’Angleterre ! Après, je reste supporter d’Ipswich Town (3e division). Il y a une époque où nous étions un bon club, mais en ce moment c’est plus compliqué. Et en Allemagne, on peut manger des bratwurst ! (Rires.)
Mais qu’est-ce qui t’intéresse tant dans l’architecture d’un stade allemand ?Les stades allemands sont vraiment différents des autres. Ils sont uniques, chacun a ses propres caractéristiques. À Cologne, il y a des tours suspendues. À Stuttgart, le toit se courbe, avec des pentes. Au Werder Brême, les éclairages sont dingues ! Tout ça rend la construction passionnante. En Angleterre, ce sont beaucoup de nouveaux stades qui se ressemblent un peu tous, on ne sent plus trop de particularités. Les stades dans le reste de l’Europe sont bien mieux qu’ici, à mon avis.
Combien de temps tu prends pour construire un stade en moyenne ?Au début, ça me prenait environ trois semaines, mais maintenant j’essaye de pousser les détails encore plus loin, donc c’est passé à six ou huit semaines. Et ça m’a pris encore plus de temps quand ma mère a fait tomber l’aspirateur sur le stade de Cologne alors qu’il était fini… (Rires.) Au total, j’ai fait les stades de treize équipes allemandes : Borussia Mönchengladbach, Cologne, Schalke 04, Bayer Leverkusen, Nuremberg, Mayence, Augsbourg, Bochum, Werder Brême, Hertha Berlin, Fribourg, Stuttgart et Dortmund. Sans oublier un à l’étranger, en Belgique, avec Anderlecht. Le prochain sur la liste, c’est la Volkswagen Arena de Wolfsburg. Mais vu les demandes sur internet, je suis occupé pour les dix prochaines années.
Je suppose que tu ne peux pas tous les garder dans ta chambre…Non ! Certains clubs m’ont demandé de les conserver pour les exposer dans leur musée ou leur boutique, ce qui me rend super heureux. Je ne peux évidemment pas tous les garder chez moi. Et ça montre que je ne fais pas ça pour rien, tout seul dans ma chambre, mais j’en fait aussi profiter les supporters. Et quand je reçois les photos des supporters qui se prennent en photo devant mes stades, c’est magique.
Comment est-ce que tu parviens à trouver les pièces adéquates pour faire les stades ?En fait, ce ne sont pas des pièces particulières, ce sont celles que tout le monde peut trouver dans le commerce. Après chacun les assemble comme il le souhaite. Je ne travaille pas à partir du plan des stades, je fais ça à l’œil à partir de photos. J’essaye de faire la construction qui me paraît la plus ressemblante possible. Et parfois, je modifie la structure alors que je suis censé avoir terminé : quand j’ai construit l’Olympiastadion de Berlin, je n’étais pas très content avec l’inclinaison des tribunes, ça m’a pris un peu de temps, mais ça a tout changé ! Ce stade contient 5 669 pièces, mais en général, on est entre 4 000 et 6 000 pièces pour une seule enceinte.
Ça doit coûter une fortune, cette passion !J’avoue que c’est mon père qui s’occupe de tout ceci, mais je l’entends effectivement dire que c’est très cher. Malheureusement, et à cause de ce prix, je ne peux pas conserver ad vitam les stades, car je dois réutiliser les pièces à chaque fois. Mais à chaque fois que j’en démonte un, ça me fend le cœur ! Je repense aux heures passées dessus… Bon, on s’y fait. Et comme je l’ai dit précédemment, c’est encore mieux quand les clubs conservent les constructions : dans ce cas, je leur demande de couvrir les frais pour pouvoir racheter des pièces. Ne pas les démolir, pouvoir en construire d’autres, et savoir qu’ils sont précieusement conservés, c’est juste parfait pour moi ! Certains clubs t’ont d’ailleurs invité en Allemagne pour exposer tes constructions. Dis-nous ce que tu as ressenti quand tu étais sur la pelouse de Brême ou celle du Hertha Berlin ?C’est une vraie chance ! C’est tellement fou. Ça a commencé par Schalke 04 en 2018, je suis aussi allé à Mayence, puis Brême et Berlin oui. Le sentiment est indescriptible quand tu pénètres sur la pelouse d’un stade. Recevoir des compliments sur les réseaux sociaux, c’est déjà super, mais être applaudi par tout un stade c’est vraiment différent. On m’a même demandé des autographes et des photos !
Est-ce que tu suis le football français ? Est-ce que tu as prévu de construire un stade de Ligue 1 un jour ?Je regarde un petit peu le football français, notamment avec les clubs qui évoluent en Ligue des champions. Vous avez aussi des stades incroyables ! Mon préféré c’est le Vélodrome, à Marseille. Le stade Louis-II de Monaco est super cool aussi, et mon père me parle parfois de celui de Saint-Étienne parce qu’ils ont joué contre Ipswich en Coupe de l’UEFA. Je vais essayer de venir visiter des stades en France quand la situation sanitaire le permettra. Une seule fois, je suis entré dans une enceinte française, c’était à Calais. On passe tout le temps devant quand on prend le ferry pour aller en Angleterre, donc un jour on l’a visité avec ma famille. Il faudra y revenir !
Propos recueillis par Arthur Stroebele